Tuesday, May 13, 2008

Une conférence intéressante

Mon ami Louis Dalmas, directeur de B.I. (Balkans Infos), avait donné une conférence à Genève en fin 2006 sur la question du Kosovo. Cette conférence fut enregistrée et se trouve aujourd'hui sur le site dailymotion. Pour ceux que cela peut intéresser :
http://www.dailymotion.com/relevance/search/louis%2Bdalmas/video/x4t0t1_kosovo-louis-dalmas-conference-12-2_news
http://www.dailymotion.com/relevance/search/louis%2Bdalmas/video/x4t0l0_kosovo-louis-dalmas-conference-22-2_news

Païens et chrétiens 2

Est-il un feu dans les déserts,

Est-il un feu qui nous délivre ?

Il y a quelque chose dans l’air

Qui nous désamorce de vivre !

Jean Vasca

Mircea Eliade fait remonter les débuts du désenchantement du monde aux Grecs et sans doute n’a-t-il pas tort[1]. On sait que Platon interdit sa république idéale aux poètes, c'est-à-dire à ceux qui maintiennent et enrichissent le récit mythique. Il est remarquable que ce fondateur de l’idéalisme philosophique pour qui les modèles éternels l’emportent sur le concret refuse l’imaginal mais accepte marchands et artisans dans son utopie[2]. Le commerce est même peut-être la seule activité qu’il ne règlemente pas par anticipation. Par un paradoxe assez juteux, le premier théoricien du goulag (Les Lois) et de la société totalitaire[3] serait-il aussi l’ancêtre du libéralisme économique ? Mais ce paradoxe ne devrait pas nous étonner car c’est celui de notre société post-moderne où les gardiens (autoproclamés) de la pensée unique et du politiquement correct sont aussi les défenseurs de la mondialisation. C’est encore Platon qui donne au terme mythos le sens de récit mensonger et l’oppose au logos ou discours de raison[4], précurseur ainsi d’un Fontenelle ou d’un Diderot, si ce n’est du positivisme. C’est le premier désenchanteur.

Nous devons toutefois faire la peau d’une autre idée reçue. Quand il s’oppose à la mythopoièse, Platon n’annonce en rien la démarche scientifique. Sa maïeutique (rappelons que le terme signifie accouchement) n’est pas une véritable interrogation de l’univers mais un art de convaincre et d’amener l’autre à l’acquiescement, en d’autres termes un art de propagande.

Ramenons le filet. Il contient trois gros poissons dont il serait intéressant de savoir si leur rencontre dans l’œuvre de Platon est fortuite ou si elle résulte de leur nature même :

  1. l’accent mis sur le commerce et l’activité économique en général
  2. le primat du logos sur le mythos
  3. le primat des modèles rationnels a priori sur le réel

A ces trois points s’ajoute le rôle du discours fait pour convaincre et arracher l’acquiescement donc un art du consensus[5].

Le commerce n’a certes pas attendu Platon. On trouve trace d’échanges dès le paléolithique. Ce qui m’intéresse ici n’est pas l’activité économique en elle-même mais l’intérêt que lui porte un philosophe qui, par ailleurs, prétend soumettre le réel à des modèles idéaux dont il ne serait qu’un reflet dégradé[6] et régir la société grâce à des gardiens de la pensée et des mœurs formés à l’art de convaincre comme à celui de contraindre et institués en un véritable ordre initiatique qui serait en même temps une milice.

L’influence du platonisme, encore sensible aujourd’hui comme source d’inspiration idéologique, s’est fait sentir sur toute la philosophie ultérieure. Ce n’est pas un hasard si nous possédons toute son œuvre et seulement des bribes des autres penseurs grecs de la même époque. Nous avons même, en dehors des spécialistes, du mal à comprendre le néoplatonisme des premiers siècles de notre ère comme un retour à une doctrine largement oubliée pendant quelques siècles.

En dehors même de la pensée juive ou chrétienne, ces trois premiers siècles dominés par deux écoles philosophiques et par les cultes « à mystère » c'est-à-dire initiatiques, sont des temps désenchantés. E. R. Dodds parle d’un âge d’angoisse[7]. Ce qui frappe qui se penche sur les écrits de cette époque, c’est leur tonalité très moderne. La petitesse de la Terre par rapport au cosmos, déjà clairement exprimée par les savants hellénistiques, entraîne chez Sénèque, Celse ou l’empereur Marc Aurèle le sentiment du néant de l’être humain. Mais c’est déjà dans Les Lois : « Hommes et femmes ne sont que des marionnettes et ne possèdent en eux-mêmes qu’une petite part de réalité », écrit Platon[8]. Un siècle plus tard, Bion de Borysthènes[9] fait déjà du hasard le régulateur de l’univers. De nombreux auteurs soulignent le caractère onirique ou théâtral de l’existence humaine, l’irréalité du monde sensible et donc élaborent la première philosophie de l’absurde.

Quand E. R. Dodds s’interroge sur le débat entre païens et chrétiens (pp.119-154), il ne cite du côté païen que des philosophes et de Celse dont la pensée relève d’abord de la philosophie politique. « Ce qui étonnait tous les premiers observateurs païens, Lucien et Galien, Celse et Marc Aurèle, était la confiance totale que les chrétiens faisaient à des propositions non démontrées, leur disponibilité à mourir pour l’indémontrable. Pour un observateur relativement bienveillant comme Galien, les chrétiens possèdent trois des quatre vertus cardinales : ils montrent du courage, de la maîtrise de soi et de la justice, mais ce dont ils manquent, c’est de la phronèsis, l’insight intellectuel, la base rationnelle des trois autres. » (pp.137-8) En d’autres termes, le « paganisme » qui s’oppose frontalement au christianisme n’est pas le culte polyphonique de l’antiquité profonde mais un rationalisme théiste, version gréco-latine du vedanta hindou. Ajoutons que la phronèsis relève de la raison pratique et non de la raison pure. Aristote la définit comme la faculté de choisir le « juste milieu » dans des circonstances changeantes et en partie imprévisibles. On croirait lire un éloge contemporain de la pensée ou de la religion modérée. Bailly traduit par intelligence raisonnable : c’est le bon sens opposé à la folie, la prudence opposée à l’hubris.

En d’autres termes, le « paganisme » qui s’oppose au christianisme en ces premiers siècles de notre ère et de l’empire romain[10] s’accommode fort bien d’un monde désenchanté. Dodds remarque d’ailleurs (p.133) qu’ « on a pu dire avec de bonnes raisons que Celse était un monothéiste plus conséquent qu’Origène. »

(à suivre)



[1] Mircea Eliade, Aspects du mythe, NRF, Paris, 1963, réed. 1971, pp.181 et sq.

[2] Il faudrait citer entièrement la République et les Lois.

[3] Y compris au sens d’Hannah Arendt puisqu’il légifère sur la vie quotidienne la plus « privée », sexualité, nourriture, éducation des enfants, etc.

[4] Voir Fonctions du mythe, dans les archives de ce blog.

[5] On n’aura pas de mal à retrouver tous ces éléments dans les écrits des grands théoriciens libéraux, de Bastiat à Mises, d’Haynes à Georges Lane ou François Guillaumat. Toutefois, ils introduisent et rendent central un élément qui n’existe pas chez Platon, à savoir le contrat. Ce faisant, sans doute ne sont-ils pas conscients de renouer avec un thème essentiel de la tradition indoeuropéenne, représenté dans la mythologie indienne par la figure de Mitra garant des serments, second visage de la souveraineté comme l’a montré Georges Dumézil. Nous y reviendrons.

[6] Thème de la caverne, thème du démiurge.

[7] E. R. Dodds, Païens et chrétiens dans un âge d’angoisse, trad. H. D. Saffrey, La Pensée sauvage, Claix, 1979.

[8] Lois 804B, 644D-E

[9] Philosophe cynique à l’humour ravageur, 335-245, dont il nous reste quelques fragments, en particuliers chez Stobée (5e siècle de notre ère).

[10] Rappelons que le Christ est contemporain d’Auguste et de Tibère.

Thursday, May 01, 2008

Païens et chrétiens


Nous avons déjà évoqué la légende de l’égalitarisme chrétien, lequel interdirait l’amour kénotique. A la limite, si j’élève l’autre, ce n’est pas à mon niveau mais au dessus de moi. C’est ce que signifie l’humilité, terme qui dérive du latin humus, terre féconde. Il s’agit de toucher terre, à tous les sens du terme, non pour l’écrasement mais pour un ressourcement comme l’exprimait déjà le mythe d’Antée. La grande métanie monastique, cette prosternation front contre terre devant l’autre, réplique un très ancien rite du sujet égyptien devant Pharaon. D’où vient ce geste ? On pourrait songer aux rites de soumission qui désarment l’agressivité animale mais l’animal se rend vulnérable, offre gorge et ventre à la morsure, se met à la merci du dominant. A rebours, le prosterné n’expose que son dos, partie la moins vulnérable de son corps et cache au roi tout ce qui humanise : le visage, les mains, le sexe. Il se présente comme terre plutôt que comme autre. En le relevant, sinon le rite n’a plus de sens, le roi – ou le roi virtuel qu’est le moine devant qui s’humilie son frère – le découvre et le confirme dans son humanité, son altérité. Notons que le sens se perd aussi lorsque on le remplace par l’agenouillement qui hiérarchise la taille respective des protagonistes, coupe les jambes et interdit la démarche. La plus grosse bêtise de Marie de Médicis fut d’imposer cette posture aux membres du Parlement. C’est façon d’humilier l’autre, de le faire rentrer en terre en se tenant devant lui, seul debout ou dans le confort du fauteuil, seul à taille humaine. L’inverse de la kénose. Alors que dans le monachisme, celui qui fait la métanie reconnaît la royauté spirituelle de l’autre. Il n’efface pas la hiérarchie mais la creuse temporairement entre pairs.

L’autre point sociétal reproché par les néo-païens concerne la proclamation d’universalité du christianisme, ressenti par eux comme une négation de la diversité des cultures et des civilisations. C’est la même analyse que fait Huntington lorsqu’il prédit le choc des civilisations en les définissant par la religion localement dominante. Pourtant, la plus claire expression de la trifonctionnalité indoeuropéenne nous vient du moyen âge chrétien et l’apôtre Paul recommandait déjà de « se faire Grec avec les Grecs et Juif avec les Juifs », reconnaissant explicitement la spécificité de chaque peuple. La mission confiée à ses disciples par le Christ lors de son Ascension, si elle donne à la Bonne Nouvelle une portée universelle, va aussi dans le sens d’une reconnaissance de l’identité des Nations[1].

La seconde critique que font les néo-païens à ce qu’ils nomment le judéochristianisme concerne la structure du temps et la qualification de l’espace. J’ai déjà largement traité de la question du temps[2] et je n’y reviendrai pas. Il me semble plus important d’interroger ce que Marcel Gauchet après Max Weber et conjointement Alain de Benoist regrettent comme « désenchantement du monde » avec un argument d’ordre plus philosophique qu’historique : si l’on admet un Dieu transcendant et créateur de l’univers, alors la création n’a forcément plus rien de sacral.

Admettons, encore que l’argument soit un peu court. Mais encore faut-il démontrer que le Dieu des théologiens est pure transcendance. C’est peut-être vrai dans l’islam si l’on excepte le soufisme. Quand on parle du judaïsme et du christianisme, les choses sont moins simplistes que cela. Toute la Bible est traversée de théophanies qui, au moins temporairement, inscrivent la présence divine au cœur même de la création : c’est Béthel dont le nom signifie « maison de Dieu », où Jacob rêve de l’échelle parcourue par les Anges et, lorsqu’il veut élever une stèle, s’entend dire de prendre une pierre non taillée car le ciseau la profanerait ; c’est le Buisson ardent devant lequel Moïse doit retirer ses sandales « car la terre sur laquelle tu te tiens est une terre sainte » ; c’est la grande théophanie du mont Sinaï ; c’est aussi la grotte depuis laquelle Elie voit passer le Seigneur comme un souffle doux et léger suivant le séisme et l’orage.

Le terme « Dieu » est ambigu et sans doute faut-il remercier Alain de Benoist de l’avoir souligné[3]. Sans remonter au *deyw-o indoeuropéen qui signifie le ciel diurne, en nous bornant au θεός grec, remarquons que ce terme change de sens lorsque les « Septante » et leurs continuateurs l’utilisent pour traduire les termes bibliques Ælohim, IHVH ou Adonaï[4]. Ce terme θεός est d’ailleurs tardif, peu employé en grec archaïque. Homère et surtout Hésiode ne parlent que de puissances naturelles, les Titanides, et culturelles, les Olympiens[5]. Puissances encore, les neter du panthéon égyptien, les regin scandinaves. Comme dit joliment Michel Boccara, les « dieux » sont tous des esprits de la brousse, des agrégats psychiques ou des puissances de la nature. Cet aspect demeure dans le christianisme orthodoxe où certains de ces esprits de la nature figurent dans les icônes, en particulier des fleuves sous la forme d’un vieil homme[6] et n’a disparu d’occident qu’avec la réforme grégorienne et le triomphe de l’augustinisme. On sait combien Augustin, marqué par le manichéisme n’a pu se défaire d’un pessimisme radical envers l’homme et la nature. Homère emploie θεός pour désigner la divinité en général, la volonté ou l’influence active des puissances. L’ennui, c’est que les dictionnaires ont tellement accepté l’équation θεός = dieu, qu’elle en devient difficilement dépassable. Je proposerais pour ma part, de privilégier une traduction par « puissances » et de réserver le terme « Dieu » à la fois au deus otiosus que décèle Mircea Eliade en arrière-fond de toutes les mythologies et au Dieu explicite, impersonnel ou personnel, des philosophes et des religions dites monothéistes. Cela éviterait le plus gros des confusions.

Si l’on applique cette règle, le « Dieu » trinitaire chrétien devient parfaitement inclassable. Transcendant ? Sans doute, au point que le cœur de toute théologie chrétienne est l’apophatisme : de la nature de Dieu, nul ne peut rien dire positivement. Mais en même temps immanent, présent en toutes les fibres de la création. Unique ? On ne peut plus unique mais en même temps tripersonnel, Père, Fils et Saint-Esprit. Irréductible au Dieu des philosophes, au Sphairos de Parménide, à l’Un de Plotin, au Souverain Bien de Platon : Augustin s’est pris les pieds dans une suite d’apories et de régressions à l’infini pour avoir voulu les identifier[7] et l’Eglise romaine n’y a gagné que de devenir totalitaire. Toute la théologie patristique se fonde sur des antinomies assumées comme celles-ci. Prenons le couple transcendance/immanence. La transcendance personnalise mais, pensée seule, ne peut aboutir qu’à l’écrasement de l’homme par Dieu : si cet écrasement devient volontairement assumé, c’est l’islam ; sinon, le cri de révolte offre la seule chance à l’homme de retrouver quelque dignité, comme l’a vu Nietzsche. L’immanence seule, expression du monisme philosophique, ne peut permettre l’émergence de la relation personnelle et de l’amour vrai puisqu’il n’y a plus de face à face. Pensées ensemble, même et surtout en se souvenant qu’elles n’épuisent pas la réalité divine, la kénose divine permet la relation d’amour entre le créateur et la créature, dans une dynamique éternelle et libre où l’amour devient interpénétration non fusionnelle[8], dynamique rendue tragique par la chute, par le refus de l’homme lorsqu’il se veut seul à définir ses propres valeurs[9].

Dans la sainteté au sens chrétien du terme, c'est-à-dire l’acceptation de l’inhabitation divine au cœur de l’humanité, la revivification de l’immanence sur le mode de la périchorèse transfiguratrice, le monde n’est jamais désenchanté. Mais la relation de l’homme à la nature et à ses puissances s’inverse. Il ne s’agit plus comme dans les traditions archaïques de rites propitiatoires pour s’assurer les bonnes grâces d’entités pour le moins étrangères à l’homme si ce n’est hostiles, ni de nourrir la cohésion de la cité au travers de la personnification de son égrégore[10] mais que l’homme accomplisse vis-à-vis de la nature sa fonction sacerdotale et la bénisse.

Dans cette perspective, tout se retrouve et d’abord le temps cyclique au travers de la liturgie et de son inscription cosmique, avec Pâques, fête lunisolaire liée à l’équinoxe de printemps, et Noël au solstice d’hiver. Les anciennes techniques de sacralisation de l’espace sont mises en œuvre : orientation des églises sur les levers et couchers de soleil lors de la fête du saint auquel elles sont dédiées[11], d’où des effets lumineux voulus et signifiants comme à Chartres au solstice d’été, fontaines et sources rattachées à un saint patron, etc. Les vies de saints du haut moyen âge fourmillent de théophanies désignant au héros le lieu de son futur monastère, de liens d’amitié tissés avec les bêtes, de paraboles vivantes porteuses d’un enseignement spirituel.

Toutefois quelque chose a bel et bien changé par rapport aux sacralisations anciennes. L’eschatologie oriente effectivement le temps. Dans la perception des cycles on passe de la roue sans fin à ce que l’on pourrait appeler un spiroïde. Mais il faut rappeler qu’entre les « paganismes » primitifs et le christianisme se place l’âge des philosophes, c'est-à-dire en Inde, des Upanishad, en Perse, de la réforme zoroastrienne et, en Grèce, des présocratiques suivis de Platon. Dans tous les cas, le but du philosophe est de s’évader de la roue des apparences et des recommencements pour passer à une autre réalité, en général dégagée de la matérialité du monde. La rupture des philosophes avec le temps cyclique vécu comme une malédiction est plus importante que celle du christianisme qui ouvre la roue et lui donne sens dans l’eschatologie mais l’assume comme fondamentalement bonne.

Au bout de ce tour d’horizon, l’opposition païens/chrétiens qu’on nous trompette si puissamment s’estompe singulièrement ou du moins se déplace. Il reste à interroger la diabolisation des puissances naturelles en remarquant que celle-ci ne concerne pas l’orthodoxie mais uniquement le christianisme occidental, Rome en partie et surtout les diverses écoles protestantes. Notons d’abord qu’il ne s’agit pas d’un désenchantement du monde mais de la crainte d’un enchantement qui mènerait à la perte de l’homme. D’où le recours, dans le meilleur des cas à la bénédiction. Nous avons déjà montré que les rites archaïques étaient surtout des rites de propitiations et que les entités, les puissances de la nature n’étaient pas toujours les amies de l’homme, loin s’en faut. Il suffit de relire l’Odyssée pour s’en convaincre. Dans la bénédiction, il ne s’agit pas de chasser ces puissances mais de les ouvrir à la relation d’amour kénotique, l’homme dans sa fonction sacerdotale devient donateur, intermédiaire de la donation divine. Dans la Genèse, la terre n’est pas donnée à l’homme pour qu’il l’exploite mais pour qu’il la régule, pour la cultiver et la garder, pour un amour kénotique qui l’élève. Et la terre crie en recevant le sang d’Abel. Si la terre crie, c’est bien qu’elle a esprit et voix.

Comment alors en est-on arrivé à la diabolisation puis au désenchantement du monde tel que décrit par Gauchet et Benoist ?

(à suivre)



[1] J’ai traité de cette question en détail dans mon article sur le baptême des nations, dans les archives de ce blog.

[2] Voir Impertinentes contributions à la question de la tradition primordiale dans les premières archives de ce blog.

[3] Alain de Benoist, Jésus et ses frères, et autres écrits sur le christianisme, le paganisme et la religion, Paris 2006, pp.103-114.

[4] ALHIM est d’ailleurs un terme très curieux formé de AL ou ALH qui signifie lui (que l’arabe décline en Allah) et de HIM, eux. Pluriel de majesté, nous dit-on. Ah bon ? Pourquoi ne le trouve-t-on pas pour les rois ou pour l’imprononçable IHVH, fait de souffles et qui décrit le jaillissement de l’être, du « je suis », à tous les temps et modes ?

[5] C’est évident chez Hésiode qui détaille les filiations et suggère une histoire on ne peut plus linéaire, une évolution. Les Titans et leur immédiate progéniture gouvernent les éléments et les événements naturels, depuis le substrat de l’espace, la radiance lumineuse, la nuit, le ciel, la mer, tandis que les Olympiens issus de Zeus seront les protecteurs du commerce, des marins, des artisans, des arts, de la famille ou de la guerre.

[6] Et honni soit qui y verrait un diable !

[7] Je renverrai sur ce point à l’article décisif de Thomas Ross Valentine

http://www.geocities.com/trvalentine/orthodox/filioque.html

[8] C’est tout le dernier discours du Christ aux chapitres 16 et 17 de l’Evangile de Jean.

[9] Je ne reprendrai pas pour la énième fois l’exégèse des premiers chapitres de la Genèse, c’est quelque part dans les archives du blog.

[10] On me reprochera sans doute encore l’emploi de ce terme, historiquement lié à la magie pratiquée dans certains hauts grades maçonniques. Je veux bien l’abandonner mais alors que la psychologie sociale en crée un équivalent qui ne soit pas une périphrase de trois kilomètres pour désigner l’inconscient collectif structuré d’un groupe précis. Et pas si inconscient que ça…

[11] Cela s’oublie après la grande peste et surtout après les guerres de religion en occident.