Saturday, November 27, 2010

A quoi joue Act up ?

Dieu sait que je ne suis pas une fanatique de l’Eglise romaine mais voir en gros titre dans tous les journaux des expressions comme « le pas en avant » ou « le revirement » de Benoît XVI pour une phrase dans un livre d’entretiens dont la sortie en France n’est pas encore annoncée, il y a de quoi se gratter la tête comme un émoticône ! Il est vrai qu’il s’agit d’une phrase sur le préservatif mais on aimerait tout de même savoir ce que le pape a dit d’autre dans ce dialogue avec on ne sait qui (puisque les journaux ne nous précisent pas le nom de son interlocuteur ni quelle question fut posée). Bref, ce brave B16 aurait autorisé comme un moindre mal l’usage de la capote anglaise dans les cas où un risque d’infection par le SIDA serait possible. Pas un commentateur de la presse populaire pour s’apercevoir que la casuistique du moindre mal est une constante romaine depuis au moins le concile de Trente et que son application à ce morceau de latex n’a rien de révolutionnaire !

Une remarque d’Act up dans ce concert d’inepties me laisse rêveuse : « Il faut qu’il reconnaisse que les politiques d’abstinence et de fidélité sont des échecs et sont directement responsables de la mort et de la contamination de centaines de milliers de personnes. » C’est moi qui souligne. Là, je demande à ce qu’on m’explique ! Comment l’abstinence et la fidélité à un partenaire sain pourraient-elles avoir favorisé et directement en plus la transmission des IST ? Il y a comme un parfum d’absurdité qui plane… Ce que veut sans doute dire Act up, c’est que l’homme moderne n’est pas capable de maîtriser sa sexualité et qu’il ne sert à rien de le lui proposer[1]. Mais un tel postulat me semble plus grave que le débat sur la moralité ou l’immoralité, l’efficacité ou l’inefficacité médicale du tube de caoutchouc. Car enfin l’appel à la fidélité conjugale y compris dans les cultures polygamiques ou polyandriques est au fondement de toutes les structures familiales et donc sociales, des Borobos aux Bambaras, des Inuits aux Arabes, de la Chine à la France des années 50. Est-ce sa perte qui entraine la multiplication des viols ? Notons tout de même qu’une famille à peu près stable est la seule assurance que l’éducation des enfants sera menée à terme et qu’on ne retrouvera pas de hordes de gamins errants sans toit ni nourriture comme aux pires temps des guerres civiles. Quant à l’abstinence, il ne s’agit pas d’une exigence catholique romaine, pas même d’une recommandation chrétienne : on la retrouve prônée par toutes les traditions spirituelles de l’humanité, au moins de manière temporaire. C’est vrai de Platon, des Stoïciens, des Epicuriens, de l’hindouisme, du bouddhisme, du taoïsme, de l’enseignement druidique et de bien d’autres.

L’homme est le seul animal qui ne soit pas soumis au rut et qui puisse moduler et maîtriser sa sexualité. C’est aussi le seul qui puisse choisir la fidélité, qui ne soit contraint par les gènes ni à la monogamie, ni à la polygamie, ni au renouvellement périodique de ses partenaires. Cette liberté fait à mes yeux partie de sa grandeur. Tout ce qui nous libère nous grandit.

Et cela n’empêche pas d’espérer un Dieu qui danse…



[1] A moins qu’il ne s’agisse des seuls Africains, auquel cas cette affirmation aurait comme des relents de racisme que j’espère inconscient.