Pour moi, Dominique Venner a donné sa vie en
sacrifice sur l’autel de la patrie, de la grande patrie française et européenne
que symbolise Notre-Dame de Paris. Ce suicide sacrificiel a aussitôt été suivi
d’un « meurtre dans la cathédrale », d’un meurtre médiatique
s’efforçant de réduire l’auteur de cet acte tragique en « essayiste
d’extrême-droite ». L’orchestration des médias officiels va faire en sorte
que, aux yeux du grand public, cet acte de résistance soit réduit à un fait
divers comparable aux suicides en public qui se multiplient, hélas, dans des
écoles et sur des lieux de travail.
Le sens véritable de l’acte de Dominique Venner
ressort très nettement au fil de la lecture des écrits qu’il a laissé sur son
site personnel, depuis le début de l’année 2013, que j’ai relu en guise
d’hommage personnel le soir même de sa disparition. Il y est question du
printemps français, de ses limites et de ses perspectives, de la façon dont
naissent les révolutions, des « glorieuses défaites » qui traversent
l’histoire européenne, de l’héritage multi-centenaire de de Machiavel -
qui « préfère sa patrie à son âme » - et du Chevalier de
Dürer qui affronte le Diable et la Mort, ce rebelle chevalier auquel
s’identifiait Dominique Venner. On y trouive également une référence à
l’engagement héroïque de Jean Bastien-Thiry, une autre à la renonciation de
Benoît XVI, « qui est « parti en beauté », une autre à l’archiduc
François-Ferdinand, qui incarne la transformation d’un malheur en manifestation
héroïque de la beauté pure.
L’acte héroïque de Dominique Venner a été préparé de
longue main et avec le plus grand soin, et il a été parfaitement exécuté, avec
une minutie et une lucidité traduisant une volonté inexorable : une seule
balle dans le revolver, un déjeuner avec des amis non mis au courant de ce qui
allait se passer. On a peine à imaginer l’extrême tension intérieure qui a
porté cet homme dont l’acte suprême a, définitivement, changé la vie en destin,
un destin hautement assumé.
L’espérance renfermée dans ce sacrifice est de
contribuer à réveiller la conscience des Français et des Européens et à centrer
leur réflexion sur le péril majeur qu’est le « grand remplacement »
des populations opéré en Europe par le mondialisme sous la forme d’une
politique d’immigration-invasion suicidaire. Péril majeur qui constitue la
menace la plus grave que l’Europe ait connue, sur ce plan, depuis les invasions
du Xe siècle, sous la triple pression des Avars, des Arabes et des
Vikings.
On peut songer au suicide sacrificiel par le feu de
Jan Palakh, dans les jours qui ont suivi l’invasion de la Tchécoslovaquie, le
21 août 1968, par les forces soviétiques du Pacte de Varsovie. Mais alors, le
peuple tchèque tout entier était parfaitement conscient de subir une agression
brutale et potentiellement mortelle, alors qu’aujourd’hui, en France et dans
une grande partie de l’Europe occidentale, les populations sont rendues
somnolentes et anesthésiées par le matraquage médiatique quotidien.
La mort de Dominique Venner est celle d’un
Kshatriya, d’un guerrier, qui reflète l’héroïsme tragique de cette caste, tel
que l’exprime l’œuvre de Julius Evola. La référence
« traditionniste » de Dominique Venner à la mémoire longue des Européens
qui trouverait son fondement chez Homère s’allie à une sourde et tenace
opposition au christianisme - un christianisme perçu essentiellement dans sa
dimension politique, comme le « ver rongeur » des vertus viriles de
la romanité antique. C’est un point sur lequel, depuis bien longtemps, je mène
un débat intérieur avec la pensée de Dominique Venner, que je respecte et
comprends, mais sans la partager. S’il est aujourd’hui un espoir de renaissance
européenne, il pourrait peut-être s’inspirer du Légendaire de Tolkien, synthèse
des traditions mythologiques de l’Europe du Nord, baignant dans la clarté du
message évangélique.
Dominique Venner sentait la nécessité de poser un
geste « nouveau et spectaculaire », et il a choisi pour ce faire un
lieu hautement symbolique : la cathédrale Notre-Dame de Paris. Un lieu qui
représentait sans doute, dans son esprit, le cœur non seulement de l’histoire
de France, mais aussi de la civilisation européenne. Ce lieu a été choisi
aussi, peut-être, du fait de l’écho qu’il donnerait à son acte à travers toute
l’Europe, du fait de la présence de nombreux touristes dans le sanctuaire. S’il
a pris le risque de profaner un lieu saint - en répandant son sang devant le
maître-autel - ce n’est sans doute pas par provocation envers les
chrétiens ; c’est néanmoins un défi lancé à une Église conciliaire qui
prône et soutient une politique d’immigration mortellement dangereuse pour le
peuple de France et pour la « fille aînée de l’Église ».
Athos.
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