Sunday, January 28, 2007

Une info de l'Alliance pour la Vie

Bioéthique et Eglise : de l’affrontement au débat

Après les échanges houleux autour du Téléthon, l'Eglise peut-elle encore s'exprimer sur la place publique à propos de la vie ?
Grand débat de l'Université de la Vie
Sous l’égide de l'Alliance pour les Droits de la Vie
Face-à-face exceptionnel entre deux journalistes emblématiques :
Jean-Yves NAU, Le Monde, spécialiste de bioéthique
Gérard LECLERC, France Catholique, spécialiste de l’Eglise
Animé par Tugdual Derville, Délégué général de l’Alliance pour les Droits de la Vie
le 7 février 2007 à 20h30 précises
Centre ASIEM - 6 rue Albert de Lapparent - 75007 Paris (métro Ségur)
Entrée libre
http://www.adv.org


Je ne sais pas si je pourrai m'y rendre, merci à ceux qui pourront y aller de me faire un compte rendu sur le forum du blog.

Saturday, January 20, 2007

Un courriel de "psy en mouvement"

De :
mobilisation@psy-en-mouvement.com
A :
genevieve.beduneau
Date :
20/01/2007 13:16
Objet :
3 Actions pour faire Front contre les amendements Accoyer.

Cher(e)s collègue(s) et ami(e)s de la psychothérapie, bonjour,
Vous pouvez retrouver l'intégralité de cette information ci-dessous ou bien en cliquant sur ce lien :http://www.psy-en-mouvement.com/lire_news.php?id=421Voici une bonne et une mauvaise nouvelle, ainsi qu'une proposition d'action pour mercredi prochain au Sénat.La mauvaise nouvelle : J’ai le regret de devoir attirer une nouvelle fois votre attention sur, non pas un Amendement Accoyer comme en octobre 2003, mais sur deux nouveaux amendements, votés à l'Assemblée nationale jeudi 11 janvier 2007. En tant que président du groupe UMP de l'Assemblée nationale, M. Accoyer a fait voter à ses députés, dans le cadre d'un projet de loi sur le médicament, deux amendements, dans une nouvelle offensive contre les psychothérapeutes, et ce contre l'avis du gouvernement, qui avait annoncé des décrets d'application après une large concertation.Vous savez que ces toutes nouvelles dispositions législatives sont en contradiction avec le décret de l'Article 52 de la loi du 9 août 2004, qui réglemente l'usage du titre de psychothérapeute. Ce décret a été préparé par le gouvernement en négociation avec l'ensemble des organisations de psys, depuis plus de deux ans. Sa dernière mouture allait être remise la semaine prochaine au Conseil d’Etat pour avis. Juste avant, ces nouveaux amendements viennent en retirer tout le bénéfice de la concertation, pour laquelle nous devons remercier le ministre de la Santé, Xavier Bertrand.Que visaient ces deux nouveaux ''Amendements Accoyer '' ? Faire disparaître les psychothérapeutes et fermer leurs écoles de psychothérapie, qui sont pour l'instant les seuls lieux où peut s’enseigner correctement l’art de ce métier, apprécié par 87 % de ceux (8 % de la population française) qui assument de confier, à leurs frais, leurs problèmes psychiques, pour mieux s'en trouver. Or – et M. Accoyer le sait bien – on n'a pas fermé la faculté de médecine qui a formé le médecin gourou de la secte du « Temple solaire », qui a sévi dans les parages de sa circonscription. On n'a pas non plus fermé tous les IUFM qui ont assuré la formation de quelques enseignants reconnus comme maltraitants à l'égard de certains enfants ! Alors, pourquoi un traitement différent dans un cas similaire ?Pourquoi tant de haine contre les psychothérapeutes et ces organismes privés de formation à la psychothérapie ? Pourquoi un tel acharnement personnel de M. Accoyer contre les psychothérapeutes ? J’avais posé la question en 2003, j’ai eu la réponse en 2006 ; mais il ne m’appartient pas de la divulguer puisqu’elle a un caractère privé. La bonne nouvelle : La Commission du Sénat refuse à l’unanimité ces amendementsCe mercredi 17 janvier, la Commission des affaires sociales du Sénat n’a pas été dupe de l’absence d’intérêt général des nouveaux amendements. Elle a voté à l’unanimité leur retrait pur et simple. Elle a ainsi signifié aux Français qu’ils auraient nui au dispositif de la politique de santé mentale en France, et a préféré suivre la voie de la concertation avec les professionnels mise en œuvre par le ministre de la santé, Xavier Bertrand, dans de nombreux dossiers, comme celui des ostéopathes, très semblables à celui des psychothérapeutes.C’est pourquoi j’en appelle à nouveau à la mobilisation pour soutenir la sagesse sénatoriale le mercredi 24 janvier, afin que la Haute assemblée suive massivement l’avis de sa Commission et invalide ces deux amendements Accoyer, comme l’a précédemment recommandé le gouvernement aux députés, ceci afin de permettre l’achèvement du processus d’élaboration démocratique et participatif du Décret de l’Article 52, auquel se sont associés le ministre Gilles de Robien et de surcroît le Premier ministre Dominique de Villepin. Notre proposition d'action pour le jour de l'examen au Sénat de ces amendements Accoyer : Pour cela, notre organisation, qui regroupe toutes les catégories de professionnels de la psychothérapie (psychiatres, psychologues, psychanalystes et psychothérapeutes), propose 3 types d’action pour le 24 Janvier 2007 derrière un seul mot d’ordre : ''Des psychothérapeutes dignes et fiers de leur métier'' : =>Première action : - PRESENCE au Sénat : Des psychothérapeutes dignes et fiers de leur métier, en phase avec la sagesse sénatoriale''Nous proposons de donner rendez-vous à tous les psychothérapeutes pour une présence la plus conséquente possible au Sénat le mercredi 24 à 14 h devant le parvis où seront remis des badges ''Psychothérapeute digne et fier(e) de son métier'', afin d'en occuper les tribunes dignement durant les débats. Nous montrerons ainsi notre affirmation d’être compétents, motivés et éthiques. Nous n'y serons pas dans la revendication, étant donné que nous avons confiance en la sagesse du Sénat. Mais nous manifesterons cependant tranquillement notre refus et notre indignation de nous voir régulièrement stigmatisés comme des incompétents, des charlatans ou des abuseurs de personnes fragiles. Cela suffit ! Cette diffamation systématique ne peut persister ! Nous nous sentons dignes et fiers de notre métier. Cela doit être clairement dit. Soyons nombreux pour le montrer.=>Deuxième action : - TRANSPARENCE vis-à-vis du public : ''Des psychothérapeutes dignes et fiers de leur métier, face au public : JOURNEE PORTES OUVERTES des Cabinets le 24 janvier !''Ce même jour, les psychothérapeutes solidaires de cette action qui ne pourront pas se rendre au Sénat laissent les portes de leurs cabinets ouvertes au public pour des consultations qui respectent la déontologie, mais sans rendez-vous et gratuites (avec une priorité au respect des séances prévues ce jour-là, lesquelles seront cependant gratuites) !Télécharger l'affichette à cette adresse : http://www.psy-en-mouvement.com/doc/affichette.pdf=>Troisième action : - COMMUNICATION aux sénateurs et à la presse : ''Des psychothérapeutes dignes et fiers de leur métier'' : Chaque psychothérapeute diffusera auprès de son sénateur notre Lettre Ouverte ci-jointe et réunira un comité local, afin d'organiser des conférences et des communiqués de presse sur ce sujet avant mercredi 24 janvier.Une conférence de presse nationale organisée par PsY en mouvement se tiendra mercredi 24 au soir à Paris après le vote du Sénat.La mobilisation de chacune et chacun est essentielle.
Bien à vous,
Bruno Dal-PaluPrésident de PsY en mouvement
http://www.psy-en-mouvement.com/lire_news.php?id=421


Friday, January 19, 2007

Tradition, modernité, identité

Lors du deuxième ou du troisième colloque de Politica Hermetica, Léon Poliakov que nul ne soupçonnera de racisme sauf à vider tous les mots de leur sens poussait un cri d’alarme. Il mettait en garde les plus enthousiastes des militants de l’anti-racisme et de l’humanisme universaliste contre le rejet excessif de toute problématique identitaire, appelait à reprendre en compte le besoin d’identité collective et d’enracinement, à en accepter la légitimité, sans quoi le retour du refoulé se ferait dans la violence et d’autant plus violemment qu’il aura été écarté du discours. Non seulement Poliakov a parlé dans le vide mais, depuis ce colloque mémorable, on a tant vu mettre en œuvre la puissance de la loi pour des broutilles – tandis que le filet avait un maillage des plus léger lorsqu’il s’agissait de délits importants, voire de crimes – que la violence n’est déjà plus totalement évitable.
Je ne sais plus qui avait dit cette phrase sublime : « L’antisémitisme aura disparu quand on pourra traiter un juif de con pas parce qu’il est juif mais parce qu’il est con. » Remplacer antisémitisme par racisme et juif par tout ce qu’on veut, black, chinois, martien, aldébaranien à peau verte zébrée de violet, etc. Nous en sommes très loin. Je ne sais même pas si la loi, aujourd’hui, me permettrait de transcrire ici les meilleures histoires que certains de mes amis juifs ou blacks racontent sur eux-mêmes. Et l’auteur de la phrase sublime que je viens de citer avait oublié un cas : celui du juif con qui préfère croire que c’est parce qu’il est juif, l’antisémitisme étant plus flatteur pour son ego que la connerie. Continuant donc d’accuser son détracteur d’antisémitisme, il entretient artificiellement la tension, culpabilisant tout ce qui bouge – ce qui lui assure un sentiment triomphal d’impunité[1] qui l’amène fatalement à faire et dire tant que, par un effet pervers compréhensible, son excès déclenche un sursaut de révolte et ramène un nouvel antisémitisme.
C’est exactement ce que prédisait Poliakov à la manière de Cassandre. Nous en sommes pratiquement à ce stade surtout dans les zones où l’afflux d’immigrés s’accompagne de violences et de la formation de bandes de voyous. Que ces bandes ne soient pas très différentes dans leurs mœurs des « blousons noirs » à peau blanche contre lesquels ma maman me mettait en garde dans mon adolescence, chacun et tous l’oublient comme nous avons oublié les « apaches » de la Belle Epoque au profit des canotiers de Renoir. Pourtant, à relire Eugène Sue… Mais ce masquage par le « racisme » de la réalité d’une minorité de voyous contre lesquels il serait plus qu’urgent de sévir, quelle que soit leur couleur de peau, leur religion affichée ou que sais-je, ne peut qu’alimenter la rage impuissante, d’autant plus impuissante qu’au nom de l’anti-racisme, on lui interdit même l’expression verbale. Or tous les psychologues savent que le non-dit, le non dicible, finit par sortir par un passage à l’acte ; d’ailleurs, c’est bien pour l’éviter que les premiers moines avaient inventé la confession, le dévoilement des pensées à son père spirituel. Un lieu pour dire et se dire.
Un forum auquel je participe de temps à autre, intitulé le forum courtois car il regroupe des auditeurs de Radio Courtoisie, vient d’être fermé par son hébergeur forumactif.com sous une accusation de racisme[2]. Or les intervenants, dans leur ensemble, n’exprimaient que leur réaction devant des délits et des crimes impunis, leur rejet du communautarisme surtout quand, combiné à cet « anti-racisme » officiel, il aboutit à des identités licites, celles qui s’originent ailleurs, et une identité illicite, la mémoire du ou des peuples qui ont façonné la France au cours des siècles, ce qui est tout de même d’une absurdité sans nom. Mais au risque de passer pour la pire des vipères lubriques et des tigresses de papier, j’ose affirmer que je suis aussi attachée, parmi mes ancêtres, aux vignerons de Givry qu’aux paysans angevins qui chouannèrent dans les haies de la Vendée militaire, aux ventres à choux de l’ouest qu’aux ventres jaunes de Bresse, aux marins et aux éleveurs de vaches, aux languedociens d’avant François 1er qu’à cet arrière-grand-père toscan qui portait le nom d’une ville. J’ose affirmer que ces ancêtres qui sentent la glèbe de chez nous, au sud de la Loire le plus souvent, sauf les Bretons et les Comtois, sont aussi respectables que s’ils avaient vécu dans la brousse congolaise ou nomadisé dans le sud saharien. Ce qui n’ôte rien à l’honneur de ces derniers.
Nous avons tous des ancêtres et, plus important encore, une mémoire profonde de ce passé qui nous a engendrés et pas seulement de manière animale. Toute la psychogénéalogie témoigne de l’importance de ces mémoires, de leur poids sur le destin de chacun de nous, un poids d’autant plus fort et contraignant qu’il est non dit[3]. J’en ai vu moi-même un exemple. Lors d’un stage de Rêve Eveillé Dirigé, une jeune femme s’est vécue comme un volcan en explosion. Rien dans ce scénario ne correspondait à sa problématique personnelle. L’animateur du stage m’a téléphoné pour savoir si ce volcan correspondait à quelque chose dans l’histoire ou dans la mythologie comparée[4]. A ses explications, Pascal et moi avons immédiatement identifié le volcan : Thèra, l’île égéenne de Santorin dont l’explosion plus dévastatrice que celle du Krakatoa sonna vers –1470 le glas de plusieurs civilisations, dont en premier la Crète minoenne. La jeune femme à qui notre ami proposa notre hypothèse acquiesça : elle avait des ancêtres crétois mais, jusque là, ne s’en était jamais vraiment préoccupée. Mais cela signifie que cette sourde mémoire peut rester active durant 30 siècles, ce qui couvre presque toute l’histoire connue par des documents écrits, de l’âge du bronze à nos jours. Le nier pour des raisons idéologiques n’empêchera pas cette mémoire refoulée de rester puissante. La culpabiliser, c’est préparer de graves névroses dont nul ne peut prévoir les conséquences à la fois individuelles et collectives.

(à suivre)

[1] Souvenons nous de la définition d’Audiard : « les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. »
[2] Qu’on se rassure, un nouveau forum est né de ses cendres, tel un phénix, mais chez un autre hébergeur et, comble d’ironie pour une sensibilité en général souverainiste, avec une inscription européenne. Voir http://radiocourtoisie.leforum.eu/
[3] Voir par exemple Anne Ancelin Schützenberger, Aïe mes aïeux !
[4] Qui sont mes principales casquettes.

Monday, January 15, 2007

A propos des commentaires

J'ai découvert ce matin une vingtaine de commentaires à modérer quand j'ai enfin eu le temps de passer à la nouvelle version de blogger.
Mille excuses : j'ignorais jusque là que je devais tout modérer avant que ce soit publié ! J'ai supprimé les doublons et les spams, c'est tout. Mais du coup, j'ai découvert des messages que je n'avais pas eu le temps de lire. Et qui semblent passionnants. Merci à tous. Je vous invite à rejoindre le forum du blog, plus pratique pour les échanges. Sur la liste de liens.
Mille excuses à ceux qui râlent d'avoir à ouvrir un compte Google pour répondre. Je n'y suis pour rien. Blogger a changé, semble-t-il, ses règles de fonctionnement. Comme j'ai été surbookée ces derniers temps, je n'avais pas pu m'en apercevoir.
Et moi qui grognais parce que personne ne semblait répondre ! Merci à tous. je vais répondre, mais message après message car tout d'un coup, c'est immense.

Quelques réflexions de Josick Croyal

Josick m'a envoyé quelques réflexions que je poste ici car elles me semblent longues pour les commentaires ou le forum :

A une nouvelle relation m'ayant fait confiance en me donnant
à tester son projet, j'ai parlé d'un montage que j'ai fait ce dimanche... Et
dans la foulée, j'y ai ajouté ces citations pouvant vous intéresser.....
....Faudra quand même voir à l'usage. Mais cette non finition
fait écho à la très belle remarque de ton copain Thierry Gaudin : "Qu'est-ce
que la pensée ?Les voies de la pensée sont impénétrables. Je ne chercherai pas à
définir la pensée. Définir signifie mettre une fin, en d'autres termes plaçer
des limites, alors que, pour moi, la pensée ne s'exerce pleinement que dans la
liberté. Elle transcende par nature les limites, les interdits, les
cloisonnements, les commandements. Celui qui dit "je m'exprime en tant que
spécialiste de telle discipline ou en tant que représentant de telle
institution" affirme d'entrée de jeu qu'il renonce à penser
."Donc je me
retrouve dans une situation décrite par Jaffelin dans son "Pour une théorie de
l'information générale" sous titré "tractatus logico-ecologicus", cela en écho
au "tractatus logico-philosophicus" de Wittgenstein
:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::Petit interméde
relatif au cheminement m'ayant mis en contact de cette terminologie qui semble
en mettre plein la vue :::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::
En octobre de l'année dernière, j'ai rendu visite à Armel
Larochelle à Québec, lequel fait un écho positif à Jaffelin (ce dernier -ayant
enseigné à la Sorbonne - et étant fou de rage d'être cité par Armel,
totalitarisme que je ne supporte pas. Il n'avait qu'à pas PUBLIér.).
Curieusement, Armel ressemble un peu physiquement à mon voisin de 75 ans,
Bernard Gaudin, celui là qui utilise la reconnaissance vocale pour écrire sur
son PC (il a entre autre travaillé pour Charitas International -embauché parce
qu'il avait fait une photo qui avait tapé dans l'oeil du directeur de cette
organisation- et a fait entre autre un rapport remis en main propre au Pape Paul
VI). Sur le site d'Armel, copie d'un mail de Michel Begin (il n'est pas content
lui non plus, mais plus tolérant), un scientifique québécois qui fait l'effort
de regarder en dehors du système officiel. J'ai pris contact avec lui et nous
avons échangé. Il a m'a invité chez lui lorsque j'étais au Québec. A Montréal,
j'ai acheté pas mal de bouquins d'occasion dont le "Penser avec les mains" de
DeRougemont. Note amusante : alors que je repérais les lieux pour mon départ du
Canada, je fini par m'asseoir sur un banc pour discuter avec une personne. Un
jeune homme viens s'asseoir à ma gauche et ouvre son mac qu'il vient de
récupérer chez le réparateur. Je vois écrit sur l'écran un nom composé et engage
la conversation lui demandant s'il ne connaissait pas un certain Michel Bégin :
c'est son oncle. Et lui, il connait la musique, ira faire des études à
Vienne...A mon sens, c'est "Penser avec la main" qui me semblait plus juste. Et
j'ai eu l'idée de chercher sur Internet qui avait déjà utilisé cette expression.
C'est ainsi que j'ai découvert Wittgenstein et son tractatus. Quelques jours
après, je prenais contact avec Jaffelin dont j'avais trouvé le tel sur internet,
mais pas le site. Il me donne très gentiment l'adresse de ce dernier. C'est
ainsi que j'ai découvers son tractatus... dont je vais te citer un passage
ensuite. Il y a quelques jours, Michel Begin, suite à une de mes réflexions sur
"l'engin", m'indique le site de Thierry Gaudin qui s'avére être une relation à
toi. Le monde est bien petit et ...plein de clins
d'oeil.
:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::fin
d'intermède:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::
En page 164 de son Tractatus (c'est ainsi qu'il -Jaffelin-
l'appelle), il décrit une situation d'apprentissage que je vais pouvoir
expérimenter comme si je partais de zéro (maîtrise musculaire non acquise) avec
ce XXXXXXXX. Je n'ai pu encore lire ce livre dans son intégralité, mais
l'ayant parcouru au hasard, j'ai bien aimé ce que je te transcris (cela n'a rien
d'extraordinaire)."Nous avons tous remarqué que notre cerveau, que notre
mémoire ou que notre pensée n'est jamais encombrée. Au contraire, plus nous
apprenons de choses, plus nous développons des habiletés dans un domaine ou en
un autre, et plus les choses sembles s'éclaircir. En fait c'est parce que notre
mémoire ou notre pensée fonctionne de mieux en mieux. Elle s'informe de plus en
plus vite
. Prenons un exemple saisissant. Lorque nous commençons à
apprendre le violon, nous ne savons ni comment tenir l'archet, ni comment poser
nos doigts sur le manche, ni combiner les deux mouvements. Tout cela semble
extrêmement complexe. Tellement que beaucoup abandonnent avant même de
commencer. Puis lorsque nous avons fait l'effort de maitriser cette
synchronisation, nous jouons une note, fausse évidemment, puis deux notes, etc.
Au bout de quelques semaines de travail, nous sommes capables de jouer une pièce
simple, et ainsi de suite. Notre cerveau n'a pas stocké tout le déroulement de
notre apprentissage de telle sorte que nous soyons obligés de le recommencer à
chaque fois que nous reprenons le violon. L'accélération du processus se perçoit
justement dans le fait que l'habileté va en s'accroissant. Tout devient
apparemment de plus en plus simple alors que les gestes effectuées deviennent de
plus en plus complexes. Car l'information du cerveau s'effectue de plus en plus
vite. Voici encore une illustration du principe d'équivalence entre
accélération, complexification, irréversibilité et information. (...)
Il s'est passé pendant tout ce cheminement une création
accélérée de niveaux d'information qui n'étaient nullement présents avant que
nous ne commencions le processus d'apprentissage.Pour se faire une petite idée
du fonctionnement de l'apprentissage, de la mémoire et de la pensée, telles que
je les conçois, il faudrait imaginer le fonctionnement d'un ordinateur qui
créerait lui-même de nouveaux niveaux logiques tout en accroissant à chaque fois
la fréquence de son horloge interne afin d'accélérer d'autant, non pas "le
traitement des informations", mais son information même, c'est à dire son
accélération/complexification/sélection/etc. On se rend compte que ce processus
n'a rien à voir avec l'idée de mémoire dont se dont dotés les chercheurs en
"intelligence artificielle".Mais l'apprentissage de mouvements du corps n'est
pas la seule activité de la pensée. Il est une activité plus complexe qui
consiste à apprendre à produire des concepts. Le concept
être humain permet de reconnaître tout être humain malgré les perceptions différentes.
Le concept permet d'unifier le divers, de faire une différence avec des
différences.Un concept est donc une idée qui ne correspond à aucune perception
en particulier. Il est une création. Mais cette idée n'est pas non plus stockée.
Elle est constamment réactualisée, c'est-à-dire resélectionnée en fonction des
perceptions et des changements. On pouvait penser, par exemple, il y a
vingt-cinq sciècles, que le concept de cygne était associé à la couleur blanche.
Lorsqu'on a découvert des cygnes noirs, on n'a pas eu besoin d'inventer un
nouveau concept. On a simplement "rafraîchi" l'ancien. Eh bien, on pourrait
dire, par exemple, qu'un dogmatique c'est quelqu'un qui refuse de rafraîchir ses
concepts en fonction des changements qu'il perçoit. Il prend ses concepts pour
la seule réalité. Chose que nous faisons tous très couramment. Apprendre à
penser consiste à apprendre à réactualiser ses concepts. Pour cela, il faut être
comme disait Einstein, dans un perpétuel état d'émerveillement (mais pas
l'émerveillement niais que dénonçais Spinoza). Il faut reconnaître que ce n'est
pas toujours facile dans le monde actuel.
.."
Je trouve intéressant Jaffelin quoique j'estime douteux
l'exemple du cygne qui témoigne de... Par ailleurs, le problème est qu'il manque
de discernement dans sa reconnaissance humaine dont il se veut pourtant le
héros. Il semble rejeter d'entrée ce qui n'est pas estampillé "Sorbonne" ou
assimilié "officiel", jetant tout à la fois le bébé et l'eau du bain (le
sentiment d'universalisme, de finalité qu'il combat, milieu dans lequel émerge
le foetus qui doit s'en détacher pour naître vraiment -perte de eaux préalable à
la naissance, à l'érection de la nouveauté)

Friday, January 12, 2007

Identité, tradition, modernité et soupe au cochon

Lorsque j’avais écrit mes Impertinentes contributions… , j’avais le sentiment que le débat entre tradition et modernité n’intéresserait qu’une poignée d’intellectuels lecteurs d’Eléments ou d’Esprit et je ne les ai publiées sur ce blog que parce que ce gros article était resté dans mes tiroirs, mon éditeur potentiel partageant ce préjugé. Mais entre temps, avec le retour du sentiment religieux et du communautarisme, donc des questions d’identité dont Léon Poliakov avait prévu le caractère explosif, ce débat de frange a retrouvé une certaine actualité, une actualité de plus en plus brûlante même puisqu’il conditionne des actes de justice : l’interdiction des distributions de soupe au cochon de l’association SDF (Solidarité des Français) à Paris par le préfet Mutz, le référé cassant cette interdiction puis le Conseil d’Etat cassant le référé en est un exemple aussi récent que paradigmatique. Car de quoi s’agit-il, sinon de l’interdiction faite à certains d’afficher leur identité culturelle afin de ne pas exclure les membres de communautés dont l’identité religieuse implique des interdits alimentaires ? Ce qui signifie qu’il y aurait des identités respectables, celles des minorités, et des identités dont le devoir serait de s’effacer, celles de la majorité au moins officielle. On arrive à des absurdités logiques en plus de la connerie qui consiste, au nom d’idéologies mal définies, à refuser un bol de soupe aux plus démunis. Lesquels ne voient qu’une chose : ils ont faim et on leur refuse à manger pour leur bien ! Nous atteignons là le fond de la sottise. Il faudrait créer le prix Dame Bêtise et faire monter publiquement le préfet Mutz sur le podium coiffé d’un bonnet d’âne.
Mais comme il semble qu’une certaine unanimité se retrouve de blog en blog sur la bêtise du fait, j’aimerais aborder la question de fond, les embrouillaminis logiques auxquels amène le non-dit et l’écart de plus en plus grand entre le pays réel et le pays légal, pour reprendre la distinction de Maurras. Je ne me crois pas maurrassienne mais cette distinction m’a toujours paru lumineuse.
Remarquons d’abord que ce qui pose problème, c’est l’identité collective. Pour l’identité personnelle, j’aurais envie de dire, non sans méchanceté, que la carte du même nom suffit à régler si ce n’est escamoter la question. Pourtant, il n’est pas inutile de comparer. Un amnésique est toujours une personne, fondamentalement unique, mais on sait qu’il doit reconstruire son identité, redécouvrir adulte ce qu’il est, ce qu’il peut, tout son rapport au monde. L’identité ne se conçoit pas sans mémoire et n’a de sens que par rapport à une altérité. Le premier apprentissage d’un bébé, c’est de différencier moi et l’autre ou plus exactement les autres, d’identifier maman, papa, les autres membres de la famille et du cercle amical. On voit que le processus identitaire est l’un des plus fondamentaux de l’homme.
Jusqu’où peut-on transposer ce processus à la formation des entités collectives que les Grecs nommaient εθνος, ethnie différenciée, par opposition au γενος, le groupe familial uni par la parenté biologique, et au λαος, collection d’individus interchangeables ?

(à suivre)