Wednesday, January 11, 2017

À propos des droits de l’homme dont on nous rebat les oreilles (ce texte co-écrit avec PascalPastor date de 1994)




Toutes les études de psychologie démontrent aujourd'hui l'importance de la mémoire non seulement individuelle mais familiale, ancestrale, dans la structuration du psychisme, et ses troubles. Un traumatisme vieux d'un siècle peut encore affecter aujourd'hui les descendants de celui qui l'a vécu. Or l'ethnologie tend à retrouver des processus analogues au niveau collectif. Qu'en est-il donc de notre mémoire historique ?
Sa transmission s'opère d'abord par le biais de l'école. Il n'est donc pas inutile de scruter les programmes du secondaire depuis Jules Ferry. Que l'intitulé soit « Histoire de France » ou « Histoire du monde », nous allons retrouver le même schéma directeur jusqu'à la réforme de 1968. La préhistoire est traitée par brefs coups de sonde, avec une insistance sur le Magdalénien et quelques mots des mégalithes. Le passage au néolithique n'est pas abordé. L'Antiquité se résume à l'Egypte, la Grèce et Rome. Les peuples combattus par ces puissances seront mentionnés mais pas étudiés pour eux-mêmes. Après un couplet sur les « invasions barbares », le haut moyen âge comporte Clovis, Frédégonde et Brunehaut, après quoi l'on passe à Charlemagne et Louis le Débonnaire. Une brève mention de Charles Martel nous amène aux Capétiens, mais leur histoire détaillée ne commence vraiment qu'avec Philippe Auguste et les croisades. A partir de là, on va insister sur les relations européennes, c'est à dire, en gros, la France, l'Angleterre, l'Empire d'Allemagne, l'Espagne et l'Italie, bref, les pays limitrophes. Le reste du monde apparaît avec la colonisation anglaise et française, l'indépendance américaine, et les deux guerres « mondiales ».
En d'autres termes, quelqu'un ayant terminé ses études secondaires avant 1968, s'il ne devient pas historien, ignore tout de la civilisation égéenne avant les Mycéniens, de Sumer et d'Akkad, de la Thrace, des Gaulois avant Rome. Ce qui a pu passer de ces cultures dans la nôtre n'a donc aucune chance d'être reconnu. Il n'aura pas plus de lumières sur le monde hellénistique après Alexandre, sur Byzance, sur la Russie de Kiev et, au delà, jusqu'à Pierre le Grand si ce n'est Lénine. L'une des conséquences sera l'ignorance totale de la pensée du monde chrétien orthodoxe, qui deviendra, dans cette vision tronquée, une simple « survivance » des temps primitifs. Lorsque des problèmes se poseront, à diverses reprises, dans les Balkans, on s'interdit ainsi de n'y rien comprendre. Mais notre homme n'a aucune idée non plus de l'Inde, de la Chine, de la Mongolie, si l'on excepte quelques lignes sur le voyage de Marco Polo, jusqu'à la colonisation, ni du Japon avant Pearl Harbour. A l'heure où la pratique du yoga et des arts martiaux se répand, la méconnaissance de l'histoire de ces peuples amène des contresens en série, ouvrant la porte à n'importe quels charlatans. Il ne sait rien, en outre, de la civilisation de l'Islam classique, sauf les dates clés des croisades. Si sa perception du monde islamique se résume aux discours haineux et simplistes des intégristes salafistes ou wahabbites, et à des histoires de foulards, la guerre de religion n'est pas loin !
Mémoire lointaine, direz vous, dans le temps et dans l'espace. Mais il ignore tout autant les peuples qui fondèrent l'Europe actuelle. Les pays nordiques n'évoquent que des images de drakkars, et, avec un saut de plusieurs siècles, les meubles en pin clair. L'Europe centrale apparaît comme une marche plus ou moins obscure, à l'identité incertaine. L'Arménie, la Géorgie et l'Irlande jusqu'au XIXe siècle sont rayées de la carte. L'Angleterre même commence à Guillaume le Conquérant. Or toutes ces cultures ont nourri la nôtre, et jusqu'à des époques très proches. Les méconnaître, c'est aussi perdre le sens de ce que nous sommes. Quant aux Amériques, à l'Afrique et à l'Océanie, ce sont des terres vierges jusqu'à la colonisation. Comment alors établir des relations, même commerciales, qui n'échouent pas lamentablement, malgré la meilleure bonne volonté ?
Ces manques se comprenaient partiellement à l'époque de Jules Ferry : les fouilles étaient en cours, les enquêtes ethnographiques aussi, les incertitudes restaient nombreuses. Leur persistance après 1918 et surtout après 1945 serait plus étonnante. Nous voyons ainsi se former une mémoire stéréotypée. Ajoutons que l'histoire se résume alors dans les manuels scolaires à un catalogue de guerres, à l'émergence de quelques techniques, aux arts et à un vague survol des institutions et des idées.
À partir de 1968, sous l'influence de l'École des Annales, on tient à réduire la part de l'événementiel pour faire l'histoire de l'économie et des mentalités, sur le long terme. On assiste alors à des regroupements thématiques, mais qui rendent floue la chronologie. Si le temps devient spongieux, le cadre géographique s'élargit. Jusque là, on disposait d'une mémoire stéréotypée de l'Europe occidentale et méditerranéenne. Désormais, on accède à la mémoire globale de l'humanité, mais sans réel repère. Les résultats furent tels que les historiens réclament à cor et à cris le retour à la chronologie. Il est encore assez timide pour que ces cris reprennent à chaque rentrée scolaire. Or, derrière les questions de dates, l'enjeu réel est celui de l'enchaînement causal et des responsabilités actives. Il ne s'agit pas de juger le passé, certes, de distribuer des bons et des mauvais points, mais de comprendre des processus. Pour ce faire, il est indispensable de savoir quoi précède quoi, de voir aussi quels problèmes se répètent, quelles questions, dans une époque donnée, traversent plusieurs cultures, quelles réponses seront données, comment leurs articulations engendrent de nouveaux processus. Notre présent en est tissé.
Cette altération de la mémoire est, certes, partiellement corrigée par les ouvrages de vulgarisation, les films et les émissions de TV. Mais nous retrouvons là,  forcément, une histoire éparpillée, dans le temps comme dans les thèmes abordés. Les thématiques elles-mêmes comportent de sérieuses lacunes. Les sciences, les techniques, les arts même pointent comme des archipels dans l'océan. Les techniques sont les mieux loties. Le parti-pris économiste ne peut les passer sous silence, tout simplement parce que leurs produits font l'essentiel des échanges commerciaux et des bouleversements sociaux. La science surgit par à-coups, sans que sa continuité interne soit apparente, sans surtout que ses enjeux et ses choix soient rendus clairs. Est-ce un hasard si l'on voit, dans les media, la rubrique « scientifique » présenter en priorité les innovations technologiques ? Toute la politique de la recherche dans les années à venir en dépend. Comment des gens habitués à confondre science et concours Lépine, science et bricolage industriel, pourraient-ils comprendre la nécessité de la recherche fondamentale ? Le droit enfin ne forme toujours pas un thème à part entière. Les institutions, les cadres législatifs, semblent, sinon tomber du ciel, du moins pousser par génération spontanée, ou n'être que des bricolages pour répondre à l'urgence de situations apparues par hasard ou parce que les gens sont méchants ! En d'autres termes, et par conséquent, le citoyen est appelé aux urnes périodiquement pour signer un chèque en blanc à des « représentants » dont il ne comprend ni l'action, ni la pensée directrice, ni les enjeux. Sait-il seulement que tout droit repose toujours sur une philosophie de l'homme et du social, et que ce ne sont pas les moindres problèmes que doivent résoudre les législateurs ? Mais les législateurs eux-mêmes, s'ils n'ont pas fait d'études de droit (où l'histoire occupe une bonne place), le savent-ils encore ? Qu'est-ce qui, alors, les guide dans leurs choix, à part l'urgence ? Et la fonction législative ne serait elle réservée, par voie de conséquence, qu'aux juristes et aux historiens ? Combien de parlements avons nous connu à majorité de professeurs, ou de juristes et d’avocats ? En outre, le temps libre et le dévouement nécessaires pour travailler à l'évolution juste du législatif manquent et donc ne permettent plus que l'on se pose la question fondamentale de la constitution de notre société. La réflexion politique, au sens général et fondamental du terme, ne serait-elle plus permise qu'aux professions libérales, aux fonctionnaires, aux cadres de syndicats, partis politiques ou associations ?
Revenons à la fameuse Déclaration de 1789 qui n'est en fait qu'une constitution déguisée. Il en existe une autre, préambule de la constitution de 1793, laquelle ne fut jamais appliquée. Une comparaison des deux textes s'impose, car les idées vagues et souvent plus affectives que raisonnées, qu'on se fait de la « démocratie » sont issues de confusions entre eux.
Dans ces deux textes, les articles 1 et 2 énoncent les « droits ». La Déclaration de 89 affirme : « 1. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ; les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. 2. Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme, ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression. ». Celle de 93 déclare : « 1. Le but de la société est le bonheur commun. Le gouvernement est institué pour garantir à l'homme la jouissance de ses droits naturels et imprescriptibles. 2. Ces droits sont l'égalité, la liberté, la sûreté, la propriété. 3. Tous les hommes sont égaux par la nature et devant la loi. »
Bonnet blanc et blanc bonnet ? Que non pas ! En 89, les hommes sont « libres et égaux en droit », il s'agit de la capacité juridique et de rien d'autre. Seules les associations politiques ont un but explicite. L'ordre des « droits » est aussi révélateur. 1. la liberté, ce qui n'a de sens que pour des individus. 2. la propriété, ce qui ne s'applique vraiment qu'aux nantis : la distinction entre « citoyens actifs » et « citoyens passifs » durant toute la période révolutionnaire, le suffrage censitaire, réservé à ceux qui peuvent payer un impôt, d'ailleurs assez cossu, vont dans ce sens. 3. la sûreté : à cet endroit du texte, c'est la garantie des deux autres. 4. la résistance à l'oppression, le seul de tous ces droits qui ne sera pas explicité dans la suite des articles. Nous pourrions y lire un plaidoyer pour le libéralisme, y compris et surtout économique. En d'autres termes, nous avons affaire à un texte rédigé par des juristes pour des notables, marchands, industriels et membres des professions libérales. C'est un projet sur l'homme, celui qui aboutira logiquement aux « Maîtres de forge » du XIXe siècle.
Dans le texte de 93, la société (et non les associations politiques comme en 89) a un but clairement établi, le bonheur, idée-force du XVIIIe siècle, même si nul n'a jamais pu le définir. Les « droits » sont énumérés dans un ordre qui, lui non plus, n'est pas neutre. 1. l'égalité : l'accent est mis sur une organisation non hiérarchique du social. 2. la liberté : nous retrouvons l'individu. 3. la sûreté : elle ne peut s'entendre ici que des personnes, et de la relation entre le collectif et l'individuel. 4. la propriété : en dernière position, elle signifie une potentialité ouverte, qui récuse donc toute forme de communisme autoritaire. Cette Déclaration exprime aussi un projet sur l'homme, mais très différent du premier. Il ne s'agit plus de lois favorisant l'émergence du libéralisme économique mais d'une recherche que l'on retrouvera dans les socialismes utopiques, de Proudhon et Fourrier jusqu'au mouvement hippie, en passant par la fédération anarchiste. Mais pourquoi tient on tant à ne voir que de l'utopie dans ces principes ?
Cependant, la Déclaration de 89, par les articles cités, hésite en permanence entre libéralisme économique et juridisme absolu. En effet, l'article 17 stipule que les propriétés individuelles peuvent être retirées au nom de « l'intérêt général », moyennant une « juste » indemnité préalable. Calculée au plus juste, sans doute ! Ainsi, l'administration peut ruiner les gens à son gré à condition de leur verser auparavant une quelconque clopinette. Cet article laisse dans le vague la question de transmission. Si quelqu'un peut, sans en être d'ailleurs assuré, jouir de ses biens jusqu'à la fin de sa vie, il pourrait aussi bien en être dépouillé tout en gardant l'usufruit. Mais l'héritage, lui, n'offre aucune garantie. Les lois ont d'ailleurs beaucoup varié sur ce point, et les taxes qui grèvent la succession, surtout lorsque le legs intéresse des collatéraux, voire des amis, la rendent souvent illusoire. En d'autres termes, la propriété réelle s'arrête à la mort, et ne représente donc bien qu'un usufruit déguisé. Toute la fameuse Déclaration joue ainsi sur le singulier générique (abstrait) et le pluriel (concret), par de savants tours de passe-passe[1]. En 93, par contre, l'article 16 n'offre aucune restriction : « Le droit de propriété est celui qui appartient à tout citoyen de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie. » Remarquons que la libre disposition implique le droit de transmission, et que ce dernier est absolu.
Mais poursuivons notre examen comparatif. Les articles 10 et 11 de 89 précisent ce qu'il en est de la liberté d'opinion : « 10. Nul ne doit être inquiété pour ses opinions même religieuses pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi. 11. La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement ; sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans le cas déterminé par la loi. » Conclusion (où l'on savoure le « même religieuses », ils sont bien bons, nos Raminagrobis de 89 !), la dictature de la loi est totale, puisque qu'elle définit à la fois « l'ordre public » et « l'abus » de la liberté de penser. Un seul mot serait superflu dans ce texte : « librement ». Nous ne sommes pas loin du politiquement correct ou de ces techniques de décision en usage dans certaines entreprises américaines, où le consensus doit être atteint sans aucun débat, sans argumentaire pour défendre les idées émises. On se contente de lancer des formules jusqu'à ce que l'une d'elle fasse l'unanimité. Technique redoutable car qui peut assurer que l'unanimité sur une phrase recouvre bien une compréhension identique de cette formule chez tous les participants ? Le contenu disparaît derrière le chatoiement sonore.
L'article correspondant de 93, le 7, sonne une autre musique : « Le droit de manifester la pensée et les opinions soit par voie de presse, soit de toute autre manière, le droit de s'assembler paisiblement, le libre exercice des cultes ne peuvent être interdits. La nécessité d'énoncer ces droits suppose ou la présence ou le souvenir récent du despotisme. » En d'autres termes, les légistes de 89 déplaçaient le droit de censure, du roi vers eux-mêmes, mais ne l'abolissaient pas. Dans le texte de 93, la liberté de penser et de dire est un absolu.
Un certain nombre de droits explicites en 93 n'existent pas en 89. Le libre choix du métier et la libre entreprise absolue (art. 17), l'interdiction de toute forme d'esclavage (art. 18), le droit à l'aide sociale décente (art. 21), ainsi qu'à l'instruction (art. 22), sans d'ailleurs que cette dernière soit obligatoire : le régime prévu est plus libéral que la loi scolaire de Jules Ferry. De même, le caractère temporaire des fonctions publiques, le refus de l'immunité parlementaire, le droit de pétition, inviolable et illimité, le droit à l'insurrection en cas d'abus de pouvoir, la possibilité de changer la constitution sont affirmés en 93, alors qu'en 89 ces points ne sont même pas abordés.
Les articles concernant l'impôt sont tout aussi instructifs. En 89 : « 12. La garantie des droits de l'homme et du citoyen nécessite une force publique. (...) 13. Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable ; elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés. 14. Les citoyens ont le droit de constater par eux mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée. » En d'autres termes, on paye pour la police et l'administration, et nous savons ce qu'il advint de ce principe : le vote annuel du budget par l'Assemblée, après quoi le percepteur a tout pouvoir ! En 93 : « Nulle contribution ne peut être établie que pour l'utilité générale. Tous les citoyens ont droit de concourir à l'établissement des contributions, d'en surveiller l'emploi et de s'en faire rendre compte. » Plus question de police ici, ni de gratte-papiers, et si le terme « utilité générale » reste vague, le droit de demander individuellement des comptes suggère déjà certains contenus.
Enfin, nous voyons que, en 89, le principe de souveraineté se trouve dans la nation, notion abstraite ou légaliste, et en 93, dans le peuple, notion réaliste.
Enfin pour ceux qui seraient intéressés par les principes du droit, et d'abord du droit constitutionnel, nous préciserons ceci : Un énoncé de loi ne se fait jamais isolément mais comme partie d'un ensemble systémique. Ainsi, faute de s'intéresser au problème social au XIXe siècle, on était arrivé au bord de la fracture et de la guerre civile qui eut effectivement lieu, en particulier lors de la Commune de 1871. Une loi fait partie d'un tout, et il faut considérer un élément dans le tout. Le risque, actuellement, est de ne percevoir les choses qu’au travers du droit pénal, commercial, international, européen... Un peu de sens des synthèses ne ferait point de mal ! D'autre part, l'ignorance des réactions et contre-réactions, comme dans un système vivant ou cybernétique, est remarquable chez nos élus français. La dialectique analyse-synthèse ne suffit plus. Il faut comprendre l'interaction entre le tout et la partie : c'est le but de la cybernétique, et de l'écologie au vrai sens scientifique du terme.
Reste encore un point important, le sabotage volontaire de systèmes efficaces : il suffit de faire modifier et accepter par des naïfs seulement quelques lois au nom des principes sus-nommés, mais à rebours, en destructif, pour saboter tout système. Voyez par exemple, l'Éducation Nationale, et les programmes scolaires. Durant plus de 40 ans, ce ne fut pas seulement de l'inefficacité mais du sabotage conscient dont le but est d'obtenir une population éduquée uniquement pour l'obéissance et l'exécution. Quand on veut changer un pays à long terme, dans quelque sens que ce soit, on s'occupe toujours d'abord de l'éducation de ses enfants. Le plus dangereux étant le couplage entre les programmes scolaires et l'incitation des médias. Il a pour fruit la confusion mentale, résultat du « bordel ambiant » de l'une et de l'incitation aux émotions autorisées de l'autre, et ce indépendamment des dévouements sans borne des enseignants et des journalistes, le trucage se faisant à très haut niveau dans ces deux secteurs. Le résultat est qu'une majorité de jeunes, actuellement entre 15 et 35 ans, préfèrent l'écoute de leurs sentiments à celui de la raison lorsqu'un problème survient. Voyez le fameux reproche : « Tu es dans le mental », si courant dans les sectes du New Age, mais ailleurs on n'a le droit de s'émouvoir que dans des circonstances bien balisées. Or on peut berner les impulsions émotionnelles, l'intellect beaucoup moins. Mais comme il ne s'agit pas de faire des citoyens responsables et clairs avec eux mêmes, la société et le cosmos, sauf pour ses cadres très supérieurs, mais des machines passives, aux indignations provoquées, au politiquement correct... !




[1] Voir à ce propos Arnaud-Aron Upinsky, Comment vous aurez tous la tête ou la parole coupée, O.E.I.L. 1990.

Tuesday, January 10, 2017

Un nouveau livre d'Alain de Benoist

Répercuté pour info, article de Patrice Péhèle

Le Moment populiste - Droite/Gauche c'est fini !

Debenoist-V1
L’extraordinaire défiance de couches de population toujours plus larges envers les « partis de gouvernement » et la classe politique en général, au profit de mouvements d’un type nouveau, qu’on appelle « populistes », est sans nul doute le fait le plus marquant des transformations du paysage politique intervenues depuis au moins deux décennies.
Le phénomène tend même à s’accélérer, comme l’a montré l’élection de Donald Trump, survenant quelques mois après le « Brexit » britannique. Partout se confirme l’ampleur du fossé séparant le peuple de la Nouvelle Classe dominante. Partout émergent de nouveaux clivages qui rendent obsolète le vieux clivage droite-gauche.
Mais que faut-il exactement entendre par « populisme » ? S’agit-il d’un simple symptôme d’une crise générale de la représentation ? D’une idéologie ? D’un style ? Ou bien le populisme traduit-il une demande fondamentalement démocratique face à des élites accusées de ne plus faire de politique et de vouloir gouverner sans le peuple ? C’est à ces questions que répond ce livre, qui part de l’actualité la plus immédiate pour situer les enjeux politiques, sociologiques et philosophiques du débat.
A quelques mois d’une élection présidentielle où le thème du populisme ne va pas manquer d’être discuté avec vigueur, Alain de Benoist publie un véritable manuel de la question.

Alain de Benoist, Le moment populiste, Pierre-Guillaume de Roux, 352 p., 23,90 €
(en librairie le 26 janvier).