Je viens de
l’apprendre : Louis Dalmas est mort ce dimanche matin, à l’heure où je
rentrais d’une longue balade nocturne dans Paris, à pied, avec quelques amis.
Nous avions vu le jour se lever depuis les escaliers du Sacré-Cœur, tandis que
les maigres bêtes de la nuit s’agitaient à nos pieds et que s’entassaient les
canettes de bière vide des noceurs que nous remplacions.
J’avais
rencontré Louis grâce à sœur Iéléna qui m’avait fait lire Balkans-Infos presque à sa création, lorsque la guerre de Bosnie
puis les bombardements de la Serbie par l’OTAN nous confrontaient au couple
démoniaque désinformation-propagande avec une intensité que nous n’avions même
pas connue en France lors de la guerre d’Algérie où, pourtant, la censure s’en
était donné à cœur joie. Et j’avais apprécié que se réunissent des hommes de
vérité venus de tous les horizons politiques, simplement écœurés par
l’orchestration de la presse française, afin de rétablir les faits et
l’équilibre de l’information. Quand je dis tous les horizons, Louis, ancien
résistant (de la première heure et non de la dernière), ancien trotskyste, accueillait dans le comité
de rédaction le chantre de la Sainte Russie qu’était Vladimir Volkoff. Les
autres s’étageaient entre ces deux pôles et cet éventail ne s’est jamais
refermé. J’ai rejoint plus tardivement l’équipe de rédaction : sur les
Balkans, j’avais plus à apprendre qu’à dire ; je n’y ai trouvé ma place
qu’en 2004, lorsque le journal s’est ouvert aux questions géopolitiques plus
globales.
D’autres, qui
l’ont connu plus tôt, lorsqu’il dirigeait une agence de photographies de
presse, retraceront mieux que moi sa vie et sa carrière. Aujourd’hui, je perds
plus qu’un directeur de publication qui, à 94 ans, nous communiquait lucidité,
enthousiasme et énergie, je perds un ami. On me pardonnera de ne pas faire une
nécro selon les règles de l’art. La vigueur et la clarté d’esprit de cet homme
qui recommençait une vie de journaliste alors qu’il était en retraite depuis
plus de vingt ans, simplement parce que l’honneur, la justice et la vérité
l’exigeaient, m’ont d’emblée scotchée, comme disent les jeunes. Sans parler de
son humour, qui faisait mouche presque à tout coup. Nous avons eu des
désaccords ; ils se sont toujours réglés dans le respect mutuel et le
respect du pluralisme de B.I. C’est devenu tellement rare dans la presse
française qu’il fallait le souligner. Bref, Louis était un vrai patron de
presse, de la vieille école qui n’était pas si mauvaise.
1 comment:
Peut-être est-ce une chance, une trêve pour cet homme que je ne connais pas, mais qui semblait se battre contre la désinformation otanesque, un prêt-à-penser qu’on nous impose de plus en plus sous peine d’être «bannis».
Heureusement, je vois de-ci de-là d’autres Lucifer oser sortir de l’ombre.
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