Wednesday, August 13, 2014

Réflexions sur la soucoupe volante 2



Celui-ci, je le concocte à partir de plusieurs pièces et morceaux retrouvés sur le même CD de 2003 ou 2004.
Je me suis fait avoir exactement comme Jacques Vallée avec la machine de Turing. Quand il a fait ses études et commencé à aborder l’informatique, c’était encore l’époque héroïque des cartes perforées et la version officielle, répercutée par l’université, voulait que Turing n’ait fait que des expériences sur le papier. Il a fallu attendre le bouquin d’Anthony Cave Brown, Bodygard of lies (La guerre secrète : le rempart des mensonges), en 1975 pour entendre parler d’Enigma et apprendre que Turing avait mis en pratique ses théories sur l’information. Le document confidentiel qui a circulé en 77 sur les essais russes de 76 ne parlait pas de tentatives antérieures. J’ai cru, Chauvin a cru, Michel a cru, Guérin a cru, sans doute Vallée aussi, sans parler de Marie Thérèse de Brosses et de Meessen, etc., etc., que c’était le premier essai en vraie grandeur, même si les Russes avaient du passer quelques années auparavant à déchiffrer les notes assez sibyllines laissées par Tesla et tâché d’élaborer une théorie fiable. Je me souviens même d’une lettre d’Aimé Michel où il me faisait part de ses doutes, affirmant que les Russes avaient 10 ans de retard sur les Américains et qu’il ne les croyait donc pas capables de manipuler les climats comme l’affirmait le document. Il a fallu la fin du régime communiste et l’ouverture des archives du KGB pour que quelqu’un mette dernièrement sur Internet un historique de ces recherches montrant que les premiers essais dataient des années 50, ce qui rendaient plus crédibles des résultats même non maîtrisés vingt ans plus tard. Cela fait partie des choses que j’ai récupérées ces derniers mois. A partir de là, je me suis demandé ce qui était vraiment nécessaire pour « fabriquer » une SV modèle standard, puis modèle élaboré jusqu’à la RR3 ou 4, un machin susceptible d’engendrer le schéma d’enlèvement de Betty et Barney Hill, donc quelque chose qui puisse non seulement catapulter en l’air un disque argenté ou lumineux mais surtout avoir des effets électromagnétiques puissants en dehors des labos, agir sur le cerveau, etc.  Plus les outils de calcul et de modélisation. Et c’est là que… ô horreur… mais dès la fin de la guerre, peut-être même avant…
Un exemple. Je me suis intéressée très fortement dès mes premières années de fac au rêve nocturne et à ses prolongements dans le psychisme à l’état de veille. J’ai toujours appris en ce domaine que les premières découvertes sur le sommeil paradoxal venaient de travaux réalisés dans les années 50 par Kleitman et Dement aux USA et Jouvet en France à partir de l’électroencéphalogramme, technique toute nouvelle, blabla, patin, couffin. C’est dans tous les manuels universitaires de la fin des années 60 (et j’ai passé mon bac en 65, donc…), sauf qu’aujourd’hui on remonte la date de découverte de l’EEG à 1929, Berger, Allemagne. Mais à partir du moment où on possède l’EEG en 1929, on peut découvrir les rythmes cérébraux de la veille et du sommeil bien avant les années 50. On sait donc au moins en gros quelle gamme de fréquences utiliser pour agir sur les cerveaux en modulant des ondes électromagnétiques à partir d’un champ pulsant, champ qu’on sait obtenir depuis qu’on connaît la bobine à induction (Ruhmkorff 1851). Kleitman et Dement auraient du y penser lors de leurs recherches sur le sommeil et le rêve — ils en ont fait subir d’autres à leurs cobayes volontaires, et de plus dangereuses ! — ils n’y ont pas touché, du moins officiellement. Pourquoi ? A-t-on utilisé la découverte de Berger avant les recherches américaines des années 50 ? A-t-on cherché à en tirer des techniques de manipulation mentale ?
Le problème, c’est que les recherches militaires ou des services secrets échappent totalement au jeu normal de la recherche scientifique. Il n’y a pas d’évaluation par les pairs, pas de débat théorique, pas de reprise des expériences par des labos indépendants, bref aucun des outils nécessaires à l’élaboration d’une vision cohérente du réel. C’est normal : ils s’en foutent. Tout ce qu’ils veulent, ce sont des armes, des recettes de destruction ou d’asservissement qu’on puisse cacher à l’adversaire, des savoir-faire et non des savoirs. En France, quand un universitaire s’inquiète, comme on le respecte encore un peu, on lui fait faire une visite de lieux bien proprets où il ne se passe rien. Il va donc répercuter aux chers collègues, à ses assistants et ses étudiants des propos lénifiants. Aux USA et en Angleterre, on lui brandit sous le nez la loi sur le secret défense et, de toute manière, on le considère comme un tâcheron remplaçable. Ce qui m’a frappée et profondément choquée dans le scandale qui entoure le suicide du Dr Kelly, c’est le mépris des politiques et des militaires pour les hommes de science. Des guignols comme le directeur de l’office de presse du ministère anglais de la défense, interrogés dans le cadre de l’enquête Hutton, traitent Kelly de « fonctionnaire relativement subalterne ». Bon sang, entre le background de journaliste ou de publicitaire qu’il faut pour diriger un office de presse et les études et travaux nécessaires pour former un expert mondialement reconnu des armes biologiques et chimiques, y a pourtant pas photo !
Aucun scientifique ne détient la science infuse. Mais il faut tenir compte de deux faits dont le premier est incontournable quel que soit le régime politique : 1, la somme des connaissances humaines est telle aujourd’hui qu’elle dépasse les capacités d’apprentissage et d’analyse d’un cerveau individuel ; 2, la recherche coûte cher et, désormais, les chercheurs à de très rares exceptions près ne travaillent plus grâce à leur fortune personnelle mais sur des fonds publics ou grâce à des fondations. Conséquences : 1, il n’y a pratiquement plus de généralistes de la science, il faut se spécialiser et cela ne fait guère que 10 ans qu’on commence à reconnaître les bienfaits du travail transdisciplinaire ; 2, les recherches font l’objet de contrats assez cadrés avec soit une autorité de tutelle, soit une fondation, soit une branche industrielle ; en d’autres termes, ceux qui payent décident et décident en particulier de ce qui sera publié, dans quel support et quand. Si tu mets ensemble l’intérêt économique, la lourdeur bureaucratique et le secret défense…
Un autre effet pervers, c’est le fossé qui se creuse de plus en plus entre les chercheurs confinés dans leurs laboratoires et le reste du peuple. Ce fossé, c’est la mort de la démocratie, car il ne peut y avoir de démocratie réelle que si chaque citoyen est suffisamment informé — il n’y en a plus si on distingue une France d’en haut et une France d’en bas. Et le pire, c’est que dès que tu sors un chercheur de sa spécialité, il se retrouve dans la France d’en bas, avec les mêmes ignorances et les mêmes doutes que tout un chacun. Or ce fossé vient largement du manque de vulgarisation correcte. On ne trouve pratiquement pas de manuels de base, dans aucune discipline. Il y a un hiatus immense aujourd’hui entre les ouvrages de vulgarisation conçus en général pour des enfants de 12 ans et à partir desquels il est impossible d’aller plus loin, et les articles ou études spécialisés, pointus, écrits pour ceux qui ont déjà les bases et un peu plus. Et les bases, on les trouve où ? Uniquement dans les cours de Deug, à condition de pouvoir les suivre.
Mais revenons à nos coquecigrues.
Il y a quelque chose de démentiel dans la soucoupe, c’est que tout pourrait être un montage scientifique des petits génies ressortis du projet Manhattan, des gens de Princeton ou du MIT et des récupérés de Peenemünde, tout depuis Arnold en tout cas. L’autre jour, pour tout autre chose, je vérifiais sur le Quid les dates de certaines inventions touchant à l’électromagnétisme et à l’informatique. Je me suis aperçue qu’elles remontaient toutes plus haut que je ne le pensais, toutes aux années 30 et 40 en fait et que donc les militaires américains auraient pu jouer à la soucoupe depuis le début de la guerre froide. Douche de la même température sur mes neurones. On a pu nous mentir par omission sur beaucoup de choses, sur des observations classées comme OVNI et qui relevaient d’expériences secrètes, même des cas classiques. On a pu construire en 1952 l’HET comme une couverture commode. Tout est possible dès le départ, alors que je croyais que ce cirque n’avait débuté qu’en 76. Sauf que le phénomène d’aujourd’hui ressemble à ceux des époques non industrielles où les expériences militaires et la CIA n’expliquent rien, sauf aussi que certains phénomènes connexes nous renvoient à un jeu de balancier sur le temps que ces inventions n’expliquent pas non plus. Et voilà qui nous renvoie à la case départ ? Pas tout à fait.
Nous pouvons enfin aborder les faits en étant débarrassés de l’image a priori du vaisseau spatial instillée depuis 1952 au moins. Maintenant il va falloir nous débarrasser de la même façon de l’image a priori du folklore et du mythe. Il va falloir faire ce par quoi on aurait du commencer : des mesures ou tout au moins des estimations quantitatives. Ce qui démolit l’ufologie ou, du moins, la fait stagner et l’empêche de se constituer vraiment comme science depuis plus de 50 ans, c’est qu’on a mis le plus souvent la charrue avant les bœufs. On a cherché des hypothèses globales (HET, HPS) au lieu d’étudier patiemment et humblement ce qui pouvait l’être. A de rares exceptions près dont Vallée, Hynek, Poher, Bounias et Meessen. Leur travail n’était pas parfait ? La belle affaire ! Depuis quand un travail scientifique est-il parfait du premier coup ? Il a fallu deux siècles pour passer du phlogistique à la physique des plasmas. Et alors ? Seulement, si on n’avait pas persévéré dans la mesure et l’estimation quand le phlogistique ne permettait plus d’expliquer les faits, on n’aurait jamais abouti aux plasmas.
Oui, il faut douter, oui, il faut se poser des questions. Il faut aussi reprendre ce qu’on sait déjà pour cerner les questions à poser ensuite. Si Meessen a découvert que le flou dans les photos de la vague belge ne vient pas de l’émotion des photographes mais d’un rayonnement à une fréquence bien précise dans l’infrarouge, c’est parce qu’il est physicien et qu’il a pensé à faire des mesures et des simulations. Admettons qu’un petit futé parvienne à reconnaître un objet connu, un avion par exemple, sur une de ces photos. Cela ne signifierait pas que Meessen est un « krank », cela signifierait que l’avion en question émet des infrarouges bien précis — ce qui pourrait intéresser un espion industriel, d’ailleurs. Vallée proposait en 1966 d’étudier les photos d’OVNI certes pour éliminer les trucages mais aussi, quand trucage il n’y avait pas, pour établir des profils de luminosité et des isophotes pour savoir s’il y avait ou non objet matériel. En fait, c’est ce qu’on fait pour savoir s’il n’y a pas un montage du genre enjoliveur de roue jeté en l’air. Mais a-t-on comparé les profils obtenus ? A-t-on fait ne serait-ce qu’une étude statistique des photos non truquées ? Là je peux répondre : non, parce que pour les partisans de l’HET, ce serait du blasphème et pour les partisans purs et durs de l’HPS, ce serait inutile puisque chaque cas ne vaut que pour lui-même.  Je pense à la critique des stats de Poher par Maugé. Poher s’est planté dans le catalogue ? Fort bien. Cela invalide ses résultats ? Pas sûr, cela dépend si l’erreur est systématique ou pas. On peut avoir le même type de courbe avec 710 cas qu’avec 825. Le phénomène obéit-il aux lois de l’optique ? Maugé ne peut pas le dire mais ne peut pas le nier non plus, puisqu’il a négligé de refaire le travail, qu’il s’est contenté de le critiquer d’un point de vue méthodologique. Cela, c’est effectivement un travail démolisseur, mais pourquoi ? Parce que Maugé a remplacé un préjugé (HET) par un autre (HPS). Je l’avais assez engueulé en direct à l’époque pour pouvoir le redire.
Quand je disais que je croyais que tout avait débuté en 1976, je parlais de l’utilisation de la soucoupe volante et de la mythologie ET comme cache-pot pour les expériences militaires. Les diableries elles-mêmes, on pourrait les faire remonter à l’origine de l’homme, voir les silhouettes humaines lardées d’épieux retrouvées gravées sur certaines grottes magdaléniennes. Pour ce qui est du nucléaire, de la chimie, etc., et surtout l’électromagnétisme et l’informatique, les années 40 et 50, oui, c’est ce qu’on nous dit — mais ce qui m’a mise sur le cul l’autre jour, c’est de m’apercevoir que les principales découvertes, sauf le maser/laser et encore, remontent en fait aux années 30 et parfois aux années 20, soit dix à quinze ans avant ce qui est officiellement et officieusement raconté. Et là, ça change complètement la donne parce que des machins dont nos parents et grands-parents ne disposaient pas dans leur vie quotidienne pouvaient très bien exister déjà à quelques exemplaires chez un milliardaire comme Rockefeller ou dans les hangars des armées.

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