Sunday, December 02, 2007

Lettre ouverte à Fadela Amara

Anne-Lorraine, 23 ans, poignardée par un violeur récidiviste auquelelle tentait de résister…
Quelqu'un de mes amis a demandé ce qui se serait passé si elle avait été voilée.
Si Anne-Lorraine avait porté autre chose que la burqa, je pense qu'elle aurait couru autant de risques, même avec le foulard. On parle d'elle mais combien de filles d'origine maghrébine ou africaine se font violer dans les cités et dans l'indifférence générale ? Pour ma part, je serais révoltée de la même façon quelle que soit la couleur de peau de la victime. Dans les romans arthuriens, on juge de la qualité d'un royaume au fait qu'une pucelle peut voyager seule sans se faire agresser. Nous sommes aujourd'hui très très loin d'un pays civilisé, je suis au regret de le dire.
Quant au fait que le violeur soit turc... il n'y a pas si longtemps que dans certains coins de France, on voyait les mêmes drames avant que l'immigration ait atteint les sommets actuels et que les tribunaux acceptaient le discours fallacieux selon lequel une jolie fille avait "provoqué", du moment qu'elle s'habillait normalement et pas avec un sac à patates.
Le mot insupportable dans cette affaire, c'est "récidiviste".
Lors du traité entre les rois franc, ostrogoth et burgonde, qui tient en 6 lignes sur le parchemin, l'accord portait sur trois crimes dont les auteurs ne pouvaient trouver refuge dans un autre royaume : le meurtre, le viol et le vol. Les rois s'engageaient à poursuivre le coupable fugitif. Ce traité est l'ancêtre lointain d'Interpol. Il me semble significatif que le viol soit alors mis sur le même plan que le meurtre.
On avait réussi à changer les mentalités sur ce point, à faire admettre que la victime d'un viol est une vraie victime - et ça, que les machos me le pardonnent, c'est un des points du combat "féministe" que j'ai toujours soutenu, de toutes mes forces. Dix ans plus tard, tout est à recommencer. J'espère que la résistance d'Anne-Lorraine à son agresseur va déclencher un sursaut chez les femmes.
Et j’aurais apprécié que Fadela Amara s’exprime. D’où cette lettre ouverte.

Madame la Secrétaire d’Etat,

Lorsque vous avez fondé Ni putes, ni soumises après que Sohane Benziane ait fini brûlée vive au milieu des poubelles pour avoir refusé de céder à un petit macho de banlieue, j’ai applaudi. J’ai suivi la marche des femmes que vous organisiez, avec sympathie et même ferveur. Je trouvais simplement très triste qu’il vous faille recommencer un combat que nous n’avions cessé de mener dans ma génération et qui semblait porter enfin du fruit dans les années 90.
Je ne me définis pas par une étiquette politique. D’ailleurs « gauche » et « droite » n’ont plus guère de sens, les clivages réels sont plus complexes et j’ai décidé à 20 ans que je ne m’encarterai nulle part mais que je soutiendrai les initiatives intéressantes d’où qu’elles viennent. Cette marche me semblait de celles qu’il fallait conforter.
Mais je me trompais sur votre compte. Ce n’était pas la dignité des femmes que vous défendiez, semble-t-il aujourd’hui. C’était uniquement la dignité des femmes immigrées. Votre silence devant la mort d’Anne-Lorraine Schmitt, morte de trente coups de couteau dans le RER D pour avoir résisté à son violeur me donne la nausée.
Ah certes, Anne-Lorraine était intégrée, elle, « souchienne » même selon l’odieux jeu de mot ministériel, fille de militaire, « Petit Oiseau » à la Légion d’Honneur, scoute, journaliste stagiaire, chrétienne, blonde naturelle en plus… Faut-il vous rappeler, Madame la Secrétaire d’Etat, qu’elle n’a pas plus que vous ou que Sohane choisi sa naissance ? Y aurait-il des filles à défendre et des filles qu’on peut laisser violer et tuer dans le RER sans un mot ? Je n’ose penser que votre silence vienne d’une solidarité ethnico-culturelle quelconque avec le violeur meurtrier…
Certes, votre ministre Christine Boutin était présente à ses obsèques. Mais cela ne vous déchargeait pas du devoir de dire un mot de compassion, de révolte devant le crime d’un récidiviste, vous qui avez la langue si bien pendue d’ordinaire !
Madame, vous ne m’avez pas seulement écoeurée aujourd’hui. Vous m’avez déçue. Vous avez déçu toutes les femmes. C’est pire.
Permettez moi de ne pas vous saluer.

Sunday, October 28, 2007

Avant que la nuit ne tombe... (1)

« A force de regretter le passé, de détester le présent et de redouter le futur, nous nous sommes nous autres Français de vieille souche et d’antique tradition, nous nous sommes englués de délectation morose et inversée. Et cela nous pousse à voir dans tout ce qui paraît bon un mensonge, dans tout ce qui est mauvais la confirmation presque gratifiante de nos craintes et de nos objurgations, et finalement à détester tout ce qui fait notre quotidien. »
Serge de Beketch, cité par le père Jean Paul Argouarc’h lors de son homélie aux obsèques de l’auteur.

Une nuit tombe – mais est-ce vraiment la nuit ? Pourquoi l’amour du passé devrait-il nous faire redouter le futur ? Et détester le présent ?
Ce que j’ai détesté, pour ma part, et qui me blesse encore, ce n’est pas tant le présent que l’orientation prise par notre société à coup d’idéologies mille fois rapetassées, de nervosité fébrile, de grisaille, de laideur, de modes superficielles, d’anonymat urbain. Ce que j’ai détesté, c’est voir de ma fenêtre grenobloise un homme qu’on faisait monter dans une voiture sous la menace d’une arme, un homme qui criait au secours alors que je n’avais aucun moyen de le secourir, pas même un téléphone. Ce que j’ai détesté, c’est ce marécage des routines où se perdent les ardeurs et les idéaux, c’est d’avoir à goûter des sentiments tels que le mépris ou la colère impuissante.
D’autres que moi, sentinelles isolées aux remparts de la cité, ont pressenti la tombée de la nuit. Je songe à Louis Pauwels qui mettait en exergue la phrase du poète : « Que puis-je dire, que puis-je écrire avant que la nuit ne tombe ? » Je songe à mes amis guénoniens prophètes du Kali Yuga, à Serge de Beketch lui-même. Mais toujours leur regard la traversait et de toute leur ferveur, ils ont espéré l’aube. « Comme un veilleur attend l’aurore… »
Nous avons déjà vécu tout cela, comme le faisait remarquer Aimé Michel dans ses articles de Planète. Notre terroir a déjà vu déferler par vagues successives des peuples en migration dont les mœurs plus rudes bousculaient l’esthétisme, la science et la liberté de comportement des Romains hellénisés. L’empire d’occident s’est effondré au profit d’une poignée de royaumes régis par un droit communautaire et coutumier[1], l’école a régressé, la langue parlée s’est éparpillée en dialectes. D’Augustin d’Hippone à Boèce, on ne compte plus les cris de regrets et d’angoisses devant la fin d’un monde. Un siècle plus tard lève la plus féconde moisson de sainteté que virent jamais les Gaules. Puis reviendront les arts, les sciences, les lettres : en cinq siècles, tout est rebâti, tout est renouvelé dans un tel état de grâce que ce « moyen âge classique » malgré toutes ses contradictions et ses déchirures prend une dimension mythique et ne cesse de vivifier notre civilisation.
Je ne verrai pas l’aube suivante, mais je l’espère de toute mon âme. Si je ne me berce pas d’illusion sur la nuit qui tombe et qui sans doute emportera la civilisation européenne, occidentale, du moins pour un temps, le temps de la vanner sur l’aire et de séparer le grain de la paille, je crois qu’il y aura un regain et que tout cet effort de beauté, de connaissance, de liberté, des cathédrales aux chorals de Bach, des tableaux de Poussin ou de Vermeer à L’oiseau de feu de Stravinsky, ne s’abîmera pas à jamais et ne sera pas vain. Je crois que les portes de l’enfer ne prévaudront pas sur l’Eglise du Christ. Je crois aussi qu’on ne pourra pas stériliser à jamais la pensée humaine.
Comme au jour de mes 20 ans, je crois encore en l’amour soleil…
(à suivre)

[1] Au prévenu qu’on amenait devant lui, la première question que posait un juge mérovingien, c’était : « quelle est ta loi ? » Es-tu Romain de droit écrit, Franc ou Goth soumis à la compensation coutumière du wergeld, Juif devant obéir aux préceptes de la Torah, Grec, Phénicien, Perse ?

Monday, October 08, 2007

In memoriam Serge de Beketch

Serge de Beketch vient de mourir ce samedi 6 octobre, à la limite du dimanche 7, dans le jour liturgique (qui commence à Vêpres car "il y eut un soir, il y eut un matin") de la fête des saints martyrs Serge et Bacchus, l'un comme l'autre pouvant apparaître comme ses saints patrons ! L'humour de Dieu aurait-il répondu à l'humour du satiriste ?

La première fois que j'ai lu Serge de Beketch, c'était dans Pilote, le Pilote hebdo de Goscinny qui n'était encore connu que des initiés et qu'on se passait avec des mines de conspirateur. Il y voisinait avec des gens qui eurent leur succès plus tard comme Gotlieb ou F'murr. J'ai même retrouvé avec émotion il y a deux ans chez un bouquiniste une réédition d'un album de son héros Thorkaël.
Curieusement, j'ai bien mis deux mois quand j'ai découvert Radio Courtoisie à la fin des années 80 pour relier le satiriste du mercredi soir au scénariste de BD qui m'avait enthousiasmée 20 ans plus tôt. Puis il a repris la rédaction en chef de Minute et c'est pour moi la seule période où ce magazine fut lisible, que je sois d'ailleurs d'accord ou non avec les articles. Je n'en ai pas raté un seul numéro. Merci à lui pour m'avoir fait découvrir des auteurs comme ADG ou des livres comme "Sire" de Jean Raspail...
Tout cela pour dire que Serge, c'est une présence restée dans mon horizon depuis plus de quarante ans, ce qui finit par compter. Par un tour de cochon comme la vie sait en jouer, je ne l'ai rencontré en chair et en os que lors d'un repas d'amis en juin dernier et, par un autre tour de cochon, etc., il cherchait à me joindre sans savoir que la petite bonne femme en face de lui était l'auteur qu'il voulait inviter à son émission. Troisième tour de cochon, etc., c'était trop tard et ni l'un ni l'autre ne le savait.
Il avait vieilli, ces derniers temps. Quelle banalité ! Il lui restait du courage, du punch, de l'humour mais je ne le suivais pas dans tous ses centres d'intérêt. Je lui reprochais d'inviter à la fois, dans des domaines controversés comme la question des OVNI, des gens intéressants et de grands naïfs.
Je n'avais pas non plus le même point de vue sur l'avenir de Radio Courtoisie.
Malgré ces divergences, c'est sur son émission que je me précipitais en priorité quitte à me lever très tôt pour pouvoir écouter la rediff ou, dans certains cas, à sacrifier une partie de ma nuit. Adieu, Serge !

Je sais, et c'est dans la liturgie, "il n'y a pas d'homme qui vive et qui ne pèche pas". Je suis de ceux qui réagissent à l'ancienne, préférant devant la mort prier pour que Dieu efface les péchés de celui qui vient de partir vers les cieux et l'accueille dans sa Lumière.
Ce qui veut dire aussi effacer en nous-même les différends, quels qu'ils soient. Cela s'appelle l'absoute.
"Seigneur, ô Amour ineffable, souviens toi de ton serviteur défunt".

Sa biographie wikipedia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Serge_de_Beketch

Je voulais ajouter un lien vers sa bibliographie de bédéiste mais impossible aujourd'hui de retrouver le site sur lequel j'arrivais tout droit hier.

Mes condoléances à sa famille.

Wednesday, September 26, 2007

Esprit végétal




Je viens de découvrir un jeu fascinant : comment transformer une photo de vacances banale en un somptueux kaléidoscope.

Ainsi retravaillée, la forêt sous la falaise devient un mandala, support potentiel de méditation, porte sur un monde transfiguré.

Le plus intéressant, c'est que rien n'est prévisible, sauf la couleur dominante et le nombre de branches de l'étoile, qui dépendent du filtre.

Enfant, les kaléidoscopes m'émerveillaient...

Monday, September 03, 2007

Lumière 101

Que l’on me permette de saluer la naissance de Lumière 101, la webradio qui promet de devenir la plus inventive de la Toile. J’y donne rendez-vous à mes lecteurs pour de Libres Entretiens sur les thèmes qui nous tiennent à cœur, pensée mythique, identité, limites de l’humain et courants profonds de l’histoire. Ils y retrouveront aussi Jean Gilles Malliarakis (L’insolent), Olivier Pichon (de Monde et Vie), Georges Lane (économiste : plus libéral, tu meurs ou tu animes un site de plus…), Jean Luc de Carbuccia qui créa la première Lumière 101, sur 101 Mhz, à la grande époque des radios libres, Marie Ordinis (tout le théâtre, encore du théâtre et rien que du théâtre… mais quel théâtre !), le docteur Mélennec, entre droit, justice, culture, le docteur Madeleine Allonnier sur la médecine scientifique, sans compter tous ceux qui viendront s’agréger à l’équipe…
D’ores et déjà un premier aperçu, sur le site en construction :
http://lumiere101.com/

Sunday, July 29, 2007

Forum du pays réel et de la courtoisie

Saluons la naissance de ce nouveau forum dont voici le bandeau d'accueil :

Oui, bienvenue aux visiteurs et aux membres de ce
forum.
Il se veut un
espace libre de courtoisie, d'esprit français, avec ce que cela comporte de
panache et
d'humour.
Nous sommes
unis par l'écoute de Radio Courtoisie, nous n'en sommes pas des
sectateurs.
Nous rendons hommage
aux bénévoles qui animent notre radio préférée et le blog qui en rassemble tant
d'informations importantes.

Souhaitons lui longue vie et surtout bonne fréquentation. N'oubliez pas celui de ce blog pour autant !

Saturday, July 21, 2007

Bannissements et devenir de l'homme

Je viens de me faire bannir d’un forum[1], un bannissement total qui ne permet même pas la lecture. La seule page qui s’affiche si je me connecte me répète inlassablement la sentence.
La violence, la puissance d’impact de ce bannissement pourtant sans surprise m’étonne. Je m’attendais à un deuil. Toute rupture d’un groupe entraîne un tel processus. L’expérience que je suis en train de vivre va bien au-delà. Pour intervenir dans une tribu virtuelle construite sur l’échange d’une parole écrite, la peine du ban garde toute sa force comme au temps des tribus et cités de la réalité « réelle ». Non, ce n’est pas un pléonasme. Cela signifie que la « réalité virtuelle » est une réalité à part entière dès lors que les relations qui s’y établissent entre les hommes sont perçues comme telles, lorsque des amitiés se nouent, des hiérarchies s’instaurent, qu’un groupe se structure et trouve sa propre dynamique.
Qu’est-ce qui rend si violente l’expérience du bannissement ? Sans doute son analogie profonde avec la mort. Les relations tissées avec le groupe, avec la parentèle qu’elle soit de sang ou d’esprit, se brisent dans le visible avec la même brutalité, la même immédiateté. L’aventure (bonne ou mauvaise, peu importe) se poursuit pour les autres mais le banni n’en saura rien[2]. Il ne fera plus partie de cet avenir. Il se heurte au mur du temps, selon la très belle et forte expression de Michel Jeury.
Il ne s’agit pas seulement d’abandonner et d’être abandonné, d’un vécu de rejet affectif réveillant les peurs de l’enfance. Comme la mort, le bannissement a quelque chose d’abrupt. Il dépouille et, d’une certaine manière, déstructure. Et là, nous touchons au mystère le plus profond de l’homme.
Homme, être social. Cette banalité recouvre beaucoup plus qu’elle n’exprime. Il existe des animaux sociaux comme les chevaux, les buffles, les loups ou les grands singes[3]. Même si leurs relations sont plus complexes qu’on ne le pensait il y a 15 ou 20 ans, la structure des sociétés animales semble ancrée dans l’instinct si ce n’est dans les gènes, immuable[4]. Si l’on trouve des traces chez l’homme de ce socle archaïque apparu chez l’animal, en particulier dans les hiérarchies spontanées[5], une des caractéristiques qui distingue l’humanité de l’ensemble des bêtes est la capacité de surmonter ces formes instinctives pour créer de nouvelles structures relationnelles. Toute la politique vient de là. La linguistique et l’ethnologie montrent à l’aube de l’homme la prédominance de la parenté biologique comme chez l’animal, avec tout son cortège de signaux de reconnaissance olfactifs, gestuels, mimétiques. Tout le travail d’acculturation accompli au cours des siècles a permis l’émergence d’autres modes de regroupement fondés non plus sur les sens mais sur les idées, les échanges, le verbe, le style dans le façonnage de la matière[6]. C’est en eux, de manière de plus en plus abstraite, que s’est réinstallée la reconnaissance identitaire et non plus dans les effluves de phéromones compatibles. Les derniers équivalents des échanges chimiques de l’animal furent des mots, des concepts, des idéologies, des modèles fondés sur des expériences de pensée[7]. Les forums d’Internet prennent aujourd’hui la suite des cités, des confréries, des clubs[8], des associations les plus diverses. Aimé Michel y aurait sans doute vu l’une des « extériorisations de fonction » qu’il percevait comme la suite du travail de l’évolution cosmique au sein de l’humanité, un travail qui, lentement mais sûrement nous extirpe de notre origine animale[9].
Au cours de ce travail libérateur croît la conscience d’être au pis une individualité, au mieux une personne. Les trois derniers siècles, en occident tout au moins, ont vu cette émergence paradoxale et conflictuelle, comme une crise d’adolescence à la mesure d’une civilisation. L’individu, avant que les intellectuels d’aujourd’hui ne cherchent à le déconstruire s’est posé en s’opposant à la société établie. Le paradoxe fut pascalien[10] : la quête d’individualisme du XVIIIe siècle ayant débouché sur les pires dictatures totalitaires de toute l’histoire – y compris le totalitarisme mou de la « pensée unique ».
Internet, morcelant ces sociétés « de masse » au profit de tribus non plus biologiques mais de parenté psychique[11], représente à cet égard une mutation beaucoup plus essentielle qu’on ne le croit, sans doute aussi importante que l’invention de l’écriture libérant la mémoire etamorçant l’histoire. Est-ce un fourvoiement spirituel comme le redoutent certains ? J’y verrais plutôt pour ma part un balbutiement, celui d’un mode de relations totalement dégagé de l’animalité, un mode que l’on ne peut plus appeler social. Mais ce mode n’est encore là qu’en germe à peine perceptible, bien qu’il ait été décrit et prophétisé par le Christ : l’interpénétration réciproque des personnes, autrement dit la communion des saints[12].
Jung a mis le doigt sur un autre aspect de ce germe : l’existence de l’inconscient collectif, un inconscient structuré qui rend compte aussi de l’individuation des groupes humains[13]. « L’homme est le chaînon tragique », m’écrivit Aimé Michel. La théologie chrétienne voit l’homme actuel, selon la parole de l’Apôtre[14], « mort en Adam » et appelé à « ressusciter en Christ ». On pourrait ajouter que si chacun de nous vit cette tension entre l’homme de la chute et celui de la Résurrection, l’inconscient collectif, l’égrégore de chaque groupe humain semble tendu entre société instinctive à la manière animale et communion des personnes libres. Les tribus psychiques des forums d’Internet ne permettent pas d’atteindre la seconde, sauf rares et d’autant plus précieuses exceptions. Elles ont bien souvent le défaut de tous les égrégores, une tendance à phagocyter leurs membres dans une modélisation close, plus ou moins inconsciemment totalitaire. Mais parce qu’elles permettent l’extériorisation de ce qui restait de l’instinct grégaire animal en l’homme, elles représentent une étape clef vers cette métamorphose lointaine.
Le bannissement d’une tribu biologique entraînait le plus souvent la mort de celui qui devait dès lors tout affronter seul : prédateurs, ennemis humains, faim et fièvre. Celui que la cité bannissait ne subissait qu’une mort sociale puisque, forcé de se fixer en terre étrangère, il perdait son statut de citoyen et devenait métèque, habitant de seconde zone en sorte, forcé à la passivité quant à la gestion de son lieu de vie. Le banni des forums, bien que sa mort soit purement verbale et virtuelle, anticipe certes en jeu de miroirs, en germe minuscule, mais anticipe cette mystérieuse catastrophe que le Christ désigne par le terme de « seconde mort » et qu’il ne faut pas confondre avec le néant puisque, dans les « ténèbres extérieures », « il y aura des pleurs et des grincements de dents » ce qui suppose déjà d’être et de posséder une certaine mémoire du corps.
[1] Ce bannissement suit ma propre décision de retrait pour des raisons que j’estime déontologiques. Il intervient à l’issue d’une crise interne dont le détail n’a pas sa place ici. Je n’ai pas de comptes à régler et je prie pour ne jamais entrer dans l’illusion d’en avoir.
[2] Ou n’en n’aura que des échos fragmentaires par la rumeur des steppes.
[3] Laissons de côté les insectes qui posent d’autres problèmes comme l’a montré Rémy Chauvin.
[4] Autant que quelque chose puisse l’être dans un monde en évolution – disons immuable jusqu’à la prochaine mutation génétique spécifiante.
[5] Le principe du chef, non pas idéologique mais vécu.
[6] C’est encore une banalité que de dire qu’une pagode chinoise diffère d’ un temple grec. Mais il n’est pas inutile alors de se souvenir que tous les nids d’hirondelle se ressemblent.
[7] La patrie, le führerprinzip, le communisme et la sortie de l’histoire, etc. Nous ne sommes sans doute qu’au début de ce processus d’abstraction des contenants de l’identité.
[8] Anglais ou sportifs…
[9] Pour en donner des exemples, la cuisine extériorise en grande partie la digestion, réduisant d’autant le besoin de sommeil ; l’écriture extériorise la mémoire, libérant ainsi la capacité créatrice, etc.
[10] « L’homme n’est ni ange ni bête et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête. »
[11] Comme l’avait pressenti Michel Maffesoli dès les années 1970.
[12] Relire les chapitres 16 et 17 de l’évangile selon saint Jean, le dernier enseignement du Christ à ses disciples quelques heures avant la déréliction de Gethsémani. Et que l’on me permette de redire ici la dette que j’ai envers Aimé Michel qui fut peut-être le plus grand penseur du XXe siècle – et le plus méconnu. C’est lui qui m’apprit à lire les prémices de l’eschatologie non seulement chez les mystiques (chez qui ils se voient comme le nez au milieu de la figure) et les saints mais aussi dans l’épaisseur de l’histoire.
[13] Il faudrait reprendre aux occultistes la notion d’égrégore pour décrire cette individuation collective (quel oxymore et pourtant quelle réalité !) d’un mot plutôt que d’une périphrase embrouillée ou d’un chapitre entier du manuel de psychologie sociale.
[14] Sans précision, c’est toujours de Paul que l’on parle.

Tuesday, May 01, 2007

Une conférence à ne pas louper

Des amis me demandent de prévenir (un peu ric rac, mais...) :

Jeudi 3 mai à 19 h 30

Centre Charlier, 70 Boulevard Saint-Germain, 75005 Paris (premier étage)


Conférence de Georges Dilliger


Désacralisée, la France devient folle


Entrée 8 euros, 4 euros pour étudiants et chômeurs
Suivie d’un buffet campagnard.

Pour s’y rendre : Métro Maubert-Mutualité, RER B et C (arrêt Saint-Michel), bus 24, 47, 63, 86, 87.


Georges Dillinger est géologue, professeur émérite au Museum d’Histoire Naturelle. Ses travaux sahariens lui ont valu la médaille d’argent de la recherche scientifique (CNRS). Il fait partie de nombreuses institutions nationales et internationales dont l’Académie des Sciences de New-York. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages aux Éditions GD dont : L’Algérie et la France, malades l’une de l’autre et Mai 68 ou la mauvaise graine.
Comme Théodore Monod, Dillinger fait partie de ces hommes de science auxquels le désert a donné un surcroît de profondeur et une parole totalement libre.
À l’issue de la conférence il dédicacera son dernier et récent ouvrage Désacralisée la France devient folle (Éditions Déterna)

Monday, March 12, 2007

Pétition des soignants

Reçu ce courriel de l'Alliance pour la vie :

URGENT
Il faut qu’un maximum de médecins, d’infirmières et d’autres soignants signent la pétition des soignants
« Non à l’euthanasie, Oui à une médecine à visage humain ! »
lancée par l’Association Convergences-Soignants-Soignés à l’initiative du professeur Olivier Jonquet
L’Alliance pour les Droits de la Vie soutient l’initiative du professeur Olivier Jonquet, chef du service de réanimation du CHU de Montpellier, qui souhaite rassembler des milliers de soignants (médecins, infirmières, autres professionnels du domaine paramédical) pour contrer la pétition, publiée hier par le Nouvel Observateur : plus de 2 000 soignants y prétendent avoir pratiqué l’euthanasie et réclament sa légalisation.
Au moment du procès de Saint-Astier et à l’approche d’échéances électorales cruciales, il est essentiel qu’une vaste mobilisation de soignants fasse barrage à ceux qui utilisent ce contexte pour forcer les politiques à légaliser l’euthanasie.
Plusieurs initiatives issues du milieu médical sont en train d’être prises qui, nous le souhaitons, contribueront à montrer que la communauté soignante est très majoritairement hostile à l’homicide légal.
C’est l'appel lancé par le professeur Olivier Jonquet que l'Alliance pour les Droits de la Vie et son président, le docteur Xavier Mirabel vous demandent de signer ou faire signer le plus vite possible par les médecins, infirmières ou autres professionnels de la santé qui vous sont proches. Cette pétition nous paraît la plus apte à rassembler très largement et sans aucun risque de compromission par rapport à toutes formes d’euthanasie.
Pour signer : http://www.adv.org/index.php?id=692&rid=t_12536&mid=90&aC=99b4df98&jumpurl=1
Merci de faire très vite.

Monday, February 05, 2007

Identité, tradition (3)

Revenir sur l’identité. Une discussion sur ce thème existe sur l’Agora du GRECE.
http://www.grece-fr.net/agora/index.php?showtopic=66
à partir d’un article de Robert de Herte paru dans la revue Eléments n°113, été 2004, sous le titre « Liberté, égalité, identité » et disponible à l’adresse
Robert de Herte écrit : « Un premier paradoxe est que l'identité désigne à la fois ce qui nous distingue des autres et à ce qui nous rend semblable à eux ou à certains d'entre eux. L'identité renvoie aussi bien au spécifique qu'à l'identique, au semblable qu'au dissemblable, à la différence qu'à la ressemblance. D'un côté, elle répond à une logique de définition du sujet (" qui suis-je ? "), de l'autre à une logique d'appartenance (" sur quoi se fonde ma sociabilité ? "). Dans le premier cas, elle dit en quoi je diffère de tout autre que moi. Dans le second, elle fonde le lien social qui m'unit à tous ceux qui partagent les mêmes valeurs symboliques, les mêmes pratiques sociales, les mêmes formes de langage. Le concept d'identité s'articule de façon dialectique à l'interface de l'appartenance et de la singularité. »
Une telle définition, aux yeux d’un théologien, n’est pas tenable car elle confond la personne unique avec l’identité, terme dont la parenté linguistique avec identique saute aux yeux ; ce n’est donc pas à la question « Qui suis-je ? » qu’elle répond, mais à une interrogation plus subtile : « A quoi suis-je identique ? » En d’autres termes, l’identité est une problématique de la nature, d’une nature travaillée par ce que j’ai, dans un article déjà ancien, nommé l’enhypostasiation, la tension vers l’unique. C’est, d’un certain point de vue, la question posée en hébreu par le nom de l’archange Michel, Mikael, « qui est comme Dieu ? » et l’on sait que les fonctions de cet archange sont triples. Il est le guerrier qui terrasse le dragon, qui le fixe de la rectitude de sa lance, vérité devenant axe du monde ; il est le diacre de la liturgie céleste préposé aux encensements, celui qui fait respirer aux fidèles le parfum de la présence divine ; il est enfin celui qui pèse les âmes dans la balance du jugement. Le combat, le rite et plus précisément ce qui se respire, l’évaluation.
A quoi, à qui suis-je identique ? Sans aucun doute aux autres hommes, par opposition à l’animal. La variabilité de l’ADN humain porte sur 0,1% du code génétique, ce qui signifie que toutes nos différences surgissent comme la vague sur l’océan, sur un fonds commun beaucoup plus essentiel. Est-ce à dire que ces différences sont à gommer ou à négliger ? Si nous étions des animaux, j’aurais tendance à répondre oui mais nous ne sommes pas des singes ou des chèvres ; chez nous, hommes, la biologie n’est que le substrat qui permet l’épanouissement de la culture.
A quoi, à qui suis-je identique ? D’abord à ceux qui parlent ma langue maternelle, langue de mots, de signes corporels, de gestes…
(à suivre)

Sunday, January 28, 2007

Une info de l'Alliance pour la Vie

Bioéthique et Eglise : de l’affrontement au débat

Après les échanges houleux autour du Téléthon, l'Eglise peut-elle encore s'exprimer sur la place publique à propos de la vie ?
Grand débat de l'Université de la Vie
Sous l’égide de l'Alliance pour les Droits de la Vie
Face-à-face exceptionnel entre deux journalistes emblématiques :
Jean-Yves NAU, Le Monde, spécialiste de bioéthique
Gérard LECLERC, France Catholique, spécialiste de l’Eglise
Animé par Tugdual Derville, Délégué général de l’Alliance pour les Droits de la Vie
le 7 février 2007 à 20h30 précises
Centre ASIEM - 6 rue Albert de Lapparent - 75007 Paris (métro Ségur)
Entrée libre
http://www.adv.org


Je ne sais pas si je pourrai m'y rendre, merci à ceux qui pourront y aller de me faire un compte rendu sur le forum du blog.

Saturday, January 20, 2007

Un courriel de "psy en mouvement"

De :
mobilisation@psy-en-mouvement.com
A :
genevieve.beduneau
Date :
20/01/2007 13:16
Objet :
3 Actions pour faire Front contre les amendements Accoyer.

Cher(e)s collègue(s) et ami(e)s de la psychothérapie, bonjour,
Vous pouvez retrouver l'intégralité de cette information ci-dessous ou bien en cliquant sur ce lien :http://www.psy-en-mouvement.com/lire_news.php?id=421Voici une bonne et une mauvaise nouvelle, ainsi qu'une proposition d'action pour mercredi prochain au Sénat.La mauvaise nouvelle : J’ai le regret de devoir attirer une nouvelle fois votre attention sur, non pas un Amendement Accoyer comme en octobre 2003, mais sur deux nouveaux amendements, votés à l'Assemblée nationale jeudi 11 janvier 2007. En tant que président du groupe UMP de l'Assemblée nationale, M. Accoyer a fait voter à ses députés, dans le cadre d'un projet de loi sur le médicament, deux amendements, dans une nouvelle offensive contre les psychothérapeutes, et ce contre l'avis du gouvernement, qui avait annoncé des décrets d'application après une large concertation.Vous savez que ces toutes nouvelles dispositions législatives sont en contradiction avec le décret de l'Article 52 de la loi du 9 août 2004, qui réglemente l'usage du titre de psychothérapeute. Ce décret a été préparé par le gouvernement en négociation avec l'ensemble des organisations de psys, depuis plus de deux ans. Sa dernière mouture allait être remise la semaine prochaine au Conseil d’Etat pour avis. Juste avant, ces nouveaux amendements viennent en retirer tout le bénéfice de la concertation, pour laquelle nous devons remercier le ministre de la Santé, Xavier Bertrand.Que visaient ces deux nouveaux ''Amendements Accoyer '' ? Faire disparaître les psychothérapeutes et fermer leurs écoles de psychothérapie, qui sont pour l'instant les seuls lieux où peut s’enseigner correctement l’art de ce métier, apprécié par 87 % de ceux (8 % de la population française) qui assument de confier, à leurs frais, leurs problèmes psychiques, pour mieux s'en trouver. Or – et M. Accoyer le sait bien – on n'a pas fermé la faculté de médecine qui a formé le médecin gourou de la secte du « Temple solaire », qui a sévi dans les parages de sa circonscription. On n'a pas non plus fermé tous les IUFM qui ont assuré la formation de quelques enseignants reconnus comme maltraitants à l'égard de certains enfants ! Alors, pourquoi un traitement différent dans un cas similaire ?Pourquoi tant de haine contre les psychothérapeutes et ces organismes privés de formation à la psychothérapie ? Pourquoi un tel acharnement personnel de M. Accoyer contre les psychothérapeutes ? J’avais posé la question en 2003, j’ai eu la réponse en 2006 ; mais il ne m’appartient pas de la divulguer puisqu’elle a un caractère privé. La bonne nouvelle : La Commission du Sénat refuse à l’unanimité ces amendementsCe mercredi 17 janvier, la Commission des affaires sociales du Sénat n’a pas été dupe de l’absence d’intérêt général des nouveaux amendements. Elle a voté à l’unanimité leur retrait pur et simple. Elle a ainsi signifié aux Français qu’ils auraient nui au dispositif de la politique de santé mentale en France, et a préféré suivre la voie de la concertation avec les professionnels mise en œuvre par le ministre de la santé, Xavier Bertrand, dans de nombreux dossiers, comme celui des ostéopathes, très semblables à celui des psychothérapeutes.C’est pourquoi j’en appelle à nouveau à la mobilisation pour soutenir la sagesse sénatoriale le mercredi 24 janvier, afin que la Haute assemblée suive massivement l’avis de sa Commission et invalide ces deux amendements Accoyer, comme l’a précédemment recommandé le gouvernement aux députés, ceci afin de permettre l’achèvement du processus d’élaboration démocratique et participatif du Décret de l’Article 52, auquel se sont associés le ministre Gilles de Robien et de surcroît le Premier ministre Dominique de Villepin. Notre proposition d'action pour le jour de l'examen au Sénat de ces amendements Accoyer : Pour cela, notre organisation, qui regroupe toutes les catégories de professionnels de la psychothérapie (psychiatres, psychologues, psychanalystes et psychothérapeutes), propose 3 types d’action pour le 24 Janvier 2007 derrière un seul mot d’ordre : ''Des psychothérapeutes dignes et fiers de leur métier'' : =>Première action : - PRESENCE au Sénat : Des psychothérapeutes dignes et fiers de leur métier, en phase avec la sagesse sénatoriale''Nous proposons de donner rendez-vous à tous les psychothérapeutes pour une présence la plus conséquente possible au Sénat le mercredi 24 à 14 h devant le parvis où seront remis des badges ''Psychothérapeute digne et fier(e) de son métier'', afin d'en occuper les tribunes dignement durant les débats. Nous montrerons ainsi notre affirmation d’être compétents, motivés et éthiques. Nous n'y serons pas dans la revendication, étant donné que nous avons confiance en la sagesse du Sénat. Mais nous manifesterons cependant tranquillement notre refus et notre indignation de nous voir régulièrement stigmatisés comme des incompétents, des charlatans ou des abuseurs de personnes fragiles. Cela suffit ! Cette diffamation systématique ne peut persister ! Nous nous sentons dignes et fiers de notre métier. Cela doit être clairement dit. Soyons nombreux pour le montrer.=>Deuxième action : - TRANSPARENCE vis-à-vis du public : ''Des psychothérapeutes dignes et fiers de leur métier, face au public : JOURNEE PORTES OUVERTES des Cabinets le 24 janvier !''Ce même jour, les psychothérapeutes solidaires de cette action qui ne pourront pas se rendre au Sénat laissent les portes de leurs cabinets ouvertes au public pour des consultations qui respectent la déontologie, mais sans rendez-vous et gratuites (avec une priorité au respect des séances prévues ce jour-là, lesquelles seront cependant gratuites) !Télécharger l'affichette à cette adresse : http://www.psy-en-mouvement.com/doc/affichette.pdf=>Troisième action : - COMMUNICATION aux sénateurs et à la presse : ''Des psychothérapeutes dignes et fiers de leur métier'' : Chaque psychothérapeute diffusera auprès de son sénateur notre Lettre Ouverte ci-jointe et réunira un comité local, afin d'organiser des conférences et des communiqués de presse sur ce sujet avant mercredi 24 janvier.Une conférence de presse nationale organisée par PsY en mouvement se tiendra mercredi 24 au soir à Paris après le vote du Sénat.La mobilisation de chacune et chacun est essentielle.
Bien à vous,
Bruno Dal-PaluPrésident de PsY en mouvement
http://www.psy-en-mouvement.com/lire_news.php?id=421


Friday, January 19, 2007

Tradition, modernité, identité

Lors du deuxième ou du troisième colloque de Politica Hermetica, Léon Poliakov que nul ne soupçonnera de racisme sauf à vider tous les mots de leur sens poussait un cri d’alarme. Il mettait en garde les plus enthousiastes des militants de l’anti-racisme et de l’humanisme universaliste contre le rejet excessif de toute problématique identitaire, appelait à reprendre en compte le besoin d’identité collective et d’enracinement, à en accepter la légitimité, sans quoi le retour du refoulé se ferait dans la violence et d’autant plus violemment qu’il aura été écarté du discours. Non seulement Poliakov a parlé dans le vide mais, depuis ce colloque mémorable, on a tant vu mettre en œuvre la puissance de la loi pour des broutilles – tandis que le filet avait un maillage des plus léger lorsqu’il s’agissait de délits importants, voire de crimes – que la violence n’est déjà plus totalement évitable.
Je ne sais plus qui avait dit cette phrase sublime : « L’antisémitisme aura disparu quand on pourra traiter un juif de con pas parce qu’il est juif mais parce qu’il est con. » Remplacer antisémitisme par racisme et juif par tout ce qu’on veut, black, chinois, martien, aldébaranien à peau verte zébrée de violet, etc. Nous en sommes très loin. Je ne sais même pas si la loi, aujourd’hui, me permettrait de transcrire ici les meilleures histoires que certains de mes amis juifs ou blacks racontent sur eux-mêmes. Et l’auteur de la phrase sublime que je viens de citer avait oublié un cas : celui du juif con qui préfère croire que c’est parce qu’il est juif, l’antisémitisme étant plus flatteur pour son ego que la connerie. Continuant donc d’accuser son détracteur d’antisémitisme, il entretient artificiellement la tension, culpabilisant tout ce qui bouge – ce qui lui assure un sentiment triomphal d’impunité[1] qui l’amène fatalement à faire et dire tant que, par un effet pervers compréhensible, son excès déclenche un sursaut de révolte et ramène un nouvel antisémitisme.
C’est exactement ce que prédisait Poliakov à la manière de Cassandre. Nous en sommes pratiquement à ce stade surtout dans les zones où l’afflux d’immigrés s’accompagne de violences et de la formation de bandes de voyous. Que ces bandes ne soient pas très différentes dans leurs mœurs des « blousons noirs » à peau blanche contre lesquels ma maman me mettait en garde dans mon adolescence, chacun et tous l’oublient comme nous avons oublié les « apaches » de la Belle Epoque au profit des canotiers de Renoir. Pourtant, à relire Eugène Sue… Mais ce masquage par le « racisme » de la réalité d’une minorité de voyous contre lesquels il serait plus qu’urgent de sévir, quelle que soit leur couleur de peau, leur religion affichée ou que sais-je, ne peut qu’alimenter la rage impuissante, d’autant plus impuissante qu’au nom de l’anti-racisme, on lui interdit même l’expression verbale. Or tous les psychologues savent que le non-dit, le non dicible, finit par sortir par un passage à l’acte ; d’ailleurs, c’est bien pour l’éviter que les premiers moines avaient inventé la confession, le dévoilement des pensées à son père spirituel. Un lieu pour dire et se dire.
Un forum auquel je participe de temps à autre, intitulé le forum courtois car il regroupe des auditeurs de Radio Courtoisie, vient d’être fermé par son hébergeur forumactif.com sous une accusation de racisme[2]. Or les intervenants, dans leur ensemble, n’exprimaient que leur réaction devant des délits et des crimes impunis, leur rejet du communautarisme surtout quand, combiné à cet « anti-racisme » officiel, il aboutit à des identités licites, celles qui s’originent ailleurs, et une identité illicite, la mémoire du ou des peuples qui ont façonné la France au cours des siècles, ce qui est tout de même d’une absurdité sans nom. Mais au risque de passer pour la pire des vipères lubriques et des tigresses de papier, j’ose affirmer que je suis aussi attachée, parmi mes ancêtres, aux vignerons de Givry qu’aux paysans angevins qui chouannèrent dans les haies de la Vendée militaire, aux ventres à choux de l’ouest qu’aux ventres jaunes de Bresse, aux marins et aux éleveurs de vaches, aux languedociens d’avant François 1er qu’à cet arrière-grand-père toscan qui portait le nom d’une ville. J’ose affirmer que ces ancêtres qui sentent la glèbe de chez nous, au sud de la Loire le plus souvent, sauf les Bretons et les Comtois, sont aussi respectables que s’ils avaient vécu dans la brousse congolaise ou nomadisé dans le sud saharien. Ce qui n’ôte rien à l’honneur de ces derniers.
Nous avons tous des ancêtres et, plus important encore, une mémoire profonde de ce passé qui nous a engendrés et pas seulement de manière animale. Toute la psychogénéalogie témoigne de l’importance de ces mémoires, de leur poids sur le destin de chacun de nous, un poids d’autant plus fort et contraignant qu’il est non dit[3]. J’en ai vu moi-même un exemple. Lors d’un stage de Rêve Eveillé Dirigé, une jeune femme s’est vécue comme un volcan en explosion. Rien dans ce scénario ne correspondait à sa problématique personnelle. L’animateur du stage m’a téléphoné pour savoir si ce volcan correspondait à quelque chose dans l’histoire ou dans la mythologie comparée[4]. A ses explications, Pascal et moi avons immédiatement identifié le volcan : Thèra, l’île égéenne de Santorin dont l’explosion plus dévastatrice que celle du Krakatoa sonna vers –1470 le glas de plusieurs civilisations, dont en premier la Crète minoenne. La jeune femme à qui notre ami proposa notre hypothèse acquiesça : elle avait des ancêtres crétois mais, jusque là, ne s’en était jamais vraiment préoccupée. Mais cela signifie que cette sourde mémoire peut rester active durant 30 siècles, ce qui couvre presque toute l’histoire connue par des documents écrits, de l’âge du bronze à nos jours. Le nier pour des raisons idéologiques n’empêchera pas cette mémoire refoulée de rester puissante. La culpabiliser, c’est préparer de graves névroses dont nul ne peut prévoir les conséquences à la fois individuelles et collectives.

(à suivre)

[1] Souvenons nous de la définition d’Audiard : « les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. »
[2] Qu’on se rassure, un nouveau forum est né de ses cendres, tel un phénix, mais chez un autre hébergeur et, comble d’ironie pour une sensibilité en général souverainiste, avec une inscription européenne. Voir http://radiocourtoisie.leforum.eu/
[3] Voir par exemple Anne Ancelin Schützenberger, Aïe mes aïeux !
[4] Qui sont mes principales casquettes.

Monday, January 15, 2007

A propos des commentaires

J'ai découvert ce matin une vingtaine de commentaires à modérer quand j'ai enfin eu le temps de passer à la nouvelle version de blogger.
Mille excuses : j'ignorais jusque là que je devais tout modérer avant que ce soit publié ! J'ai supprimé les doublons et les spams, c'est tout. Mais du coup, j'ai découvert des messages que je n'avais pas eu le temps de lire. Et qui semblent passionnants. Merci à tous. Je vous invite à rejoindre le forum du blog, plus pratique pour les échanges. Sur la liste de liens.
Mille excuses à ceux qui râlent d'avoir à ouvrir un compte Google pour répondre. Je n'y suis pour rien. Blogger a changé, semble-t-il, ses règles de fonctionnement. Comme j'ai été surbookée ces derniers temps, je n'avais pas pu m'en apercevoir.
Et moi qui grognais parce que personne ne semblait répondre ! Merci à tous. je vais répondre, mais message après message car tout d'un coup, c'est immense.

Quelques réflexions de Josick Croyal

Josick m'a envoyé quelques réflexions que je poste ici car elles me semblent longues pour les commentaires ou le forum :

A une nouvelle relation m'ayant fait confiance en me donnant
à tester son projet, j'ai parlé d'un montage que j'ai fait ce dimanche... Et
dans la foulée, j'y ai ajouté ces citations pouvant vous intéresser.....
....Faudra quand même voir à l'usage. Mais cette non finition
fait écho à la très belle remarque de ton copain Thierry Gaudin : "Qu'est-ce
que la pensée ?Les voies de la pensée sont impénétrables. Je ne chercherai pas à
définir la pensée. Définir signifie mettre une fin, en d'autres termes plaçer
des limites, alors que, pour moi, la pensée ne s'exerce pleinement que dans la
liberté. Elle transcende par nature les limites, les interdits, les
cloisonnements, les commandements. Celui qui dit "je m'exprime en tant que
spécialiste de telle discipline ou en tant que représentant de telle
institution" affirme d'entrée de jeu qu'il renonce à penser
."Donc je me
retrouve dans une situation décrite par Jaffelin dans son "Pour une théorie de
l'information générale" sous titré "tractatus logico-ecologicus", cela en écho
au "tractatus logico-philosophicus" de Wittgenstein
:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::Petit interméde
relatif au cheminement m'ayant mis en contact de cette terminologie qui semble
en mettre plein la vue :::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::
En octobre de l'année dernière, j'ai rendu visite à Armel
Larochelle à Québec, lequel fait un écho positif à Jaffelin (ce dernier -ayant
enseigné à la Sorbonne - et étant fou de rage d'être cité par Armel,
totalitarisme que je ne supporte pas. Il n'avait qu'à pas PUBLIér.).
Curieusement, Armel ressemble un peu physiquement à mon voisin de 75 ans,
Bernard Gaudin, celui là qui utilise la reconnaissance vocale pour écrire sur
son PC (il a entre autre travaillé pour Charitas International -embauché parce
qu'il avait fait une photo qui avait tapé dans l'oeil du directeur de cette
organisation- et a fait entre autre un rapport remis en main propre au Pape Paul
VI). Sur le site d'Armel, copie d'un mail de Michel Begin (il n'est pas content
lui non plus, mais plus tolérant), un scientifique québécois qui fait l'effort
de regarder en dehors du système officiel. J'ai pris contact avec lui et nous
avons échangé. Il a m'a invité chez lui lorsque j'étais au Québec. A Montréal,
j'ai acheté pas mal de bouquins d'occasion dont le "Penser avec les mains" de
DeRougemont. Note amusante : alors que je repérais les lieux pour mon départ du
Canada, je fini par m'asseoir sur un banc pour discuter avec une personne. Un
jeune homme viens s'asseoir à ma gauche et ouvre son mac qu'il vient de
récupérer chez le réparateur. Je vois écrit sur l'écran un nom composé et engage
la conversation lui demandant s'il ne connaissait pas un certain Michel Bégin :
c'est son oncle. Et lui, il connait la musique, ira faire des études à
Vienne...A mon sens, c'est "Penser avec la main" qui me semblait plus juste. Et
j'ai eu l'idée de chercher sur Internet qui avait déjà utilisé cette expression.
C'est ainsi que j'ai découvert Wittgenstein et son tractatus. Quelques jours
après, je prenais contact avec Jaffelin dont j'avais trouvé le tel sur internet,
mais pas le site. Il me donne très gentiment l'adresse de ce dernier. C'est
ainsi que j'ai découvers son tractatus... dont je vais te citer un passage
ensuite. Il y a quelques jours, Michel Begin, suite à une de mes réflexions sur
"l'engin", m'indique le site de Thierry Gaudin qui s'avére être une relation à
toi. Le monde est bien petit et ...plein de clins
d'oeil.
:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::fin
d'intermède:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::
En page 164 de son Tractatus (c'est ainsi qu'il -Jaffelin-
l'appelle), il décrit une situation d'apprentissage que je vais pouvoir
expérimenter comme si je partais de zéro (maîtrise musculaire non acquise) avec
ce XXXXXXXX. Je n'ai pu encore lire ce livre dans son intégralité, mais
l'ayant parcouru au hasard, j'ai bien aimé ce que je te transcris (cela n'a rien
d'extraordinaire)."Nous avons tous remarqué que notre cerveau, que notre
mémoire ou que notre pensée n'est jamais encombrée. Au contraire, plus nous
apprenons de choses, plus nous développons des habiletés dans un domaine ou en
un autre, et plus les choses sembles s'éclaircir. En fait c'est parce que notre
mémoire ou notre pensée fonctionne de mieux en mieux. Elle s'informe de plus en
plus vite
. Prenons un exemple saisissant. Lorque nous commençons à
apprendre le violon, nous ne savons ni comment tenir l'archet, ni comment poser
nos doigts sur le manche, ni combiner les deux mouvements. Tout cela semble
extrêmement complexe. Tellement que beaucoup abandonnent avant même de
commencer. Puis lorsque nous avons fait l'effort de maitriser cette
synchronisation, nous jouons une note, fausse évidemment, puis deux notes, etc.
Au bout de quelques semaines de travail, nous sommes capables de jouer une pièce
simple, et ainsi de suite. Notre cerveau n'a pas stocké tout le déroulement de
notre apprentissage de telle sorte que nous soyons obligés de le recommencer à
chaque fois que nous reprenons le violon. L'accélération du processus se perçoit
justement dans le fait que l'habileté va en s'accroissant. Tout devient
apparemment de plus en plus simple alors que les gestes effectuées deviennent de
plus en plus complexes. Car l'information du cerveau s'effectue de plus en plus
vite. Voici encore une illustration du principe d'équivalence entre
accélération, complexification, irréversibilité et information. (...)
Il s'est passé pendant tout ce cheminement une création
accélérée de niveaux d'information qui n'étaient nullement présents avant que
nous ne commencions le processus d'apprentissage.Pour se faire une petite idée
du fonctionnement de l'apprentissage, de la mémoire et de la pensée, telles que
je les conçois, il faudrait imaginer le fonctionnement d'un ordinateur qui
créerait lui-même de nouveaux niveaux logiques tout en accroissant à chaque fois
la fréquence de son horloge interne afin d'accélérer d'autant, non pas "le
traitement des informations", mais son information même, c'est à dire son
accélération/complexification/sélection/etc. On se rend compte que ce processus
n'a rien à voir avec l'idée de mémoire dont se dont dotés les chercheurs en
"intelligence artificielle".Mais l'apprentissage de mouvements du corps n'est
pas la seule activité de la pensée. Il est une activité plus complexe qui
consiste à apprendre à produire des concepts. Le concept
être humain permet de reconnaître tout être humain malgré les perceptions différentes.
Le concept permet d'unifier le divers, de faire une différence avec des
différences.Un concept est donc une idée qui ne correspond à aucune perception
en particulier. Il est une création. Mais cette idée n'est pas non plus stockée.
Elle est constamment réactualisée, c'est-à-dire resélectionnée en fonction des
perceptions et des changements. On pouvait penser, par exemple, il y a
vingt-cinq sciècles, que le concept de cygne était associé à la couleur blanche.
Lorsqu'on a découvert des cygnes noirs, on n'a pas eu besoin d'inventer un
nouveau concept. On a simplement "rafraîchi" l'ancien. Eh bien, on pourrait
dire, par exemple, qu'un dogmatique c'est quelqu'un qui refuse de rafraîchir ses
concepts en fonction des changements qu'il perçoit. Il prend ses concepts pour
la seule réalité. Chose que nous faisons tous très couramment. Apprendre à
penser consiste à apprendre à réactualiser ses concepts. Pour cela, il faut être
comme disait Einstein, dans un perpétuel état d'émerveillement (mais pas
l'émerveillement niais que dénonçais Spinoza). Il faut reconnaître que ce n'est
pas toujours facile dans le monde actuel.
.."
Je trouve intéressant Jaffelin quoique j'estime douteux
l'exemple du cygne qui témoigne de... Par ailleurs, le problème est qu'il manque
de discernement dans sa reconnaissance humaine dont il se veut pourtant le
héros. Il semble rejeter d'entrée ce qui n'est pas estampillé "Sorbonne" ou
assimilié "officiel", jetant tout à la fois le bébé et l'eau du bain (le
sentiment d'universalisme, de finalité qu'il combat, milieu dans lequel émerge
le foetus qui doit s'en détacher pour naître vraiment -perte de eaux préalable à
la naissance, à l'érection de la nouveauté)

Friday, January 12, 2007

Identité, tradition, modernité et soupe au cochon

Lorsque j’avais écrit mes Impertinentes contributions… , j’avais le sentiment que le débat entre tradition et modernité n’intéresserait qu’une poignée d’intellectuels lecteurs d’Eléments ou d’Esprit et je ne les ai publiées sur ce blog que parce que ce gros article était resté dans mes tiroirs, mon éditeur potentiel partageant ce préjugé. Mais entre temps, avec le retour du sentiment religieux et du communautarisme, donc des questions d’identité dont Léon Poliakov avait prévu le caractère explosif, ce débat de frange a retrouvé une certaine actualité, une actualité de plus en plus brûlante même puisqu’il conditionne des actes de justice : l’interdiction des distributions de soupe au cochon de l’association SDF (Solidarité des Français) à Paris par le préfet Mutz, le référé cassant cette interdiction puis le Conseil d’Etat cassant le référé en est un exemple aussi récent que paradigmatique. Car de quoi s’agit-il, sinon de l’interdiction faite à certains d’afficher leur identité culturelle afin de ne pas exclure les membres de communautés dont l’identité religieuse implique des interdits alimentaires ? Ce qui signifie qu’il y aurait des identités respectables, celles des minorités, et des identités dont le devoir serait de s’effacer, celles de la majorité au moins officielle. On arrive à des absurdités logiques en plus de la connerie qui consiste, au nom d’idéologies mal définies, à refuser un bol de soupe aux plus démunis. Lesquels ne voient qu’une chose : ils ont faim et on leur refuse à manger pour leur bien ! Nous atteignons là le fond de la sottise. Il faudrait créer le prix Dame Bêtise et faire monter publiquement le préfet Mutz sur le podium coiffé d’un bonnet d’âne.
Mais comme il semble qu’une certaine unanimité se retrouve de blog en blog sur la bêtise du fait, j’aimerais aborder la question de fond, les embrouillaminis logiques auxquels amène le non-dit et l’écart de plus en plus grand entre le pays réel et le pays légal, pour reprendre la distinction de Maurras. Je ne me crois pas maurrassienne mais cette distinction m’a toujours paru lumineuse.
Remarquons d’abord que ce qui pose problème, c’est l’identité collective. Pour l’identité personnelle, j’aurais envie de dire, non sans méchanceté, que la carte du même nom suffit à régler si ce n’est escamoter la question. Pourtant, il n’est pas inutile de comparer. Un amnésique est toujours une personne, fondamentalement unique, mais on sait qu’il doit reconstruire son identité, redécouvrir adulte ce qu’il est, ce qu’il peut, tout son rapport au monde. L’identité ne se conçoit pas sans mémoire et n’a de sens que par rapport à une altérité. Le premier apprentissage d’un bébé, c’est de différencier moi et l’autre ou plus exactement les autres, d’identifier maman, papa, les autres membres de la famille et du cercle amical. On voit que le processus identitaire est l’un des plus fondamentaux de l’homme.
Jusqu’où peut-on transposer ce processus à la formation des entités collectives que les Grecs nommaient εθνος, ethnie différenciée, par opposition au γενος, le groupe familial uni par la parenté biologique, et au λαος, collection d’individus interchangeables ?

(à suivre)