Saturday, June 24, 2006

Aimé Michel et le gaspillage vital

J'ai retrouvé le passage de Métanoia que je citais de mémoire... Le voici, avec ses notes d'origine.

Aimé Michel :

Mais de ce qu’étant apparemment désiré, voire aimé dès l’origine du temps, dès le fond du je ne sais quoi qui d’un seul coup organisa le Big Bang, s’ensuit-il que je doive aimer le je ne sais quoi qui m’a fait
Que je le doive, c’est ce que m’enjoint la Voix du buisson ardent. Si c’était une nécessité, l’injonction n’aurait pas de sens. L’injonction suppose la liberté de répondre Non. Pourquoi répondrais-je oui ?
Il serait fou, dit Aristote, celui qui voudrait qu’on aime Zeus.” La mythologie judéo-chrétienne fait une place à ceux qui répondent Non : ce sont les Esprits du Mal. Le christianisme va plus loin. En enseignant un Dieu fait homme et souffrant, il admet que le mystère du mal ne saurait nous être expliqué : “Tout ce que je peux faire pour toi, dit la Voix, c’est souffrir avec toi et plus que toi. Ainsi peut-être, sans comprendre ce mystère qui te dépasse, du moins pourras-tu l’admettre, puisque moi qui sais, je m’y soumets.”
Cependant je dis que nous en savons assez de la nature pour voir qu’elle est organisée pour tendre vers la délivrance du mal.
Si nous appelons “mal” la souffrance, la mort et le mépris de l’être, il est vrai que nous voyons tout cela au coeur de la nature, marâtre où tout s’entre-dévore. Mais nous voyons aussi que son évolution ne cesse de tendre vers un moindre gâchis. Voici du moins ce que je vois :
Pour reproduire un couple[1], il a d’abord fallu en gâcher des centaines de millions (chez les mollusques), puis des millions (les plus anciens poissons), puis des milliers (les anciens reptiles), puis des dizaines (les mammifères) ; l’effort historique de l’homme tend à faire succéder un couple à un autre couple ; en même temps, étant homme, l’homme découvre en lui-même la force primordiale qui dans la Nature survit à la souffrance et à la mort : c’est la même qui le pousse à se perpétuer et qu’il appelle “amour”.
Si donc il est vrai que nous sommes “à son image et ressemblance”, voilà du même coup nommés notre premier moteur et celui de la nature. Ce premier moteur a bien pour nom “amour”, délivrance du mal.
Le mal est dans l’atome”, disait Theilhard. Sans doute. Et cela, c’est le mystère. Mais dans l’atome est aussi tout ce qui naîtra de l’atome : l’histoire de la vie aboutissant à l’homme, en qui s’éveille la conscience de la force qui anime cette histoire.
Abjurerons-nous cette histoire, irons-nous jusqu’à répéter que “la seule excuse de Dieu, c’est de ne pas exister” ? Pourquoi pas ? C’est notre liberté d’homme. Mais même l’abjuration de notre histoire est née de notre histoire. La condamnation rétrospective de notre enfantement était déjà dans notre enfantement, au fond du dessein primordial. Si c’est l’ultime vérité, ce désaveu final de la nature est une découverte de la nature. Henri Miller mourant aurait voulu cracher à la face de Dieu. Voilà qui est fait. Il a craché dans un miroir.

Métanoïa, Phénomènes physiques du mysticisme, Albin Michel, 1973, pp. 250-251.



[1]La ruche sacrifie beaucoup d’abeilles pour arriver à l’essaimage. Mais si l’on considère l’essaim comme un être vivant, le gâchis d’essaims pour produire un autre essaim est très réduit. L’évolution de l’abeille à la ruche pendant l’ère tertiaire aboutit au même résultat que l’évolution des mammifères pendant la même période. Ce parallélisme est d’autant plus signifiant qu’il se réalise sur deux lignées séparées depuis la divergence des vertébrés et des invertébrés au sein de la mer, il y a plus d’un demi-milliard d’années. Aussi signifiante est l’évolution parallèle des termites et des fourmis : le termitière a précédé la fourmilière de dizaines de millions d’années.

On pourrait multiplier les exemples, montrant tous que la vie, en évoluant dans des conditions et à des dates très éloignées, tend universellement à limiter le gâchis et à le remplacer par la complexité. L’objet le plus complexe de la nature est le cerveau de l’homme, instrument et véhicule de la pensée. Cf. le livre de Rémy Chauvin : La Biologie de l’Esprit (Editions du Rocher), où ce grand biologiste montre très bien que l’évolution biologique, quelque explication qu’on en donne, est orientée vers l’esprit, quelle qu’en soit la définition.

Vagabondages en terre humaine (6)


Aimé Michel me disait un jour que les USA sont le pays le plus exotique que peuvent visiter des Français. Lorsque l’on regarde la composition du groupe d’animateurs de l’EXI, on trouve 3 Etats-uniens, 2 Canadiens et un Suédois. Cette localisation nord-américaine invite à retraduire leur discours, à tenter de comprendre comment ils en sont arrivés à ce mélange d’optimisme, d’agressivité envers le religieux et de bienveillance envers on ne sait qui, leurs voisins peut-être.

Un conflit idéologique majeur fait rage aux Etats-Unis. Il a des retombées économiques, sociales, légales, universitaires, il peut faire et défaire des carrières, ouvrir ou fermer des laboratoires, faire surgir ou ruiner des start-up, il a d’ores et déjà entraîné des meurtres politiques et une censure notable dans les communications médicales. Nous n’en recevons ici, en Europe, que des éclaboussures lorsque un rationaliste en mal de copie entreprend de se gausser du lobby créationniste ou qu’une militante du planning familial s’inquiète de la remise en cause de la légalisation de l’avortement dans certains Etats. Mais lorsque, grâce à Internet, nous pouvons lire dans le texte[1] le discours des deux camps, nous avons du mal à comprendre de quoi, exactement, il est question. Un Français un tantinet cultivé tend à regarder ce combat avec la même incrédulité goguenarde que distillaient nos médias lors de l’affaire Monica Lewinski en voyant la nation la plus puissante du monde entamer devant le Congrès une procédure d’impeachement de son président pour une banale histoire de fesses.

Le discours extropien, malgré son obsession du vieillissement, semble curieusement désincarné pour une utopie matérialiste. Le mot corps et le mot sexe ne figurent pas dans la Déclaration extropienne, pas plus que dans celle, plus succincte mais de même esprit, que publie la World Transhumanist Association. Tout au plus y trouve-t-on cette phrase significative : « Les transhumanistes prônent le droit moral de ceux qui le désirent, de se servir de la technologie pour accroître leurs capacités physiques, mentales ou reproductives » et des allusions vagues aux « limites biologiques ». Cette absence reflète peut-être leur pensée ; plus probablement elle est un symptôme du retour en force du puritanisme outre-Atlantique.

Il y a quelques mois, m’intéressant à la médecine de pointe et ses implications sociologiques[2], je suis tombée sur un cri d’alarme de chercheurs européens quant à la situation de leurs collègues américains, réitéré sur plusieurs sites et dans des revues scientifiques de bon niveau. La censure des lobbies puritains est devenue telle que les médecins états-uniens doivent traiter de la remontée du nombre de malades, de la thérapeutique et de la prévention du SIDA sans employer de termes tabous tels que sexe, homosexualité, gay, pénétration, etc., ni même préservatif – et cela dans des rapports de recherche scientifique destinés aux collègues travaillant dans le même domaine et que le public ne lira jamais. Des campagnes publicitaires en faveur du préservatif par voie d’affiche comme on en a vu dernièrement à Paris seraient impensables dans la plupart des villes américaines. Passer outre à l’interdit, en plus du fait que l’article ne sera pas publié, risque de briser une carrière. On voit donc se développer tout un code allusif qui n’est pas sans rappeler les Précieuses ridiculisées par Molière et les fauteuils devenus commodités de la conversation. Mais jour après jour des éléments de ce code, identifiés par les censeurs, tombent dans l’interdit. C’est tout un pan de la recherche qui risque de se tarir, sans parler de l’impossibilité d’une prévention digne de ce nom qui n’est plus guère assurée aujourd’hui aux USA qu’en interne par les associations gays.

Quand on commence à redouter les mots plus que les maux, c’est qu’une civilisation bat fortement de l’aile, qu’elle approche d’un basculement et, aujourd’hui, on peut parler aux USA d’une course de vitesse entre dictature et désagrégation.

Le mouvement de contestation qui avait commencé vers 1965 dans les universités états-uniennes ne peut s’identifier à mai 68 en France, encore que notre agitation estudiantine en soit la fille à beaucoup de points de vue[3]. Les problèmes sociaux irrésolus étaient réels aux USA, depuis l’apartheid à l’égard de la population noire jusqu’à la guerre du Vietnam. Sur ce fond de lutte politique se sont greffés d’autres besoins d’ouverture, l’exploration du psychisme et des capacités ignorées de l’homme, le mouvement féministe, la libération sexuelle… Mais comme le montre bien le film Easy Rider, ceux qui poussaient la contestation jusqu’à remettre en cause le conformisme de pensée et de comportement de l’Amérique profonde n’étaient qu’une minorité localisée dans les grandes villes universitaires et le plus souvent à proximité du campus. En Californie ou sur la côte est. Et cette minorité fut manipulée de toute part. Nous avons été quelques uns à nous étrangler quand un invité de Jacques Pradelle a révélé, il y a quelques années, lors d’une émission de télévision, que toutes les recherches de parapsychologie scientifique qui avaient passionné notre génération, des recherches menées dans deux ou trois des hôpitaux ou universités les plus prestigieux des USA comme le Maïmonides à New York ou l’université de Stanford, avaient été commanditées et financées par la CIA[4]. Passons. Mais gardons en mémoire que les choses ne sont pas forcément ce qu’elles semblent être et revenons aux campus des années 60. Lorsque ces explorations sauvages du psychisme eurent atteint une certaine limite (qui l’a fixée ? l’inconscient collectif ou une officine ?), on flanqua Timothy Leary en prison et le mouvement hippie passa de mode[5] pour laisser place aux clones yuppies, brillants, dynamiques, économistes et interchangeables. Mais c’était sur les mêmes campus, dans les mêmes villes et sans plus d’impact sur le reste du continent. De modes spontanées en modes manipulées, cette Amérique urbaine, fiévreuse, active, jeune, instruite et parfois riche, en recherche des limites de l’homme et de toutes les expériences existentielles, celle de Stanford et du MIT, de Silicon Valley et de Harvard ou de Yale, toujours minoritaire, ayant toujours partie liée avec les idéologies de pouvoir et leur remise en question finit par accoucher de lobbies des plus exotiques. On lui doit la gay pride, les neocons et l’extropianisme.

On lui doit aussi les grands journalistes, ceux du New York Times, du Wall Street Journal ou du Washington Post ; les ONG les plus actives ; les succès locaux du parti démocrate ; la branche idéologique du parti républicain ; et la plupart des universitaires, scientifiques, experts, consultants…

Face à cette minorité, en dehors d’autres lobbies urbains comme les Juifs new-yorkais, les Irlandais, la Mafia, la Triade ou le Yakusa, certainement mieux disciplinés mais qui partagent au moins partiellement les mêmes centres d’intérêt et la même confiance dans les découvertes scientifiques, en dehors aussi des communautés migrantes invitées à poursuivre leur culture en vase clos, la majorité n’est pas silencieuse. Ou, plus exactement, elle est largement organisée par les Eglises baptistes dans le sud, les Evangélistes, les Adventistes et les Mormons ailleurs et sécrète des mouvements d’autodéfense qui se veulent également chrétiens.

Comme tout Européen, je pense, je suis le plus souvent abasourdie en lisant leur littérature, comme s’ils venaient de Mars ou de planètes encore plus lointaines. C’est peu de dire que leur Christ n’est pas le mien. C’est tout leur univers qui m’est étranger, ce mélange de messianisme projeté dans le quotidien avec son cortège de miracles télévisés, de morale légaliste et centrée sur l’interdit, de ressenti émotionnel communautaire puissant, de vocation privilégiée des USA (le « destin manifeste »), de recherche tatillonne de concordisme en particulier avec l’Apocalypse ou les prophéties, d’intervention dans les théories scientifiques, d’individualisme et de conformisme social. On s’interroge quand on voit la richesse ou la réussite sociale interprétées comme la bénédiction divine des justes – ce qui suppose que la pauvreté et l’échec, sauf épreuve exceptionnelle de Job, soient la rétribution du mal. Redoutable. On frémit en apprenant que Ronald Reagan croyait que la réalisation de l’Apocalypse n’était plus qu’une question d’années et qu’il fondait sa politique étrangère sur cette croyance. Quant à George Debeulliou… gageons que, dans sa bouche, l’axe du mal n’est pas une métaphore[6].

Pour donner une petite idée de ce qui circule dans ces milieux « chrétiens », voici un extrait d’un article sur le quatrième royaume et les dix cornes[7] du Livre de Daniel[8], considérés comme un descriptif des « derniers temps » : « Ce royaume global divisera la Terre en portions ou morceaux. Puisque dix rois ou leaders doivent surgir simultanément, il est raisonnable de conclure que la Terre sera partagée en dix régions. […] Ces dix rois sont d’accord sur le même dessein et donc ont un but commun. » Suit une exégèse des mots pouvoir et force dans ce passage, qui assimile la force à l’influence commerciale ainsi qu’à la puissance militaire et le pouvoir au gouvernement mondial et, en particulier, au pouvoir judiciaire. « La source initiale et première de l’autorité possédée par les dix rois est le pouvoir de gouvernance du commerce. A la fin, cette autorité transcendera le commerce pour inclure toutes les sphères du gouvernement. Nous verrons toutes les nations de la Terre divisées en dix fédérations régionales existant en même temps » et soumises, évidemment, à l’empire de la Bête. A partir de cette lecture, l’auteur se livre à toute une analyse d’un rapport du Club de Rome de 1974[9] préconisant la régionalisation du monde en dix entités qu’il assimile aux régions de libre échange existant de nos jours sous l’égide de l’OMC.

Ce texte émane d’un groupe opposé à George W. Bush qu’il trouve trop proche de la Bête, trop modéré dans sa politique malgré sa conversion chrétienne affichée.

Sur le plan scientifique, la bataille pourrait s’intituler Darwin contre le Dessein Intelligent. Elle se joue au niveau de l’enseignement. J’y reviendrai dans une prochaine série car le fond de l’affaire est beaucoup plus complexe que ne le laissent penser les orages idéologiques qu’elle déclenche. Mais le fait que cette théorie reçoive le soutien des Adventistes[10], des Baptistes, des Groupes Bibliques[11] et d’autres dont les Témoins de Jéhovah la fait apparaître comme un élément d’une sorte de monolithe idéologique surnommé foi par ses adeptes.

J’ai écrit à propos de Simone de Beauvoir que, née femme, on avait essayé de me faire devenir femme-ne-pas. Ces groupes brandissent comme la Loi et les Prophètes ce qu’on pourrait nommer chrétien-ne-pas, tout en faisant l’apologie de l’individualisme conformiste des groupes de pionniers.

Si c’est tout ce que les Extropiens connaissent du christianisme, on peut comprendre qu’ils aient hâte de le jeter aux orties. Mais cela veut dire aussi qu’ils ne connaissent pas grand chose en dehors d’eux-mêmes…

Toutefois, gardons nous des amalgames. Si les Extropiens se veulent de purs rationalistes en réaction à un christianisme télévisuel à l’américaine, d’autres branches du mouvement transhumaniste tentent une approche syncrétiste à partir de la lecture de Teilhard de Chardin. Ils ont même inventé un nouveau mot : la cyberthéologie[12]. Pour le dire d’un mot, la noosphère que Teilhard pressentait comme l’étape ultérieure de l’Evolution serait en voie de réalisation au travers d’Internet.

Il y a 30 ans, les teilhardiens américains espéraient tout du linkage, c’est à dire de la construction d’un réseau télépathique.

Le transhumanisme chrétien, si j’en crois l’article de Wikipedia[13], assimile la singularité annoncée[14] au Second Avènement du Christ et la post-humanité à l’accomplissement de la promesse divine. La singularité technologique serait ainsi par excellence la réalisation des prophéties apocalyptiques. La résurrection générale se traduirait soit par un univers de type Matrix où chacun vivrait dans le monde virtuel d’un réseau informatique soit par le remplacement du corps de chair par un corps d’androïde, un inusable robot. Quant à la déification, du moins dans sa variante mormon, elle se confond avec l’Evolution elle-même.

J’avoue ne pas très bien comprendre comment on peut établir de telles équivalences même à partir de la pensée de Teilhard de Chardin – que par ailleurs je ne partage pas car il me semble que, trop obnubilé par l’évolution des espèces animales, il n’a vu de l’homme que son néo-cortex ! Mais je remarquerai, au passage, que le transhumanisme partage avec les groupes les plus fondamentalistes une lecture événementielle à ras de terre des prophéties bibliques ainsi qu’un puritanisme prononcé car la sexualité, voire seulement la sensualité d’un robot me laisse perplexe. Evidemment, les « péchés capitaux » du catéchisme de grand-papa se réduisent lorsque la gourmandise et la luxure sont impossibles[15], l’avarice et l’envie dénuées de sens dans un univers d’information pure, la paresse hors de propos puisque le repos n’est plus nécessaire et que le travail se confond avec l’existence même, la colère un simple jeu vidéo[16]. Il ne reste guère que l’orgueil qui risquerait d’assimiler les post-humains à des anges de Satan.

Cette série, je m’en aperçois au moment de la clore, rencontre l’actualité. Le numéro de juin 2006 de la revue Sciences et Avenir, donc la vulgarisation grand public, offre un dossier intitulé « Programmés pour vivre longtemps » où l’on parle, entre autres, de transhumanisme avec un article de Jean Pierre Dupuy dont la critique se résume à la difficulté de construire des repères éthiques si la limite entre vivant et non-vivant se dissout. On pourrait lui rétorquer qu’aujourd’hui où cette frontière semble évidente, les fondements de l’éthique ne sont pas plus assurés dans un monde dont le monisme matérialiste est la métaphysique dominante. Si l’impératif catégorique fonctionnait, ça se saurait depuis longtemps.



[1] Et même bien souvent en français, étant donné les liens étroits des USA avec le Canada bilingue.

[2] Je m’intéressais surtout au fait qu’en biologie moléculaire et en génétique comme en physique au siècle dernier, on ne peut plus forger indépendamment la charrue et l’épée et que toute avancée vers la guérison intéresse aussi les concepteurs d’armes. Si l’on ajoute à ce mélange déjà fort instable les intérêts propres des grandes firmes pharmaceutiques, le tableau global incite à la vigilance, c’est le moins qu’on puisse en dire.

[3] Y compris la manipulation par la CIA trop heureuse d’embêter de Gaulle, comme ont fini par l’avouer d’anciens agents provocateurs.

[4] Laquelle continue sur une plus grande échelle via des sites Internet qui ne sont pas son site officiel. En particulier http://anson.ucdavis.edu/ ou www.ions.org/ ainsi que via le Consciousness Research Laboratory dont le site multiple propose aux internautes de s’inscrire pour participer à des expériences par exemple sur www.psiarcade.com

[5] En France, ce changement fut préfiguré par les catalogues de prêt-à-porter de l’automne 1974 qui firent brusquement la promotion d’un style cuir et motos très insolite et que rien n’avait annoncé, porteur d’une idéologie guerrière et païenne subreptice sans le débraillé des Hell’s Angels, comme si l’on voyait débarquer des SS de SF. Aujourd’hui, ce style est banal dans les jeux vidéos. Quelques mois plus tard, le mot hippie disparaissait du langage populaire au bénéfice d’un baba cool qui sortait lui aussi de nulle part.

[6] Bush père a peut-être mené la première Guerre du Golfe en référence à Daniel 8, 4-7.

[7] Daniel, 7 en entier

[8] Ward Ciapetta, « Ten Horns of Daniel », mai 2005, www.bilderberg.org/endtimes.htm Attention, il ne s’agit pas du site officiel du groupe de Bilderberg mais d’un site qui prétend le dénoncer et le combattre.

[9] Mihajlo Mesarovic et Eduard Pestel, « Mankind at the Turning Point », rapport du Club de Rome, 1974.

[10] Voir la revue Dialogue universitaire sur le site http://dialogue.adventist.org/articles/

[11] Voir la revue Promesses sur le site www.promesses.org/

[12] Là, j’apprécierais un émoticon qui se gratte la tête.

[14] Voir mon premier message dans la présente série.

[15] Même de manière fantasmatique car, sans l’appui des hormones ou des papilles olfactives…

[16] Faute d’adrénaline.

Thursday, June 22, 2006

Quelques liens vers des sites pèlerins

Dans ma série des De..., de... et de..., j'ai parlé des sites sur Compostelle et du voyage virtuel, mais je n'avais pas donné les liens.
Les voici.

http://perso.orange.fr/gerard-du-camino/index.html

http://www.aventura-compostelle.com/2003photo/ensemble.html

http://www.idez.net/compostelle99/html/im_2.htm

Vagabondages en terre humaine (5)

Comme je suis obstinée, je continue le voyage en Extropie, encore que les redites sur le vieillissement commencent à bien faire. A la troisième occurrence, on avait compris. Davantage, c’est de l’obsession.

Vu que chaque individu vit avec les autres, nous aspirons à continuellement améliorer la qualité de nos rapports interpersonnels. Nous reconnaissons l'entrelacement de nos intérêts avec ceux d'autres et donc nous cherchons pour agir en fonction de l'avantage mutuel. La transformation personnelle n'implique pas qu'une absorption en soi mais une tentative soutenue de comprendre les autres et travailler à l'optimisation des rapports basés sur l'honnêteté mutuelle, la communication ouverte, et la bienveillance. Nous comprenons que notre évolution nous a laissée avec d'ardentes pulsions animales et des émotions qui nous incitent, quelquefois sans nous en rendre compte, à commettre des actes d'hostilité, d'engendrer des conflits, de susciter la peur et d'exercer de la domination. À travers la compréhension, la connaissance de soi et le respect pour autrui nous essayons de passer outre ces pulsions ardentes. Bien que nous soyons informés de la valeur des autres, nous nous concentrons notre propre transformation plutôt que d'essayer de changer les autres. Nous reconnaissons les dangers qu'implique le contrôle des autres et qu'en essayant d'améliorer le monde, il faut seulement incarner une exemplarité et communiquer des idées.

Qui pourrait être en désaccord ? Reste à savoir si les pulsions d’hostilité sont simplement un héritage animal, jusqu’à quel point il est maîtrisable et si toutes les situation permettent l’avantage mutuel, tarte à la crème de l’économie libérale. Ces réserves faites, j’aimerais aussi souligner que ce programme, quoique en d’autres termes, figure déjà dans les Evangiles : « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre ; celui qui commettra un meurtre en répondra au tribunal. Et moi je vous dis : quiconque se met en colère contre son frère en répondra au tribunal ; celui qui dira à son frère ‘Imbécile’ sera justiciable du Sanhédrin ; celui qui dira ‘Fou’ sera passible de la géhenne de feu. Quand donc tu vas présenter ton offrande à l’autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; viens alors présenter ton offrande[1]. »

Adopter l'optimisme pragmatique signifie le rapprochement des possibilités et des occasions, en étant aux aguets par rapport aux solutions et à leurs potentialités. En somme; refuser de se plaindre inutilement devant l'inévitable, apprendre des erreurs au lieu de se donner une importance indue en se victimisant, se punissant, se culpabilisant ou en se rapportant seulement qu'à ses échecs. Nous préférons être pour plutôt que contre, créer des solutions plutôt que de protester contre l'état de fait.

Là encore, qui pourrait protester ?

La conscience humaine recèle une panoplie de désirs et pulsions imbriquée dans l'organisme biologique à travers les processus évolutionnaires et l'influence culturelle. La prise en charge de soi-même exige que nous choisissions parmi nos désirs rivaux et nos subpersonnalités. Tandis que la spontanéité joue un rôle important, le soutien d'une conscience de soi-même saine, créative et prospère, requiert de l'autodiscipline et de la persistance.

C’est marqué au coin du bon sens. Mais un tel choix n’a rien de simple et demande déjà un important travail sur soi. Surtout dans le cadre métaphysique vide dont se réclament les Extropiens. Comment traversent-ils les période de doute, de découragement, d’acédie ? A moins que, tout à leur jeunesse, ils ne les aient pas encore rencontrées ?

Les Extropiens prennent la responsabilité des conséquences de leurs choix, en refusant de reprocher les résultats de leurs propres actions libres aux autres.

C’est la moindre des choses. Pas forcément la plus facile : « C’est pas moi, c’est ma sœur, qu’a cassé la machine à vapeur… »

L'expérimentation et la transformation personnelle sont risquées; nous souhaitons, être libre d'évaluer les risques potentiels et les avantages nous-mêmes, en appliquant, notre propre jugement, et à en assumer la responsabilité résultante. Nous résistons à la coercition de ceux qui essaieraient d'imposer leurs jugements sur la sécurité et l'efficacité de plusieurs moyens d'autoexpérimentation puissants. La responsabilité personnelle et l'exercice de l'autodétermination sont incompatibles avec les formes de contrôle autoritaires centralisés qui étouffent l'initiative et l'agencement spontané de personnes autonomes.

Tiens, où sont passés les sages ?

Ici, nos bons amis oublient encore deux données importantes. Tout d’abord, le regard de l’autre est souvent un regard plus lucide que l’auto-estimation ; c’est pourquoi dans les monastères, les débutants ouvrent leur cœur à un père spirituel. Enfin, l’homme est un animal social et, s’il n’est pas question de favoriser une dictature, le réalisme implique aussi de partir du groupe tel qu’il est, avec ses limites et ses pesanteurs.

Les Extropiens voient la bienveillance comme une vertu qui guide leur interactions avec les vies autodéterminées des autres. La bienveillance découle naturellement de l'appréciation de la valeur de celle des autres et de notre propre estime de soi. Nous ne considérons pas la bienveillance comme une abdication de nos intérêts, mais comme une prédisposition à être utile aux autres. Nous approchons des autres comme des sources potentielles de valeur, d'amitié, de coopération et de plaisir. Nous estimons qu'un caractère bienveillant est un état émotionnel des plus stable et agréable, plus que le cynisme, l'hostilité et la mesquinerie, mais aussi comme étant plus à même d'induire un traitement réciproque positif.

Je signerais volontiers, sauf les mots « découle naturellement ».

Notre engagement en faveur de la transformation positive, exige que nous analysions nos croyances courantes, comportements et stratégies d'un oeil critique.

Du pur bouddhisme !

Nous nous prononçons pour une philosophie de vie mais nous nous distançons des dogmes religieux, politique, ou personnel, qui causent la foi aveugle, l'abaissement de la valeur humaine, et l'irrationalité érigée en système.

Prennent-ils aussi leurs distances avec les dogmes scientifiques ?

Nous n'acceptons pas les révélations, l'autorité, ou l'émotion comme sources fiables de connaissance. Nous accordons peu d'importance aux affirmations qui ne peuvent pas être vérifiées. Nous comptons sur notre jugement, à la lumière de nos propres opinions.

C’est bien, de vouloir penser par soi-même. J’ai pratiqué et je pratique encore. Mais le rejet de toute révélation me semble une utopie : aujourd’hui, personne ne peut espérer maîtriser ni vérifier la masse des connaissances humaines, en quelque domaine que ce soit. Donc même au niveau le plus trivial, on est bien forcé de recevoir une révélation, ne serait-ce que celle d’une agence de presse ou celle des instruments de mesure qui « voient » dans les profondeurs de la matière inaccessibles à nos sens. Enfin qui nous dit que nos opinions seraient l’aune la meilleure pour évaluer le réel ? Que leur lumière n’est pas un lumignon fumeux ? Ce passage contredit la critique des croyances courantes, etc.

Notre emphase sur la primauté de la raison ne signale pas un rejet de l'émotion ou de l'intuition. Celles-ci peuvent apporter de l'information utile et jouer un rôle légitime dans la pensée. Mais nous ne considérons pas les sensations et les intuitions comme des autorités irréductibles, incontestables. Nous les percevons comme des informations traitées inconsciemment, dont l'exactitude est incertaine.

La raison est-elle une autorité irréductible et incontestable ? Et d’ailleurs, qu’est-ce que la raison ?

Nous admettons que nous pouvons comprendre le réel, et que par le biais de la science, la cognition humaine peut vaincre ses partis pris perceptuels et sensoriels pour progressivement découvrir le monde comme il est vraiment.

Eh bien, quel acte de foi ! Et quelle croyance a priori. Quand les plus grands physiciens en viennent à douter de l’intelligibilité totale du monde, quand toute la psychologie expérimentale nous montre combien nous filtrons non seulement nos perceptions mais aussi nos raisonnements, Max More a confiance en l’homme. Le monde est intelligible pour lui comme Dieu l’était pour Thomas d’Aquin.

Je ne sais plus qui a dit que « la foi en la raison risque de paraître aussi irrationnelle que n’importe quelle autre foi. »

Les Extropiens semblent les héritiers de l’Institut Esalen autant que du libéralisme économique, comme s’ils étaient nés, et c’est peut-être le cas, à Silicon Valley durant les années de folle croissance de la microinformatique, des débuts d’Internet et des premiers jeux vidéo. Héritiers : le Vietnam, les droits civiques des noirs, la découverte du yoga, du zen, la revendication d’explorer sa conscience furent les combats de leurs parents et s’ils y puisent, c’est bien en héritiers, comme dans une malle au trésor qu’il auraient toujours vue ouverte.

Dans un esprit en apparence assez proche de l’extropie mais moins adolescent, j’aimerais verser au dossier la Charte du Projet Hôdo de mon ami Serge Jadot, ainsi que le commentaire que je lui en ai fait.

Projet Hôdo est une "communauté acratique" internationale et polyculturelle réunissant des humanistes convaincus que tout progrès de société ne peut être durable qu'en passant par la compréhension et la maîtrise de nos instincts biologiques

Acratique, néologisme, du grec a, alpha privatif= sans et cratos= pouvoir.

Une communauté acratique n'a pas de "leader", donc pas de carte de membre, ni tee-shirt à logo.

Dans ce cas, qui est "Hôdon" ? Toute personne qui respecte la charte de Hôdo.

Que dit cette charte ?

1.- Respecter toute intelligence.

Nous pensons que l'intelligence est indissociable de la vie. Le respect de la vie est insuffisant s'il ne se résume qu'au maintien en vie, même sainement, s'il n'y a pas aussi respect des sentiments et des pensées.

Le respect de l'intelligence n'a de sens que s'il est accompagné d'une connaissance de ses mécanismes et si le savoir de l'humanité est à la portée de tous. Le respect de l'intelligence impose d'éviter d'enfermer quiconque dans un modèle de dominance.

La maîtrise de ses instincts, est un idéal à cultiver afin de détourner l'agressivité vers une imagination créatrice.

2.- Le respect du droit à l'intimité et à l'évitement.

Respecter l'intelligence, c'est aussi reconnaître nos limites d'adaptabilité et de récupération.

Tout humain devrait avoir droit à la fuite, et donc tout humain devrait pouvoir jouir non seulement d'un abri vital mais aussi intime.

3.- La charte de Hôdo ne contiendra jamais plus de dix articles, car l'excès de lois rend difficile, voire impossible, l'acceptation d'un protocole de convivialité.

4.- Soumettre au hasard toute décision commune n'acquérant pas de consensus.

La diversité est richesse, et l'acratie ne s'accommode d'aucune forme de pouvoir même celui du plus grand nombre.

Lorsque des entités, individus ou groupes, doivent partager des ressources communes il y a forcément conflit d'intérêts.

Si la négociation n'aboutit à aucun accord satisfaisant toutes les parties, alors, l'une des options sera tirée au hasard en attendant l'unanimité.

5.- Les cinq derniers articles ne seront jamais figés, car ce qui est vérité aujourd'hui ne le sera peut-être plus demain.

Et les commentaires que je lui envoyai :

Aimé Michel m’écrivit un jour que l’homme est le chaînon tragique, ayant conscience de la mort mais incapable de voir au delà (et donc peuplant cet au delà de rêves). Je reprendrais volontiers cette définition mais sous un autre angle : capable de voir ce que seraient de véritables relations interpersonnelles[2] ou un amour inconditionnel, mais encore incapable de se dégager de l’éthologie du singe avec tout ce qu’elle comporte de hiérarchisation, de dominance, de peur, de propitiation, de querelle et de bonne entente, de génocides même. Voir Jane Goodall et Franz de Waals. Qu’on le symbolise par la parabole d’une faute originelle ou qu’on s’en tienne au credo évolutionniste, nul ne peut nier cette double tension. Ni ange ni bête, aurait dit Blaise mais en fait tendu entre bête et ange[3]. Toi même, tu parles de maîtrise des instincts biologiques.

Venons en à la charte de Hôdo.

Respecter toute intelligence.

Je note que tu rattaches les sentiment et les pensées à l’intelligence. Mais je ne suis pas sûre que « la connaissance de ses mécanismes » soit réellement possible. Il me semble que nous ne serons jamais totalement transparents à nous-même, qu’il existe en l’homme une profondeur apophatique. Je ne parle pas de l’inconscient, c’est plus noétique. On peut le voir à la manière gnostique, comme une étincelle divine (donc transcendante) ; à la manière chrétienne comme image de Dieu (itou) ; ou à la manière scientifique comme une application particulière du théorème de Gödel.

Prendre conscience de cette dimension apophatique pourrait être un élément fort de la croissance de ce respect.

Respect du droit à l’intimité et à l’évitement

Oui, mille fois. Mais cela demande une certaine gratuité de l’espace, de moins en moins possible sur notre planète[4].

Dix articles

Je songe à un document qui m’avait fascinée, un traité entre deux rois mérovingiens et leur homologue ostrogoth qui s’étaient mis d’accord pour que les criminels ne trouvent pas d’asile en passant la frontière. Ils définissaient trois crimes, pas plus : le meurtre, le viol et le vol. Si on y réfléchit, cela suffit. Toute législation supplémentaire n’est que du règlement.

Hasard si pas de consensus

Intéressant tant que dure le consensus de respecter le hasard, c’est à dire tant que les passions n’obscurcissent pas l’esprit ou à condition qu’il n’y ait pas de pénurie grave.

(à suivre…)



[1] Matt 5, 21-24.

[2] Hypostatiques, dans le jargon des théologiens.

[3] C’est ce que dit l’apôtre Paul : nous sommes tous morts en Adam et ressuscités en Christ. Actuellement, chacun peut faire l’expérience de ces deux états, « superposés » en quelque sorte comme des mémoires quantiques, et de la tension que cette coexistence engendre. Le Christ a ouvert le chemin, posé au cœur de la création la résurrection et la transfiguration. Et pourtant il reste pour chacun de nous à vivre ce passage. Le Christ a vaincu le monde et nous avons encore à combattre. C’est un monde absolument paradoxal, surtout si l’on pense que, à partir de la totale singularité qu’est la résurrection, l’onde atemporelle de la superposition d’états a gagné les extrémités du temps, comme l’exprime l’icône où le Christ, ayant brisé les portes de l’enfer, relève Adam de la corruption.

[4] Dans l’antiquité, celui qui cherchait la solitude pour un temps assez long n’avait qu’à s’enfoncer dans la forêt ou dans une petite oasis du désert égyptien, dans les grottes de l’Himalaya, etc. Il se construisait une cabane et le tour était joué. Encore dans les romans médiévaux, l’ermite, le charbonnier dans sa clairière ou le village dissident de Robin Hood témoignent de cette ouverture de l’espace. Aujourd’hui, même dans la France profonde où tout semble en friche, la lande la plus inculte est cadastrée ; le squatter de clairière aurait le lendemain les gendarmes à sa porte. Je ne suis même pas sûre qu’il reste des espaces ouverts en Sibérie. Or ce n’est pas de la surpopulation, sauf dans certaines zones rurales africaines où le moindre lopin est cultivé, au grand dam des écologistes protecteurs des éléphants et des gorilles. La civilisation urbaine qui se mondialise aujourd’hui suit un processus d’accrétion comparable à la formation des étoiles et des planètes, ce qui signifie qu’en termes de superficie, les « déserts » au sens médiéval, c’est à dire les zones vides de population, tendent à s’accroître. Mais ce sont le plus souvent des parcs naturels protégés ou des exploitations à la dimension des machines, donc des espaces fermés.

Monday, June 19, 2006

Vagabondages en terre humaine (4)

Continuons notre lecture extropienne. Mais, avant de repartir dans le texte de Max More, j’ai envie de souligner un lapsus assez drôle et peut-être signifiant, si l’inconscient collectif s’amuse. Sur les forums fréquentés par des gamins mieux au fait du langage SMS que de l’orthographe de la langue française, on rencontre souvent à tous les temps et tous les modes le verbe extropier. Il signifie, en fait, estropier.
Comme aurait dit le vieux Blaise, « l’homme n’est ni ange ni bête et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête ».

Nous n'acceptons pas les aspects indésirables de la condition humaine. Nous défions les limitations naturelles et traditionnelles sur nos possibilités. Nous soutenons l'utilisation de la science et de la technologie pour avoir raison des contraintes sur la durée de nos vies, de notre intelligence, de la vitalité personnelle, et de la liberté. Nous reconnaissons l'absurdité d'accepter "les limites naturelles" à notre longévité avec résignation.
Il s’agirait donc de vivre longtemps – un longtemps que l’on pousserait bien jusqu’à une durée indéfinie. Pourquoi pas ? L’un des souhaits traditionnels dans l’Eglise orthodoxe, c’est : « Beaucoup d’années ! » Reste à savoir comment on y parvient et pourquoi faire.

Pour les multitudes le futur est synonyme d'exode de la terre, berceau de l'humanité et de l'intelligence transhumaine, elles étendent les sphères d'influences humaines (et post-humaines) s'initient à la vie en orbite au sein de stations orbitales, éventuellement celles-ci deviennent des bases spatiales desquelles nous nous désarrimons pour voguer vers d'autres stations orbitant des planètes en voie de colonisation.
Ah, les cités de l’espace, les merveilleuses cités lagrangiennes que proposait O’Neill dans les années 70, lorsque l’homme venait tout juste de poser le pied sur la Lune armé d’un drapeau flottant au vent virtuel de son armature métallique[1], cités si bien étudiées sur le papier, de l’écologie à la taille du village, qu’il ne pouvait s’agir que d’un remake de l’Eden. Et cette fois, bien qu’O’Neill, poliment, ne parle pas des choses qui fâchent, il n’y aurait pas besoin de spolier puis d’exterminer les Amérindiens.
Apparemment Max More ne connaît pas l’astronomie du système solaire, encore moins la physique des satellites artificiels. Il ignore qu’une orbite n’est jamais stable et que, de ce fait, même les stations bien entretenues de type Mir n’ont qu’une durée de vie réduite et qu’il n’existe que quelques points d’équilibre, dits points de Lagrange[2], où peut s’ancrer une structure de taille suffisante pour « les multitudes ».
Et quelles planètes seraient colonisables ? Mars ? Titan ? Europe ? Io ? Rien de très affriolant dans leurs environnements et pour retrouver des lieux habitables, il faut autre chose qu’une station désarrimée. Notre Soleil se trouve dans une zone assez clairsemée, en bordure de bras galactique, cela n’aide pas. Sauf si la téléportation quantique ouvre un jour sur une téléportation macroscopique fiable.
Là, c’est en défaut de rêve que je prends Max More.
On s’étonnera peut-être de ce qu’après avoir proclamé mon orthodoxie chrétienne, je puisse rêver aussi devant l’espace, mais c’est en toutes lettres dans l’Evangile de Marc : « Allez jusqu’aux extrémités du cosmos, proclamez la bonne nouvelle à la création toute entière. » L’expression grecque εις τον κοσμον απαντα signifie bien la pénétration jusqu’aux ultimes limites de l’espace, du temps et de la complexité. Evidemment, notre perception du cosmos s’est un peu élargie dans l’humanité depuis que Marc écrivait mais ça, on s’en fiche. C’est ce qu’a dit le Christ qui compte et le Créateur sait quand même ce qu’Il a créé, non ?

L'amélioration continuelle impliquera la croissance économique. Les limites de nos ressources ne sont pas immuables. Le marché de l'offre et de la demande encourage la conservation, la substitution, et l'innovation, prévenant quelques besoins de ralentissement, de la croissance et du progrès donc compatibles avec qualité de l'environnement. Les extropiens réclament un activisme environnemental rentable dans le but d'améliorer nos biosphères (terrestre ou extra-terrestre).
Suit un couplet assez tortueux contre les disciples de Malthus. La propension qu’ont les extropiens d’écrire en langue de bois pour mieux se gargariser de leur sens du futur m’agace au plus haut point. Je serais moins critique à leur égard s’ils disaient simplement ce qu’ils pensent et ce qu’ils rêvent.
Les limites de nos ressources ne sont pas immuables. C’est vrai, parce que nous n’avons pas besoin des mêmes matières premières que nos parents, encore moins de celles de nos grands-parents. Et celles qui semblent immuables comme les végétaux et les animaux alimentaires sont renouvelables et ne risquent donc pas de disparaître, sauf si nous jouons trop avec les OGM. Mais prenons n’importe quel objet du quotidien et comparons le avec son homologue du siècle passé. Presque neuf fois sur dix, qu’il s’agisse de tissu, de mélaminé, de casseroles ou de produits culturels, les matériaux d’aujourd’hui n’existaient pas en 1906. Et je m’en tiens volontairement aux choses banales. Mieux encore, avec les nanotechnologies, nous créons des matériaux qui n’existaient pas plus dans la nature que les polymères auxquels nous devons des cuvettes en plastique où nos grands mères devaient manier de la faïence ou, progrès des progrès, de la tôle émaillée[3] mais avec une diversité de fonctions qui leur aurait paru magique.
Améliorer nos biosphères. Je veux bien terraformer Mars mais attention à ce que le mieux est souvent l’ennemi du bien, attention donc à ne pas marsformer la Terre sans le vouloir…

La prolongation de la vie effective des transhumains engendre une prise en charge par les sages prévoyants, tout en restreignant l'insouciance et la perdition.
C’est qui, les sages prévoyants ? Les Gardiens selon Platon ? Qui custodiet custodies ?

Le perfectionnement personnel perpétuel exige que nous nous réexaminions continuellement nos vies. L'amour-propre dans le présent ne peut pas équivaloir l'autosatisfaction, puisqu'une conscience perspicace peu toujours envisagée une meilleure version d'elle-même à venir. Les Extropiens sont résolus à approfondir leur sagesse, à affiner leur rationalité et à augmenter leurs qualités physiques, intellectuelles, et émotives. Nous préférons le défi au confort, l'innovation à l'émulation, la transformation à la torpeur.
Etrangement, j’ai déjà lu cela quelque part, bien que sous d’autres mots et sans la nuance du défi. Je l’ai lu dans les traités bouddhistes et chez les Pères neptiques. Alors est-ce le diable qui singe Dieu ou que tout travail sur soi exige la vigilance ?

Les Extropiens sont néophiles et expérimentalistes, ils scrutent l'actualité scientifique pour anticiper les implications des découvertes les plus récentes. Pour trouver les moyens les plus efficaces de s'accomplir, ils sont disposés à explorer des approches singulières, ils pratiquent de nouvelles façons de procéder à la lumière de spéculations prometteuses de transformations personnelles.
Néophile ! Le terme est joli. Mais encore une fois, la nouveauté ne préjuge d’aucune autre qualité.

Nous soutenons la recherche biomédicale pour comprendre et contrôler le processus du vieillissement, et nous rendons effectifs des moyens efficaces d'étendre la vitalité. Nous pratiquons et prévoyons l'augmentation biologique et neurologique à travers moyens tels que les accentuateurs neurochimiques, la mise en réseau de tous les ordinateurs, l'utilisation d'agents intelligents, les aptitudes à la pensée créatives et critiques, la méditation et les techniques de visualisation, les stratégies d'érudition accélérées et la psychologie cognitive appliquée.
Vieillir les emmerde. On commence d’avoir compris. Sinon, ne manque à l’inventaire que le raton laveur, même si ce passage demande une traduction. Les accentuateurs neurochimiques, ce sont des drogues, tout bêtement, un éventail qui va de l’ephédrine aux neurotransmetteurs de synthèse. On a beaucoup pratiqué entre 1965 et 1979 sur les campus californiens… Le réseau des ordinateurs se nomme Internet et j’ai sous les yeux un ouvrage de Jacques Vallée sur la question qui date de 1982 et qui nous apprend que le projet de réseau informatique date, lui, de… 1972[4]. La méditation et la visualisation sont aussi vieilles que l’homme mais ont retrouvé une certaine actualité dans les années 70 en Californie, y compris pour la créativité d’entreprises. L’érudition accélérée ou lecture rapide existait déjà dans les années 1960. Quant à la psychologie cognitive, on lui doit l’invention de la méthode globale d’apprentissage de la lecture, panacée qui a créé plus d’illettrés que dix ans d’interruption de la vie scolaire durant la révolution française.
Pour des néophiles, pourraient mieux faire.

L'optimisme pragmatique et la foi passive sont incompatibles. L'optimisme pragmatique signifie l'optimisme critique. La foi en un futur meilleur est l'équivalent de s'en remettre en une force externe, qu'elle soit divine, étatique, ou même extraterrestre, qui résoudra nos problèmes. La foi entretient la passivité en promettant le progrès comme un cadeau du ciel nous étant octroyé par des forces supérieures. Mais, en échange du cadeau, la foi exige une contrepartie; une croyance fixe, la supplication de forces externes, créant ainsi des croyances dogmatiques et comportement absurde. L'optimiste pragmatique prend en charge son initiative et son intelligence, en s'assurant d'avoir la capacité d'améliorer sa vie par le biais de ses propres efforts. Les opportunités et les possibilités sont partout, elles nous interpellent c'est à nous de les saisir et de tabler sur elles. L'atteinte de nos objectifs exige de nous une confiance en nous-mêmes, un travail diligent et d'être disposé à réviser nos stratégies.
Deux ou trois ans, selon le gamin : « Moi tout seul ! » Excellente exigence mais qui leur a donné une idée de la foi aussi infantile ? Billy Graham ?
Je mettrais tout de même un bémol à leur exigence d’optimiste pragmatique. Quid des bredins, des malades, de ceux qu’un handicap physique ou psychique, ou même psychologique rend incapables de s’assumer ainsi ?
C’est à cela qu’on reconnaît une utopie, une idéologie qui emmène droit dans le mur : elle ne laisse pas de place à l’impuissance. C’était vrai du nazisme et on sait quelle fut sa solution : exterminer. C’était vrai du marxisme qui a pratiqué l’enfermement des faibles et des moutons noirs. C’était déjà vrai de la République platonicienne, on l’a vu sous Dioclétien et pourtant le modèle fascine encore. C’est vrai des théories libérales pur jus telles que les développe Jean Gilles Malliarakis. C’est peut-être vrai de tout projet sur l’homme élaboré avec les seules ressources de la raison et de la créativité humaines. Car, je ne sais plus qui l’a écrit, « l’homme passe infiniment l’homme ».
Incise pour Serge Jadot : c’est juste ce qui manque au monde de Hôdo dont les colons sont trop bien choisis, encore qu’on pressente assez de compassion chez Adela[5].

Nous préférons la science au mysticisme, la technologie à la prière. Nous considérons science et technologie comme des moyens indispensables à l'accomplissement de nos valeurs les plus nobles, de nos idéaux, de nos visions et à nos phases évolutionnaires.
Il faudrait quand même qu’ils m’expliquent en quoi science et technologie s’opposent à mysticisme et prière, sinon dans leur tête, alors qu’ils rangent dans leur arsenal la méditation et les techniques de visualisation issues du bouddhisme le plus canonique. Rappelons aussi, comme ça, en passant, que parmi les dons de l’Esprit Saint, on trouve intelligence, science, sagesse…

La technologie est une extension naturelle de l'expression de l'intellect humain, de sa volonté, de sa créativité, de sa curiosité et de son imagination. Nous prévoyons et encourageons le développement de technologie toujours plus flexible, intelligente et sensible. Nous co-évoluerons avec les fruits de notre génie, s'intégrant à ceux-ci, pour que finalement nos assimilons en nous-mêmes notre technologie intelligente dans une synthèse qui fera de nous des posthumains, amplifiant nos capacités et étendant notre liberté d'action.
Cela me rappelle certaine parabole de la manducation du fruit, dans la Genèse…

Un ordre centralisé régissant le comportement réprime l'exploration, la diversité et la diversité d'opinion. Nous pouvons poursuivre des buts Extropien au sein de nombreux types d'ordres sociaux ouverts mais pas dans des théocraties, des systèmes autoritaires ou totalitaires.
Pour une fois, je serais assez d’accord.

Les Extropiens évitent les desseins utopiques pour une "société parfaite", appréciant la diversité des valeurs, des préférences en matière de mode de vie, et des approches pour résoudre les problèmes en lieu et place. Au lieu de la perfection statique d'une utopie, nous préférons une "extropie"— simplement une structure évolutive ouverte, permettant aux individus et aux groupements volontaires de se façonner des institutions et des formes sociales qu'ils privilégient. Même si nous trouvons quelques-uns de ces choix, méprisables ou fou, nous valorisons un système qui permet à toutes les idées d'être essayées avec le consentement de ceux impliqués.
« Il est interdit d’interdire » ? Le seul problème, c’est que ça ne marche pas et qu’au bout du compte on se retrouve, comme nous aujourd’hui, avec une jungle de mépris, des mafias et des fanatiques où la force prime très vite le droit.

Nous reconnaissons le défi que représente l'amélioration des systèmes complexes. Nous sommes radicaux dans l'intention mais prudents dans l'approche, étant au fait que les modifications aux systèmes complexes comportent des conséquences inattendues. L'expérimentation simultanée avec de nombreuses solutions et améliorations possibles "les processus sociaux en parallèles" sont plus avantageux qu'une administration utopiste technocratique centralisée.
Oui, j’ai toujours trouvé Proudhon plus sympathique que Marx. Mais ça n’a pas marché… Pourquoi ?

Nous considérerons tous les lois et les gouvernements non comme des fins en eux-mêmes, mais plutôt comme des moyens de parvenir au bonheur et au progrès.
La grande illusion du XVIIIe siècle. Tant que ça ne débouche pas sur la Terreur…

La demande de liberté sans responsabilité est une demande adolescente d'accréditation.
Nous sommes d’accord et cette notion de responsabilité est sans doute ce qu’il y a de plus sympathique dans la pensée extropienne. Sauf qu’encore une fois, tout le monde n’est pas jeune, beau, intelligent et en bonne santé, et tout le monde n’a pas travaillé sur ses névroses. Au fond, ce qui rend ce projet sur l’homme aussi périlleux que tous les autres, c’est le refus de voir en face deux données essentielles.
La première, du point de vue évolutionniste : nous sommes des primates sociaux. Ce qui signifie que nous portons dans nos mémoires, peut-être jusque dans nos régulations hormonales nombre de caractères simiesques : nous préférons fuir que combattre[6], nous avons une relation ambiguë de soumission/rivalité au mâle dominant, plus rarement à la femelle dominante et il nous reste des tendances à la xénophobie phéromonale[7] qui sert de base au racisme. Mais nous n’avons plus les garde-fous animaux, ceux qui empêchent le meurtre intra-spécifique sont déjà tombés chez le chimpanzé comme l’ont montré les travaux de Jane Goodall[8] mais ceux qui empêchent le meurtre intra-tribal n’ont jamais existé chez l’homme. Ce déséquilibre permet une grande variété culturelle, une évolution sociale, mais au prix de violences collectives qui peuvent être de grande ampleur.
La seconde, du point de vue théologique : ce déséquilibre est le résultat d’une chute liée au désir de nous nourrir de nos propres systèmes de valeur et de nos propres projets sur l’homme, dans la rupture de la relation d’amour hypostatique qui faisait de l’homme l’icône du Créateur dans la création. Cette rupture a introduit dans la nature de l’homme une tendance à dévier de lui-même, les informaticiens parleraient de bug sauf que c’est plus complexe qu’un programme, et nous savons que cela a partie liée avec la mort. Comme toutes les vérités profondes, cela ne peut se dire qu’en langage mythique, inépuisable. En faire une croyance fondamentaliste en langage logique ou journalistique, c’est se planter en beauté.
Je n’ai pas employé le mot péché. C’est une omission volontaire car 15 siècles d’augustinisme ont engendré une interprétation névrotique de ce terme. Le peccatum latin, c’est le bronchement du cheval. Le terme grec le plus fréquemment transposé par peccatum, hamartia, appartient au vocabulaire de l’archerie. C’est l’histoire du gars qui vise, qui vise, et qui rate la cible. C’est embêtant quand ça s’inscrit aux profondeurs de la nature humaine.
C’est cela qu’il leur faudrait redresser pour atteindre leur société ouverte, libre, responsable, Hôdonique en somme (clin d’œil à Serge). S’ils comptent sur les nanotechnologies pour y parvenir, je leur souhaite bien du plaisir !
D’autant que le boulot a déjà été fait, il y a 2000 ans environ, quand le Logos divin a endossé et redressé la nature humaine, quand par la mort il a vaincu la mort, rouvrant la possibilité pour l’homme d’entrer dans la relation hypostatique.

(à suivre…)

[1] Personne alors n’avait émis l’idée folle qu’on avait filmé l’alunissage dans les studios d’Hollywood.
[2] Utilisez Google ! Je ne vais pas en plus mettre sur mon blog un cours d’astronomie.
[3] Rempli d’eau chaude, c’est moins lourd…
[4] Jacques Vallée, The Network Revolution : confessions of a computer scientist, And/or press, inc., Berkeley, Cal., 1982.
[5] Sur le site Livingstone, dans ma liste de liens.
[6] A preuve la diarrhée militaire.
[7] Pour le dire plus simplement, l’odeur d’un individu non apparenté, en dehors des périodes de rut, est désagréable et déclenche une réaction agressive. C’est pourquoi l’adoption d’un bébé orphelin par une autre mère, tentée dans les zoos, a toutes les chances d’échouer.
[8] Dont je n’ai plus la référence. Jane Goodall a observé de véritables ethnocides d’une bande de chimpanzés par une autre. Après elle, d’autres éthologues ont confirmé le fait et il se révèle plus fréquent qu’on ne le pensait tout d’abord.

Saturday, June 17, 2006

Un peu de pub à mes lecteurs

Une sympathique lectrice de ce blog*, basée en Bourgogne m'envoie un courriel pour me prévenir de l'existence d'un colloque intitulé IcôneImage, organisé par le musée de Sens, celui d'Auxerre et les Trois P. sur le thème Image et mémoire du 6 au 8 juillet 2006.
Je cite :

Les thèmes variés de la circulation des images comme une mémoire activant les processus de création ; les techniques de réactivation des images enfouies dans la mémoire (Joël Laporte psychiatre) ; le rôle des impressions visuelles dans la mémoire olfactive (Jean-Jacques Boutaud, université Dijon) ; l’usage de l’image dans la constitution patrimoniale (Jean Michel Rodes directeur de l'Inathèque ; Michel Melot ) seront abordés, par des historiens d’art, anthropologues (Pascal Dibie directeur de LAVSMC) ou spécialistes du langage et de l’image, ce troisième colloque Icône-Image s’appliquera également à rapporter des expériences concrètes, en confiant aussi bien la parole à des artistes (Gilles Marrey, Françoise Pétrovitch) qu’à un spécialiste du portrait-robot, ou un viticulteur (Jean-Marc Brocard) par exemple.

Comme leur dépliant est au format pdf et que je ne peux le reproduire ici, voici le lien et l'adresse du musée.


http://www.enst.fr/telecom-paris/Agenda/colloque-icone-image.php


Musées de Sens - CEREP
5 rue Rigault
F - 89100 Sens
03.86.83.88.90

Le programme a l'air alléchant. Je suis heureuse de transmettre.

*Merci, Ludivine.

Vagabondages en terre humaine (3)

Mais revenons aux extropiens. Une surprise attend celui qui cherche à consulter le site de l’EXI (Extropy Institute). Sur fond de couleurs douces, bleu et vert, on trouve cet avertissement que je traduis :
« PAS SUIVANTS – L’Institut d’Extropie ferme ses portes et ouvre une fenêtre pour un futur proactif. »
Après un historique de leur mouvement depuis 1990, revue Extropy, the Journal of Transhumanists Tought, conférences, forums publics, campagnes médiatiques, etc., ils annoncent avoir rempli leur mission et fermer leurs portes. Toutefois, cette fermeture est un élément de leur plan stratégique.
Surprise, surprise ! Car le plan stratégique n’est décrit qu’en termes aussi vagues que le ressac sur les plages de Californie. Un bruit de fond ample et puissant mais dont la traduction en langue humaine laisse à désirer.
C’est donc sur d’autres sites, repris, résumés, retravaillés que l’on trouve leurs définitions et manifestes. Sous toutes réserves donc.
L’extropie ne serait pas le contraire d’entropie, dit l’un. Mais si, mais si, dit l’autre. Elle se définit comme l’ « étendue d’un système au niveau de l’intelligence, l’information, l’ordre, la vitalité et la capacité de développement ». Aïe. Je sais ce qu’est un système. J’ai même tracé des diagrammes pleins de flèches et de carrés pour en cartographier quelques uns. J’ai un peu plus de mal à me représenter son étendue. S’agit-il du nombre de connexions, de rétroactions, de la complexité, de l’intégration des sous-systèmes ? Je sais ce qu’est l’information. Du point de vue scientifique, comme mesure de l’improbable ou comme rapport signal/bruit ; du point de vue de Margot, comme ce qui passe à 20 heures le soir sur les étranges lucarnes[1] ; du point de vue du journaliste d’investigation comme le dahu qu’on chasse avec patience et rage et que parfois on attrape si l’on a bien visité tous les terriers possibles. Mais l’étendue d’un système d’information ? L’organigramme de l’AFP[2] ? Je ne sais pas ce qu’est l’intelligence, en dehors de la réponse de Binet (« c’est ce que mesure mon test ») ; je ne sais pas ce qu’est l’ordre ni à quelle échelle on veut le mesurer car ce qui se présente comme ordre macroscopique repose souvent sur un certain désordre chaotique sous-jacent ; la vitalité m’échappe encore plus. Il s’agit de notions intuitives, impossibles à mesurer et même à définir. Enfin, la capacité de développement d’un système me laisse aussi perplexe car on ne nous dit pas s’il croît spatialement comme une chaîne de grands magasins qui ouvre des succursales ou en complexité comme l’écosystème depuis les origines de la vie.
Une autre traduction, meilleure du point de vue linguistique, parle d’ampleur au lieu d’étendue. C’est toujours une notion intuitive.
De quoi parle-t-on ? Que mesure vraiment l’extropie ?
Quand une définition ne définit rien, j’ai toujours l’impression qu’on me cache quelque chose, ne serait-ce qu’un vide abyssal.

Continuons la lecture. La Déclaration lancée par Max More[3] en 1999 développe les têtes de chapitre que nous avait donnés le Joyeux Ragondin. Sans forcément tout reprendre, il me semble intéressant d’en commenter les principaux thèmes.

1. Le progrès perpétuel
Nous cherchons à avoir plus d’intelligence, de sagesse, de puissance personnelle, d’efficacité et une espérance de vie illimitée.

Il est encore question d’auto-réalisation, de surmonter perpétuellement limitations et contraintes, d’expansion dans l’univers et l’existence infinie.
C’est très bien, tout ça, mais un peu avide et solitaire. Avoir plus, avoir plus… Pourquoi ne pas être plus ? L’intelligence, la sagesse, la puissance, le dépassement des limites sont-ils une question d’avoir ? Qui possède ? Pour ne pas répondre d’emblée à cette question, poser le sujet ou la personne, les extropiens doivent haleter dans une tension terrible d’acquisition, plus, plus…
Respire par le nez, Max, et bien profondément. Cela remet les pieds dans le présent.

2. Transformation personnelle.
Un engagement total et sans équivoque morale pour l'amélioration, intellectuelle, physiologique, usant de raisonnement et d'autocritique, tout en tâchant d'être impeccable devant ses semblables, et à être un expérimenteur pour le meilleur, sans le pire. Ardent supporteur et fervent utilisateur des techniques d'accentuations des aptitudes biologiques et neurologiques. Nous nous y appliquons et ce, dans le cours de nos vies de tous les jours.
Bigre. Même un ascète de Scété n’avait pas l’impératif d’être impeccable du premier coup ! Il est vrai qu’entre temps, on a inventé le cadre brillant et dynamique, le sourire aux dents blanches et l’obligation de résultat. Tout de même, avec une telle tension, il doit y avoir de fichues pertes sur la route. Combien craquent ?

3. Optimisme pragmatique
Une expectative positive suscitant le dynamisme. La promotion d'attitude pro-active habilitatrice envers nos destinées futures. Adopter un optimisme rationnel, basé sur l'action, en lieu et place de la foi aveugle et du pessimisme stagnant.
C’est de la langue de bois mais notons la foi aveugle, comme s’il ne pouvait exister de foi consciente aux yeux ouverts.

4.Technologie intelligente
Appliquer le fruit des découvertes scientifiques et technologiques créativement pour transcender "les limites naturelles" imposées par notre héritage biologique, notre culture, et l'environnement.
Cela se passe de commentaire. Reste à savoir ce qui les embête vraiment dans ces « limites naturelles ». Qui d’ailleurs connaît celles de la nature humaine ? Sommes nous sûrs de les avoir atteintes ? A part la mort, bien sûr, et son corollaire, ce que Michel Jeury nommait le « mur du temps ».

5. La société ouverte
Nous soutenons les ordres sociaux qui favorisent la liberté d'expression, la liberté d'action, et l'expérimentation. Nous nous opposons au contrôle social autoritaire. Nous favorisons le respect des règles, du droit, la décentralisation du pouvoir, préférerons le marchandage au lieu de l'affrontement, et l'échange au lieu de la compulsivité, l'ouverture à l'amélioration plutôt qu'une foi en une utopie statique. Nous stimulons les aptitudes prédisposant à la prise d'initiative personnelle, à l'exercice de la liberté individuelle, à la tolérance face à la diversité et à la planification à longue échéance.
Le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière. Mais l’antinomie qui sous-tend tout ce passage n’est pas déchiffrée. La triple antinomie, en fait : entre la liberté d’expression et d’action et le respect des règles ; entre la décentralisation du pouvoir et la planification à long terme ; entre l’individuel et le social.

6. L’ordre spontané
Nous promouvons l'autodétermination, l'indépendance de pensée, la liberté rationnelle, la responsabilité personnelle, l'amour-propre, et le respect pour les autres. Nous favorisons les implications dans les mécanismes décentralisateurs de coordination sociale volontaire.
L’extropianisme a quelques parentés, donc, avec des utopies oubliées. C’est du Proudhon mâtiné de Marcuse et, peut-être, de situationnisme. Mais qui les lit encore ?

7. La pensée rationnelle
Aux dépens de la foi aveugle, nous optons pour la raison et questionnons les dogmes. Demeurons ouvert à ce que nos croyances soient mises à l'épreuve dans le but de poursuivre notre parachèvement perpétuel. Nous accueillions la critique de nos croyances existantes en étant ouvert aux nouvelles idées.
Notons la confusion entre foi et croyance, sur laquelle il faudra revenir. Quant aux nouvelles idées, elles me font souvent penser à cette remarque de la modiste de Marie Antoinette : « Il n’y a de neuf que ce qu’on a oublié ». D’ailleurs, en quoi la nouveauté d’une idée nous garantit-elle sa vérité ou du moins son adéquation au réel et son innocuité ?

A partir de ces principes, Max More développe un programme, une déclaration d’intention dont les principales articulations appellent le commentaire.

Les Extropiens questionnent les idées traditionnelles préconçues qui stipulent que nous devrions laisser la nature humaine fondamentalement inchangée, que l'on doit se conformer à la "volonté de dieu" ou à ce qui est considéré comme "naturel". Comme nos cousins intellectuels, les humanistes, nous cherchons le progrès soutenu dans toutes les directions. Nous outrepassons les humanistes quand il s'agit de modifier la nature fondamentale humaine dans la poursuite de ces améliorations.
L’assimilation du « naturel » à la « volonté de Dieu » n’est pas si simple en théologie. A part en islam peut-être, mais ma traduction du Coran, celle de Jean Grosjean, est si illisible que je suis incapable d’en conclure quoi que ce soit. Et qu’est-ce que la nature humaine fondamentale ? Qu’en savent-ils ? Ou qu’en imaginent-ils dans le discours des autres, recréant ainsi un système de croyances au second degré ?

Les Extropiens reconnaissent les capacités conceptuelles uniques de notre espèce, et l'occasion que nous avons de mener l'évolution naturelle à de nouveaux sommets. Nous constatons que les êtres humains sont à une étape transitionnelle cruciale, entre notre héritage animal et notre futur posthumain.
La suite du texte montre que l’extropie n’a de sens qu’en se plaçant dans une perspective évolutionniste considérée comme une échelle montante, un tropisme de complexification ayant mené de la première cellule, fruit de la recombinaison de la « matière inerte », au néocortex et aux capacités humaines d’action transformatrice sur l’environnement. Arrêtons nous un instant car cette perspective n’est pas une évidence et ne fait pas l’objet d’un consensus scientifique clair.
En dehors de quelques fondamentalistes baptistes dont le nid se situe au sud-est des Etats-Unis[4], plus personne ne nie le fait, établi par la paléontologie, que la vie terrestre ait une histoire échelonnée sur des milliards d’années et que cette histoire soit celle d’une complexification d’abord des organismes passant de la cellule unique au pluricellulaire, puis de l’écosystème. Mais une fois constaté ce fait brut, indéniable, têtu, il reste à le comprendre et c’est là que les choses se gâtent et qu’intervient, qu’on le veuille ou non, un choix métaphysique.
Personne n’a encore pu synthétiser une cellule vivante au laboratoire. Les expériences de Miller, censées reconstituer en aquarium les conditions régnant dans les océans primitifs saturés d’hydrocarbures et frappés des foudres d’une météo convulsive, ont permis d’obtenir des acides aminés. Mais ceux-ci ne se sont pas combinés spontanément pour donner une cellule. Et de récentes études[5] ont montré d’une part que la synthèse de molécules organiques complexes s’effectuait très bien dans le vent stellaire, donc en plein espace extraplanétaire, que les comètes et autres poussières en regorgent, qu’elles ne sont pas altérées par le rayonnement solaire dès qu’elles sont protégées par une enveloppe d’argile d’environ 2 microns d’épaisseur ; d’autre part que Miller n’a pas choisi les bons composants chimiques. Il aurait reconstitué l’atmosphère de Jupiter et non celle de la Terre archaïque qui ressemblait davantage à Vénus[6].
Sur la foi des travaux de Löb et de Miller, on a longtemps pensé que la vie avait commencé spontanément dans les mers ; aujourd’hui, on penche pour une matrice d’argile. On cherche des processus d’auto-catalyse d’où aurait émergé un ARN primitif, des conditions non linéaires. Mais comme le principe de précaution implique de ne pas relâcher un micro-organisme tueur de la vie évoluée, on travaille systématiquement sur des molécules « droites » alors que la vie s’est construite exclusivement sur les molécules « gauches » ; si la chiralité importe dans le processus, on peut chercher encore longtemps[7]
Si la synthèse de la vie nous échappe, son histoire est tout aussi sujette à caution. La représentation arborescente classique donne lieu à de périodiques révisions, d’autant plus que la plupart des espèces primitives se sont éteintes sans descendance. En dehors du néo-darwinisme combinant mutations aléatoires et sélection adaptative, deux adjectifs plus métaphysiques que réellement scientifiques, des cosmologistes proposent l’existence dans l’univers d’une cinquième force fondamentale présente dès le Big Bang et responsable de la complexification croissante. Ils s’appuient sur le fait que la matière elle-même possède une histoire qui se traduit par la complexification ou néguentropie locale sur fond d’entropie globale[8]. Il y a les tenants du gradualisme, selon qui émergences et extinctions se font de manière continue, sans à-coups ; et ceux du cladisme pour qui le remplacement des espèces s’opère lors de ruptures cataclysmiques.
Les cosmologistes remarquent aussi que notre univers est extrêmement improbable. Il repose sur quelques constantes fondamentales comme la constante de gravitation, la constante de Planck, la singularité que représente la vitesse de la lumière, etc. Disons une demi-douzaine de paramètres clefs. Traduits dans les unités de mesure que nous avons élaborées en comptant sur nos doigts (système décimal) et en choisissant la Terre comme référent (système métrique), ils ne tombent évidemment pas juste, il y faut des décimales et/ou des puissances négatives de 10 qui les rendent d’autant plus impressionnants mais l’on pourrait fort bien adopter une métrique qui les égalerait tous à 1. On s’aperçoit alors qu’il suffirait d’une infime variation de l’une ou l’autre, un univers à gravitation 0,8 ou 1,2 par exemple, pour que l’histoire de la matière tourne court ou que l’émergence du vivant ne puisse avoir lieu[9].
Un tel constat repose évidemment la question métaphysique. Y a-t-il une intelligence et/ou une volonté créatrice à l’œuvre ou tout ce gigantesque édifice dont la Terre n’est qu’une poussière résulte-t-il du hasard ? Si l’on décèle ou si l’on postule un « endroit » dont l’univers mesurable ne serait que « l’envers »[10], s’agit-il d’un Esprit de type hégelien, purement immanent et qui monterait vers l’auto-conscience au travers de l’intelligence de ses productions ? S’agit-il d’un Dieu transcendant ? Voire les deux à la fois comme le clame la théologie chrétienne ? Y a-t-il finalité ? Peut-on lire un « dessein intelligent » dans la complexification de l’écosystème au cours du temps ?
Encore un point pour éclairer le débat. Depuis les travaux essentiels du mathématicien Gregory Chaitin, on ne peut plus assimiler suite aléatoire, donc nombre aléatoire, donc forme aléatoire du résultat d’une mesure au hasard métaphysique qui est absence d’intentionnalité et de causalité. En effet, Chaitin a pu faire la jonction entre théorie des nombres et théorie de l’information, établir qu’une suite aléatoire équivaut à un programme minimal – avec pour cerise sur le gâteau que la minimalité n’est pas démontrable et que, donc, l’aléatoirité d’un nombre ou d’une suite de nombres ne l’étant pas plus, il s’agit et ne peut s’agir que d’une notion intuitive[11]. Bien entendu, Chaitin n’a pas vu ce qu’entraînait sa découverte et les théoriciens des autres sciences se sont hâtés de l’ignorer, du moins en France où l’idéologie des Lumières relayée par l’Union Rationaliste maintient un terrorisme intellectuel de bon aloi.
Mais cela signifie que des résultats de forme aléatoire n’impliquent PAS l’absence d’intentionnalité et que, plus sioux encore, leur caractère aléatoire ne peut être que supputé, postulé mais NON démontré.
Ce qui, en toute rigueur, signifie que la science se trouve dans une situation kantienne telle que la métaphysique « négative » (absence de Dieu, pour dire vite) n’est pas plus économique au sens du rasoir d’Occam que la métaphysique « positive ». La riposte de Laplace à Napoléon qui lui parlait de Dieu, « sire, je n’ai pas besoin de cette hypothèse », n’a pas de sens et ne mérite plus que de figurer au musée des illusions scientifiques avec l’impetus, le phlogistique et l’ether.
Les extropiens ont fait le choix métaphysique d’éliminer de leur raisonnement l’éventualité d’un être transcendant créateur d’un univers dynamique. C’est leur choix, leur croyance. Mais qu’il soit clair aujourd’hui que ce n’est qu’une croyance à laquelle ils pourraient appliquer leur volonté de critique de tous les dogmes.
Je leur conseille de méditer les travaux de Gregory Chaitin.

(à suivre…)

[1] Mais d’où l’improbable est banni autant que faire se peut ; et servi prédigéré quand on ne peut absolument pas l’éviter, comme les jours de tsunami.
[2] Cheese…
[3] Sur le site www.extropy.org
[4] Et qui, paradoxalement, ont mal lu leur Bible car le Poème de la Création ne fait pas intervenir la parole créatrice divine pour chaque espèce. Dieu donne globalement la fécondité vitale à la terre et à la mer (« Que les eaux grouillent… », « Que la terre produise… »), la mention des espèces garantissant plutôt ce qu’on appelle aujourd’hui la biodiversité.
[5] Voir en particulier Jean Heidmann, Intelligences extra-terrestres, Odile Jacob, Paris, 1992 ; Florence Raulin-Cerceau, Pierre Léna, Jean Schneider et al. Sur les traces du vivant, de la terre aux étoiles, Le Pommier, 2002.
[6] Miller utilise un mélange méthane, ammoniac, hydrogène, vapeur d’eau + arc électrique. Il trouve alors de l’acide cyanhydrique HCN, le formaldéhyde HCHO, et plusieurs acides aminés : HCO + HCHO + NH3 => NH2-CH2-CN + H2O, aminonitrile, et NH2-CH2-CN + 2H2O => NH2-CH2-COOH + NH3, glycine. L’expérience avait déjà été réalisée en 1913 par Walther Löb (1872-1916) avec du CO2, de l’ammoniac et de la vapeur d’eau + décharges électriques. En fait, elle est de plus en plus difficile à mener à bien quand on passe progressivement du méthane au CO2. Or les atmosphères de Vénus et de Mars sont dominées par le CO2, ce que tout suggère pour la Terre primitive.
[7] « Droite » et « gauche » : il s’agit du sens de déviation de la lumière polarisée frappant une molécule.
[8] Voir Hubert Reeves, L’heure de s’enivrer : l’univers a-t-il un sens ?, Seuil, Paris, 1986 pour une vulgarisation plutôt bien faite de cette théorie.
[9] Un affaiblissement de la gravitation empêche la formation des galaxies, des étoiles, des planètes et donc de la vie, l’univers reste un gaz de particules ; son renforcement le renvoie prématurément dans un trou noir.
[10] Voir Raymond Ruyer, La Gnose de Princeton, Calmann-Lévy, Paris.
[11] Ces travaux ont fait l’objet d’une communication dans La Recherche en 1979 sous le titre « Les suites aléatoires et la démonstrabilité mathématique » si ma mémoire est bonne, donc un numéro introuvable aujourd’hui en dehors de la BN. On aura plus vite fait de taper « Gregory Chaitin » sur Google.