Il y a encore une semaine,
j’aurais volontiers traité Charlie Hebdo
de torchon tant je prisais peu son idéologie – moindre mal – et surtout son
style alliant trop de laideur à trop de vulgarité. Mais cela, c’était avant.
Avant que la poudre ne parle en lieu et place des mots.
Quand les divergences de vision
du monde ne s’affrontent plus avec des arguments, voire de l’ironie vacharde,
mais avec des fusils d’assaut, quand on tue journalistes et caricaturistes pour
les faire taire et forcer les survivants à l’autocensure, il en va des
fondements mêmes de toute civilisation. Pas de la nôtre, de toutes, car on n’a
jamais rien bâti sur la subversion armée.
Ajoutons que l’émotion ne suffit
pas. Si l’on regarde les vidéos que nos télévisions ne présentent plus mais que
l’on trouve partout sur Internet, si l’on médite les témoignages, les faits
s’imposent : nous sommes en face d’un acte de guerre perpétré par des
professionnels ou du moins par des gens ayant reçu une solide formation militaire.
Si c’est celle que fournissent les cadres de l’E.I., elle signifie non
seulement une bonne connaissance du maniement des armes mais aussi des
techniques de renseignement, de tactique et de préparation des actions de
commando. Et qu’on ne me dise pas que c’est par hasard que se multiplient des
actions meurtrières juste après les appels de l’État Islamique à ce que l’on
pourrait appeler le bricolage terroriste des amateurs. Que ces appels aient
retenti d’abord dans des cervelles fêlées, peut-être, mais c’était sans doute
le but recherché ; et là, à Charlie Hebdo, nous n’avons plus affaire à du
bricolage.
J’invite à lire l’analyse de Jean
Michel Vernochet parue sur le réseau Voltaire sous le titre « Le
wahhabisme est-il musulman ? », entretien qui démontre clairement
combien ce littéralisme se démarque de l’islam historique et surtout combien ce
qui aurait pu rester une interprétation marginale et intellectuellement très
pauvre a été instrumenté dans le grand jeu géopolitique depuis le XIXe siècle.
Cette analyse coupe net les « amalgames » que redoutent tant nos
propres idéologues et permet de rester lucide au lieu de se cacher la tête dans
le sable. Les salafistes de l’E.I. nous ont déclaré la guerre ? Dont acte.
Défendons nous et de préférence soyons vainqueurs.
Je ne défendrai pas plus
aujourd’hui qu’hier l’idéologie de Charlie
Hebdo mais face à la brutalité terroriste, aujourd’hui, je suis
Charlie !
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