Wednesday, August 13, 2014

Une recherche sur l’amiral Byrd et l’Antarctique.



Ce texte de 2003 faisait partie d’une correspondance échangée avec un ami dont j’avais suivi les cours à la Sorbonne et que je retrouvais dans le cadre du Centre Européen des Mythes et Légendes. Il était resté sur un CD de sauvegarde, oublié… A le relire, il me semble s’inscrire dans les préoccupations de ce blog.

L’ensemble des papiers de Byrd a été donné par la famille à l’université de l’Ohio. La liste est disponible sur la toile mais il y a beaucoup de choses qui n’intéressent que les historiens stricto sensu. Dans tout cela, le plus intéressant, ce sont les cartes et, s’il y en a, des relevés géomagnétiques (c’est enregistré en bloc comme « relevés scientifiques »). Il serait intéressant de comparer point par point les cartes de Byrd à celles des atlas récents — et surtout aux impossibles portulans du XVe siècle ! Il serait encore plus intéressant de regarder les données géomagnétiques et d’établir des comparaisons avec les données plus récentes, de faire un diagramme du déplacement des pôles. En dehors de ce site et de quelques panégyriques ennuyeux, on trouve évidemment tout ce qui tourne autour du mythe de la terre creuse, les grands délirants et les grands sceptiques se partageant le domaine, comme de juste. Les grands délirants font d’ailleurs sans le savoir, puisqu’ils y croient au premier degré, de l’excellente mythopoièse. Tout y est, les gnomes et les Elfes, les étoiles et les souterrains, les vaisseaux de lumière et les cités de cristal… Je suis tombée toutefois sur un site assez intéressant, celui de Dennis Crenshaw, The Hollow Earth Insider. Il veut croire à la terre creuse et aux mondes souterrains mais aussi éliminer les contes pour présenter un dossier solide. Il en ressort que 1, le voyage allégué de Byrd en février 1947 vers le pôle nord, mentionné pour la première fois par Giannini en 1959, n’a jamais eu lieu (il préparait alors l’expédition vers le pôle sud) ; 2, le texte qui circule depuis les années 70 sous le titre « Journal perdu de l’amiral Byrd », est un faux grossier. Il a été publié par un groupe nommé The Society for a Complete Earth fondé par un Amérindien, le capitaine Tawani Wakawa Shush, au fin fond du Missouri et ce texte reprend pratiquement sans changement les dialogues du film de 1937, Horizons perdus. Mais on relève plusieurs choses importantes autour de ces faux. 
 
Giannini ne croyait pas à la terre creuse mais à un corps fusoïde tel qu’il n’existe pas de solution de continuité entre la Terre et les autres planètes du système solaire. Il avait reçu cette révélation lors d’une randonnée dans une forêt de Nouvelle Angleterre, sous une forme visionnaire. Il semble avoir interprété de travers, ou plus exactement à travers l’inculture crasse de l’Américain moyen, une vision relativiste de l’univers — mais il aurait confondu la courbure de l’espace-temps avec une surface solide. A moins qu’il n’ait vu les lignes de force magnétiques du système solaire, vent solaire et Terre d’énergie. L’intéressant, c’est le lieu où se passe cette révélation : dans les forêts où Algonquins et Iroquois allaient chercher des visions de connaissance. Les Iroquois en particulier recevaient des arbres les visions et les grands rêves qui leur permettaient ensuite d’opérer des guérisons. Ils devaient alors tailler dans l’écorce d’un arbre vif, sans le faire périr, le masque de l’entité qui les avait enseignés, puis recevoir, toujours en vision, une danse et un chant de guérison. Après seulement venait l’apprentissage humain des autres danses et des autres chants. Giannini était un Blanc dont les actuels « chamans » se nommaient Einstein, Bose, Oppenheimer, etc. : il a reçu une vision adaptée aux problèmes des Blancs. S’il l’a compris de travers, ce n’est pas la faute des arbres qui, semble-t-il, l’ont retransmise. Ce Giannini a écrit en 1959 un livre intitulé Worlds beyond the Poles : Physical continuity of the Universe ; il affirme que ce titre lui vient d’une phrase de Byrd : « J’aimerais voir ce territoire au delà du pôle. La zone au delà du pôle est le centre du grand inconnu. » Problème. Sous la plume de Byrd, tout ce qu’on trouve qui ressemble à cette phrase, c’est un article du National Geographic Magazine d’octobre 1947 intitulé « Notre marine explore l’Antarctique » dans lequel Byrd parle à plusieurs reprises du « mystérieux territoire au delà du pôle ». 
 
Quant à la Société pour une Terre Complète (à tous les sens du terme, c’est très ambigu), elle reprend comme emblème celui de la Thule Gesellschaft et situe dans le monde intérieur, via le pseudo-journal de Byrd, une super-race aux cheveux blonds et aux yeux bleus, les Arianni, qui vivraient dans une cité de cristal… Outre que je ne serais pas rassurée de vivre dans des immeubles de cristal dont il faudrait éloigner toute musique, tout chant et même tout cri qui risquerait d’atteindre la fréquence de résonance et de tout briser, je trouve un peu bizarre cette référence aux Aryens blonds de la part d’un Amérindien du Missouri, probablement sioux. Je crois que, dans cette histoire, tout se passe dans le monde du Rêve et du symbole. Ou en terre de Gorre… mais aussi que, contrairement aux actuels délirants du Web, Tawani Wakawa Shush savait très bien ce qu’il faisait et qu’il reprenait les thèmes volkisch germaniques en connaissance de cause. Je précise d’ailleurs bien volkisch et pas forcément nazis. Cela ressemble encore à une tentative amérindienne pour fournir aux Blancs présents sur le territoire américain des mythes qui leur ressemblent.

Reste que les missions de Byrd ont tout de même été en partie couvertes par le secret militaire, comme d’ailleurs la mission allemande de 1938, celle du Schwabenland. Crenshaw fait remarquer à ce propos deux choses intéressantes. L’expédition américaine de 1939 était officiellement un prolongement de la doctrine Monroe, s’assurer de la partie de l’Antarctique qui fait directement suite à la Terre de feu, une riposte à l’expédition allemande — pourtant cette expédition ne s’est jamais préoccupée de ce que faisaient les Allemands, Byrd n’a même pas essayé de les espionner. Pourquoi ? Deuxième problème : le croiseur des neiges, le véhicule énorme, suréquipé, qui devait permettre à Byrd d’atteindre le pôle. Il débarque, il roule sur 1,6 km et — silence radio. Plus personne n’en parle et le pôle est atteint par les petits véhicules. La version officielle (?) reprise par je ne sais plus quel auteur de SF, c’est qu’il n’a pas pu rouler à cause d’un problème de lubrifiant, de carburant ou de circuit de refroidissement du moteur qui ne tenait pas les grands froids. Un doigt dans le nez et le derrière qui se tortille : « L’ingénieur, il avait pas prévu… » On se moque de qui ? Je pense pour ma part qu’il y avait deux expéditions en une et que le pôle qui intéressait le croiseur des neiges n’était pas le point géographique mais le point magnétique, pour des mesures dont la presse n’avait pas à connaître.

Je ne crois pas à la terre creuse. Cela ne colle pas avec les mesures géophysiques et encore moins avec les photos satellites. Par contre, il se passe aux alentours des pôles magnétiques des choses tout à fait singulières. Avant de les aborder, quelques remarques s’imposent. Primo, la physique quantique date de 1904, la relativité de 1905, le radar de 1900, la mécanique ondulatoire de 1924, la première tentative d’unification théorique de l’électromagnétisme et de la gravitation par Kaluza et Klein de 1921-26. Donc déjà en 1938, on était capable de penser antigravitation, interactions électromagnétiques sur l’espace-temps, etc. Voir la Philadelphia Experiment qui va suivre et sur laquelle tant de bêtises furent dites. A ce propos, la Navy est un arracheur de dents — pour la qualité des mensonges, évidemment. Ils ont fini par avouer du bout des lèvres qu’il y avait bien eu des expériences en 1942-43 mais qu’elles portaient seulement sur l’invisibilité radar, la furtivité, et qu’elles furent abandonnées à cause de mauvais résultats. C’est vrai — sauf les omissions qui en font un mensonge bien rond, bien chaud, bien fumant, à rallonger de 5 km le nez de Pinocchio. La seule façon d’obtenir la furtivité radar dans l’eau, c’est de disperser les ondes incidentes de manière à ce qu’elles ne reviennent pas sur le récepteur, donc de créer un champ électromagnétique bien calculé autour du navire, assez intense pour aller assez loin et que l’ennemi ne reçoive plus que l’écho habituel des vagues. Il semble que ces champs ont eu des effets secondaires tout à fait imprévus mais pleins d’enseignement pour les génies qui travaillaient alors pour la Navy avant de rejoindre le projet Manhattan. En particulier pour Rosen, l’assistant d’Einstein à l’époque. Un drôle de personnage qui pourrait fort bien avoir vendu lui-même la mèche sous le masque du fameux Carlos Allende qui lui ressemble plus qu’au matelot Allen. En 1947, les leçons de ces expériences avaient été tirées. 
 
Secundo, en 1947 encore, on a la fameuse recrudescence d’observations de phénomènes insolites — ceux que les journalistes vont appeler « soucoupes volantes ». Or chaque fois qu’on a pu faire des mesures lors d’une observation ou après, on s’est aperçu que les principaux effets des OVNI sont d’ordre électromagnétique. La toute première étude des OVNI réalisée par l’US Air Force, le fameux projet Sign, prenait le problème à la hussarde : nous savons que ce n’est pas nous ; donc, c’est les Russes ou les Martiens ? La réponse fut plus mitigée que ne l’auraient voulu les hauts gradés du Pentagone : ce n’est pas les Russes, mais ça ne ressemble pas non plus à des vaisseaux capables de traverser l’espace. Pas nous, pas les Russes, pas les Martiens ? Diantre ! Voilà qui nécessite une étude poussée, donc secrète, et de faire retomber l’intérêt du public. Ce dernier point étant un défi impossible et les étranges lumières ne faisant pas exploser prématurément les bombes H dans leurs silos douillets, les mêmes gradés ont fini par aider à construire un légendaire extraterrestre1 pour servir de couverture à leurs essais secrets, quitte à faire voler des drones munis de projecteurs colorés au dessus de l’area 51 pour détourner l’attention des F117 et autres B2 — mais sans cautionner ce mythe, bien sûr, d’où le rapport Condon et la politique systématique de démentis. Tout cet ensemble bipolaire, mythe ET manipulé + rationalisme de bon ton, n’empêche pas les étranges lumières de revenir, encore et encore, identiques à ce qu’elles furent de siècle en siècle, par vagues imprévisibles et dans certains lieux choisis où il serait plus qu’intéressant d’installer un magnétomètre à demeure. Les ufologues commençaient à dangereusement s’approcher de ces domaines réservés entre 1976 et 1979, quand les services secrets avec une touchante unanimité pour une fois ont réactivé le dipôle mythe ET (petits gris)/négation (hypothèse psychosociologique) pour casser la communauté de ces emmerdeurs de chercheurs indépendants et faire mettre au rancart le réseau de grossiers magnétomètres à beuglante qui commençait de couvrir le monde sous l’étiquette « détecteurs d’OVNI ». Le mien détectait surtout le démarrage du tracteur du voisin, mais passons… C’était l’époque héroïque !

Donc, quand on parle du pôle et de bizarreries, oublions le pôle géographique ou écliptique, l’axe du monde, le mont Analogue et la dérive périodique des constellations. Même si c’est géographiquement proche, ce n’est pas le sujet. Il faut voir la Terre comme une bulle d’énergie, oublier la matière solide, oublier la localisation dans l’univers pour ressentir la danse de son champ magnétique. La perception du pôle se transforme radicalement. Ce n’est plus l’axe de rectitude autour duquel tourne la planète, mais les points de tension, complémentaires et antagonistes comme aurait dit Lupasco, qui ordonnent le chaos. Yin et Yang, ou du moins l’une de leurs expressions. Au nord, le pôle ne cesse de danser, quotidiennement autour de sa position moyenne, en dessinant une ellipse qui peut s’éloigner de 80 km du point idéal (il y a même parfois plusieurs pôles nord actifs sur cette ellipse) et séculairement par une lente dérive qui, de manière étonnante, le rapproche aujourd’hui du pôle géographique mais le long d’une sorte de spirale vers l’ouest. Au sud, il semble que ce soit plus ramassé, plus ponctuel, mais je n’ai pas encore trouvé de données précises. De plus ces pôles réels ne sont pas aux antipodes l’un de l’autre, il n’y a pas d’axe passant par le centre de la Terre. Pour simplifier le calcul, on utilise parfois des points moyens fictifs et un axe dont l’angle avec l’axe géographique est de 11°5, et c’est ce qu’on voit sur certaines cartes, mais l’aiguille de la boussole les ignore ! Enfin, le champ est plus intense au sud qu’au nord et de plus il varie avec les cycles diurne, saisonnier, sans doute aussi avec la Grande Année. Ces pôles ne sont que l’une des composantes du champ total, l’autre est un octopôle, donc un champ tournant ou pulsant, comme une sorte de cœur énergétique profond de la Terre. Un vortex naturel, permanent dans son impermanence. Enfin, certaines publications sur le web, celles d’Annick Chauvin de Géosciences Rennes, mise à jour 22 septembre 2003, évoquent la mise en évidence de « plusieurs secousses rapides dans l’évolution temporelle du champ magnétique » dont l’origine est interne (cela s’agite dans le magma).

Je cite encore Annick Chauvin : « Il paraît acquis que le champ magnétique existe à la surface de la terre depuis au moins 3,5 milliards d’années. » Or les premières traces de vie, les bactéries bleues unicellulaires apparaissent entre 3,8 et 3,4 milliards d’années. Et d’autres études montrent que le vivant, sans parler du cerveau, est extraordinairement sensible aux variations du magnétisme. Ce qui, entre parenthèses, pourrait amener un jour à réhabiliter Mesmer, mais passons.

Il faut vraiment voir la Terre d’énergie comme une danse, en perpétuel mouvement et transformation. Les pôles magnétiques se déplacent de 40 km par an environ en ce qui concerne le mouvement séculaire et de manière irrégulière, beaucoup plus lente, le dipôle s’affaiblit, l’octopôle prend le relais, puis les polarités s’inversent, le nord devient le sud et réciproquement. C’est comme une fleur qui s’ouvre avant de redonner un fruit. Et là, il n’y a plus de cycle régulier, calculable, mais une succession de « vagues » imprévisibles (comme les vagues d’OVNI, mais sur des durées de plusieurs dizaines ou centaines de milliers d’années). Enfin, pour ma part, je suis persuadée qu’en faisant une bonne analyse de Fourier on trouverait des cycles derrière cette succession irrégulière mais, pour l’instant, on ne les connaît pas. Tant que ce mouvement est « rapide », de l’ordre de 10 à 100 millénaires entre les renversements, il semble favoriser la vie. Mais lorsque une stase intervient et que, sur plusieurs millions d’années, les pôles ne changent pas, la reprise du mouvement est cataclysmique. Je me suis aperçue qu’elle correspondait aux grandes solutions de continuité où de nombreuses espèces s’éteignent et où la vie repart sur d’autres bases : fin de l’ère primaire, la vie jusque là confinée au milieu aquatique redémarre mais sur la terre ferme ; fin de l’ère secondaire, des dinosaures et des plantes à spores, la vie recommence avec les mammifères et les plantes à fleur. Mais même dans les cycles courts, l’inversion semble s’accompagner d’une forme de recréation, d’une aurore de la nature. Je n’ai pas encore pu le mettre en évidence de manière irréfutable, faute de précision suffisante dans les données2.

Autre chose, essentielle. La Terre matérielle, le plancher des vaches et l’océan réunis, et même l’air respirable n’occupent qu’un tout petit espace au centre de la Terre d’énergie. En gros, le rayon de la Terre est de 6370 km ; mais pour obtenir celui de la Terre d’énergie, il faut rajouter 63 000 km environ. Au delà, le vent solaire l’emporte. Nous vivons sur un grain de poussière au cœur d’une immense rose de moins en moins matérielle et de plus en plus énergétique, plus on va vers le bord des pétales. Tout cela est très structuré, avec diverses couches — mais aussi très intense, avec des courants, des tourbillons, des foudres. Tout de même, les trois pôles, ceux de la Terre matérielle, ceux de l’écliptique ou de la Terre entre les étoiles et ceux de la Terre d’énergie sont géographiquement proches, plus resserrés au nord, plus écartés au sud pour l’instant. Et les lignes de force du champ magnétique convergent dans ces régions polaires et plongent vers le centre de la planète.

Que se passe-t-il lors du renversement des pôles magnétiques ? Le dipôle s’affaiblit, il reste un champ octopolaire et donc pulsant. On connaît partiellement les effets d’un tel champ sur le vivant et surtout sur le cerveau. On sait que cela favorise des états à la fois visionnaires et hyperlucides. On connaît moins les effets sur le climat, sur les séismes, sur les volcans, sur l’ionosphère et les ceintures de van Allen protectrices de la vie, sur la couche d’ozone et autres composantes de la chimie de la haute atmosphère, etc. Mais on sait que taquiner le champ magnétique terrestre a des effets à tous ces niveaux.

Officiellement depuis les années 50, les militaires américains et russes se sont intéressés à ces questions, chacun à leur manière. Les Américains, comme d’hab, ont travaillé avec la grosse artillerie, à savoir la Bombe ; les Russes, comme d’hab aussi, ont travaillé avec les ondes et les mathématiques de pointe — le régime soviétique n’avait rien changé à leur génie profond. Les Américains aiment vaincre sans péril et si possible s’attaquer à plus faible qu’eux ou, du moins, affaiblir considérablement l’adversaire à distance avant de l’affronter directement. Leur stratégie a toujours été la préparation par un déluge de feu, cela commence avec l’artillerie de la guerre de Sécession et culmine avec la bombe d’Hiroshima. On en a vu encore quelques exemples récents. Donc les questions qu’ils se posent et depuis longtemps, c’est comment utiliser la Terre d’énergie pour (liste non exhaustive) :
  • Paralyser les moyens énergétiques, les capacités de guidage et de repérage de l’adversaire, sa radio puis son électronique (guerre électromagnétique)
  • Détruire ses moyens de subsistance et affaiblir à la fois ses capacités et son moral (guerre climatique)
  • Détruire ses bases même souterraines et ses villes pour faire bonne mesure (guerre sismique, guerre par infra et ultrasons)
  • Détruire sa capacité de compréhension et de décision, bref abêtir sa population, la rendre infrahumaine (guerre par modulation d’ondes)
Les Russes, eux, ont surtout travaillé dans l’idée de prendre secrètement la maîtrise des climats, des psychismes, etc., d’en retourner la puissance à leur profit plutôt que de tout casser. En l’analysant à la chinoise, on pourrait dire que les Américains font du karaté basique, yang contre yang ; au mieux, mais c’est rare, de l’aïkido, yang contre yin ; alors que les Russes pratiquent le judo et le tai ji, yin contre yin et yin contre yang. C’est un constat, pas un jugement. Sauf qu’un guerrier ou un chevalier au sens traditionnel travaille avec les deux polarités et les quatre oppositions. 
 
Mais destruction ou maîtrise secrète des climats, des cerveaux, des communications exigent de produire, moduler et diriger deux types d’ondes électromagnétiques, des micro-ondes d’une part et des ondes à extrêmement basse fréquence d’autre part (ELF en acronyme anglais, il fallait oser !). En fait, la meilleure façon de produire des ELF, c’est de bombarder l’ionosphère avec des micro-ondes et, pour cela, le meilleur emplacement, c’est d’installer l’émetteur à proximité des pôles magnétiques. Celui (avoué) des Américains, le fameux projet HAARP, se trouve en Alaska. Les Russes en avaient un vers Riga mais, depuis l’indépendance des pays baltes, il doit se trouver quelque part en Sibérie. Celui de l’Europe est en Norvège. Tous à proximité du Nord.

Revenons à l’Antarctique et à ses énigmes. Que cherchait-on vers le pôle sud en 1938-39 alors que la guerre était proche et que les gens bien informés la sentaient venir ? Plusieurs aspects3 font de la seconde guerre mondiale un événement singulier. Tout d’abord, l’accent mis sur la science et sur la recherche d’une arme absolue qui soit une forme de foudre, de feu purificateur. Avant que cela ne culmine dans la bombe atomique, il y aura eu les fusées de von Braun et le napalm. Les seul précurseurs historiques, ce sont les miroirs d’Archimède, le feu grégeois et la poudre à canon. C’est la thématique du déluge de feu, tel que le pressentaient les occultistes de toute obédience depuis 1860 environ. Et puis, toujours dans la course scientifique, l’accent mis sur les ondes : radar pour la détection, radio pour la communication.
C’est étrange, d’ailleurs, si l’on regarde le XXe siècle en son ensemble. 14-18, c’est la terre, la boue des tranchées, la guerre immobile, la thématique du Golem. 39-45, c’est le feu, le mouvement rapide, les foudres venant du ciel avec Hiroshima comme point d’orgue. Le Vietnam, c’est l’eau et le végétal, avec l’agent orange et d’autres diableries du même ordre. La guerre du Golfe de 1991 ainsi que les Balkans, c’est l’air, l’avion furtif à 7000 pieds, les frappes guidées par laser, la première mise en œuvre d’obstacles climatiques (on ne l’a pas dit publiquement, mais c’était lisible sur les cartes météo). Et depuis 2001, c’est l’information et tout ce qui concerne les ondes, l’électronique, etc. : on peut le voir comme une forme de quintessence. Alchimiquement, l’étape suivante devrait voir un retour à l’élément terre pour un nouveau tour de roue, peut-être par un conflit sismique4
 
Il y a deux problèmes distincts dans l’Antarctique. Le premier, c’est sa position polaire et le fait que le pôle magnétique sud ne se comporte pas exactement, semble-t-il, comme son homologue du nord. Le second, c’est le continent sous la glace, un continent qui, du fait de la dérive, n’a pas toujours été le support de la banquise. A mon avis, il est polaire depuis trop longtemps pour qu’on y trouve des traces humaines — mais d’éventuelles traces ET, car le mythe fabriqué n’empêche pas la vie ailleurs dans l’univers, pourquoi pas ? D’autre part, si quelque chose de type « porte des étoiles » devait voir le jour, un continent en position polaire du point de vue magnétique serait sans doute le meilleur endroit où l’installer.

De Barjavel à la série Star Gate en passant par Edgar Poe, toute la mythopoièse moderne tend à faire de l’Antarctique le conservatoire des énigmes oubliées, comme l’Australie semble le conservatoire des espèces ailleurs éteintes. Deux mémoires, celle de la Terre et celle de l’interface avec l’Ailleurs magique. Je ne sais pas si l’on trouvera sous les glaces une trace de dieux oubliés — pour tout dire, je suis sceptique car que je crois que ces dieux oubliés sont dans les étoiles (Céphée et Cassiopée) et qu’il s’agit d’abord d’influences, de puissances relayées par les lignes de force du cosmos — mais autre chose est à prendre en compte : le cerveau semble ne pas se comporter exactement de la même manière selon qu’il est proche d’un pôle ou d’un autre. Si une inversion a lieu, le moteur d’une civilisation future et peut-être de l’envol vers les étoiles se trouvera sans doute dans l’hémisphère sud. Auquel cas le Chili, l’Argentine, l’Australie, la Nouvelle Zélande et l’Afrique du Sud se trouveraient en bonne posture. Même si la prochaine inversion prend encore un millénaire ou deux ou dix, personne ne le sait.

1 Même au cas où de vrais ET seraient en cause, il y a peu de chances qu’ils ressemblent au portrait qu’on a fait d’eux, successivement en grands frères de l’espace venus nous sauver de la bombe atomique puis en affreux petits gris mutilant le bétail et enlevant les humains avec l’accord du gouvernement.
2 Appel à mes lecteurs biologistes ou mathématiciens…
3 En dehors du conflit idéologique auquel on trouverait aisément des ancêtres.
4 J’ai écrit ces lignes en 2003. Nous y sommes. Les derniers conflits, en particulier au Mali, en Centrafrique, en Ukraine, mettent des fantassins en première ligne. Mais au lieu de la boue, c’est le sable du désert ou le béton des villes.

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