Un(e) correspondant(e) m’a aiguillé sur le blog de Jean Gabard, auteur d’un ouvrage que je n’ai pas encore lu mais dont le titre et la présentation m’intéressent : Le féminisme et ses dérives : Du mâle dominant au père contesté, Les Editions de Paris, mai 2006. http://www.jeangabard.com/Accueil.html http://blogdejeangabard.hautetfort.com/
Voici de qu’il écrit dans son blog :
« Mon livre analyse l’évolution d’une pensée « féministe » (« féministe » dans la mesure où elle s’oppose radicalement à l’idéologie de la société patriarcale traditionnelle, autoritaire et machiste). Cette vision du monde « féministe » a permis d’accéder à une démocratie en favorisant la liberté et l’égalité en droits des hommes et des femmes. Cette démocratie n’est pas parfaite et la lutte contre le machisme est encore plus que nécessaire. Cependant, cette vision du monde « féministe » a tendance à devenir, chez des hommes et des femmes, une idéologie qui dérive…
Dans mon ouvrage j’ai essayé de dévoiler ces dérives en cherchant leurs origines et en montrant les conséquences de celles-ci dans notre vie de tous les jours et particulièrement dans l’éducation des enfants. Ainsi mon livre aborde les questions de la famille, de l’école, des cités, la crise de l’autorité, de la citoyenneté, la montée de l’intégrisme, du machisme, de l’extrême droite…
Traiter de tels sujets est encore une tâche délicate, alors que des plaies ne sont pas cicatrisées (et peut-être même encore régulièrement ouvertes). Faut-il, pour autant, parce que le machisme est encore trop présent, ne pas essayer de limiter des dérives « féministes » qui risquent d’alimenter, chez certaines personnes fragilisées, la tentation du retour en arrière ? Est-il inconvenant de croire qu’après la crise de société que nous traversons et que l’on peut assimiler à une crise d’adolescence, les hommes et les femmes puissent aller de l’avant et avoir le projet de cheminer ensemble vers un monde plus adulte ? (…)
Après avoir retracé l’évolution de la paternité, je montre comment, aujourd’hui, les limites sont posées à des enfants et comment on assiste à l’effacement des pères, à un refus de l’autorité, à une perte de repères. Les conséquences pour les enfants dans la famille, et à l’école, sont abordées et le débat peut ensuite s’engager sur la place que peut trouver la fonction du « père » dans une société qui respecte les droits des hommes et des femmes et qui cherche à devenir adulte. »
Il y a là comme un mélange (d)étonnant de choses justes et d’erreurs historiques. La démocratie n’a pas attendu le mouvement féministe ni dans l’antiquité athénienne ni dans les trois derniers siècles en Amérique puis en Europe. Disons plutôt que les femmes de notre temps ont réussi où Lysistrata avait échoué, à se faire une place d’ailleurs encore contestée dans le cadre démocratique. Je n’aime pas la politique menée par Condoleeza Rice mais qu’une femme noire accède au poste de Secrétaire d’Etat (ministre des affaires étrangères) aux USA, même s’il s’agit de la seconde femme (la première étant Madeleine Albright) et de la seconde black (le premier étant Colin Powell), témoigne d’une évolution sociétale qui n’était pas gagnée d’avance. Cela dit, opposer la démocratie « féministe » et « la société patriarcale traditionnelle, autoritaire et machiste », c’est un peu court, jeune homme ! comme aurait dit Cyrano… On a connu dans le passé le plus traditionnel des sociétés non démocratiques où les femmes avaient toute leur place. Par exemple les royaumes celtiques d’Irlande et de Grande Bretagne où c’est tout de même une reine, Boudicca, qui tint tête le plus longtemps à l’invasion romaine. Par exemple la Phénicie dont un dernier sursaut fut le combat contre Rome (encore) de la reine Zénobie de Palmyre. Et n’oublions pas le moyen âge classique. Ni, entre antiquité tardive et moyen âge, l’épopée de la Kahina dans les Aurès contre l’invasion arabe. Le machisme, c’est surtout de la démocratique Rome qu’il nous est parvenu, sans parler de l’islam qui a détruit le statut de la femme en Arabie puis dans toutes les terres soumises par la conquête et qui s’acharne à le détruire en Afrique aujourd’hui.
Mais où je rejoins Jean Gabard, c’est sur la dérive du mouvement féministe et la tendance à « l’effacement des pères, à un refus de l’autorité, à une perte de repères » dans l’éducation des enfants. J’ai été frappée du côté bien gentil, bien propre, presque nunuche de nombre de jeunes gens même lorsqu’ils portent l’uniforme adolescent des banlieues. Quelque chose d’incertain, de flou, chez la plupart. D’autres compensent par la rigidité idéologique ou la violence surtout lorsque un choc culturel s’ajoute à l’effacement du père, de sa valorisation du moins, ce qui permet à tous les manipulateurs (qu’ils soient imams, politiques, mafieux ou le tout à la fois) de prendre la place d’autorité restée vacante. La dérive idéologique féministe que constate Gabard et sur laquelle j’ai moi-même ironisé déjà sur ce blog a pour corollaire la dérive machiste des cités que l’on peut aussi comprendre comme une réaction de défense.
Si l’on survole la diversité des cultures humaines dans le temps et dans l’espace, on s’aperçoit que la sexualisation des fonctions sociales diffère beaucoup de l’une à l’autre, ce qui signifie que rien n’est inscrit dans les gènes ou la biologie, que rien n’est « naturel » sinon le fait indépassable que l’enfant mûrit 9 mois dans le ventre de la femme. On peut sans doute réaliser la fécondation in vitro mais il faut toujours implanter l’embryon dans l’utérus de la mère pour qu’il vive[1]. Tout le reste et je dis bien tout ce qui ne dérive pas directement de la grossesse et de l’allaitement est question de culture, de tradition locale, de règles de vie sociales. Pour certains peuples, la femme ne doit pas labourer car la pénétration du soc de la charrue dans la terre est symboliquement assimilé à la pénétration sexuelle ; pour d’autres, ce sont les femmes qui s’occupent entièrement des champs, du labour à la récolte. Certaines cultures pratiquent la séparation des sexes et cela peut aller jusqu’à parler une langue différente ; d’autres ne voient pas d’obstacle au côtoiement. Il existe des cultures qu’on peut qualifier de matriarcales en particulier chez les Hopis et les Navajos. Il est d’ailleurs notable que le féminisme en Amérique du Nord tende à rejoindre l’organisation sociale matrilinéaire et matrilocale de ces Amérindiens sédentaires et agriculteurs, comme si vivre sur le même sol suscitait un transfert de mémoire profonde.
Dans notre vieille Europe, comme disait l’autre, et même partiellement dans celle qu’il traitait de nouvelle en oubliant l’histoire en deçà du dernier siècle, on a vu l’alternance de périodes d’égalité des sexes et de périodes machistes, comme si l’équilibre ne pouvait s’établir, ce qui révèle à mes yeux un choc culturel, un conflit de mémoires collectives non résolu comme je l’avais esquissé en parlant des robes et des pantalons. En effet, l’univers celtique et, au moins partiellement, l’univers germano-scandinave sont des cultures assez égalitaires quant aux sexes, bien que formées de classes ou de castes[2] hiérarchisées, tandis que la loi romaine si démocratique d’apparence hiérarchise la famille et place le père en position de monarque absolu ou, plus exactement de propriétaire auquel appartiennent femme, enfants, esclaves, bétail et chiens de chasse pratiquement sur le même plan. Et la révolution française, si sourcilleuse en matière de « droits de l’homme », a fini par engendrer le machisme très romain du code Napoléon – sans oublier que c’est alors que la Franc Maçonnerie a fermé les Loges dites d’adoption, c'est-à-dire les Loges féminines. Qu’on aime ou pas les frères trois points, le fait est tout de même significatif[3]. Auparavant, le machisme s’était répandu à la faveur de la grande peste et des guerres de succession française, c'est-à-dire au moment où Philippe V a inventé la loi salique[4] pour écarter du trône sa nièce Jeanne et se saisir lui-même de la couronne, ce que n’ont pas admis les descendants de sa sœur Isabelle.
(à suivre)
Voici de qu’il écrit dans son blog :
« Mon livre analyse l’évolution d’une pensée « féministe » (« féministe » dans la mesure où elle s’oppose radicalement à l’idéologie de la société patriarcale traditionnelle, autoritaire et machiste). Cette vision du monde « féministe » a permis d’accéder à une démocratie en favorisant la liberté et l’égalité en droits des hommes et des femmes. Cette démocratie n’est pas parfaite et la lutte contre le machisme est encore plus que nécessaire. Cependant, cette vision du monde « féministe » a tendance à devenir, chez des hommes et des femmes, une idéologie qui dérive…
Dans mon ouvrage j’ai essayé de dévoiler ces dérives en cherchant leurs origines et en montrant les conséquences de celles-ci dans notre vie de tous les jours et particulièrement dans l’éducation des enfants. Ainsi mon livre aborde les questions de la famille, de l’école, des cités, la crise de l’autorité, de la citoyenneté, la montée de l’intégrisme, du machisme, de l’extrême droite…
Traiter de tels sujets est encore une tâche délicate, alors que des plaies ne sont pas cicatrisées (et peut-être même encore régulièrement ouvertes). Faut-il, pour autant, parce que le machisme est encore trop présent, ne pas essayer de limiter des dérives « féministes » qui risquent d’alimenter, chez certaines personnes fragilisées, la tentation du retour en arrière ? Est-il inconvenant de croire qu’après la crise de société que nous traversons et que l’on peut assimiler à une crise d’adolescence, les hommes et les femmes puissent aller de l’avant et avoir le projet de cheminer ensemble vers un monde plus adulte ? (…)
Après avoir retracé l’évolution de la paternité, je montre comment, aujourd’hui, les limites sont posées à des enfants et comment on assiste à l’effacement des pères, à un refus de l’autorité, à une perte de repères. Les conséquences pour les enfants dans la famille, et à l’école, sont abordées et le débat peut ensuite s’engager sur la place que peut trouver la fonction du « père » dans une société qui respecte les droits des hommes et des femmes et qui cherche à devenir adulte. »
Il y a là comme un mélange (d)étonnant de choses justes et d’erreurs historiques. La démocratie n’a pas attendu le mouvement féministe ni dans l’antiquité athénienne ni dans les trois derniers siècles en Amérique puis en Europe. Disons plutôt que les femmes de notre temps ont réussi où Lysistrata avait échoué, à se faire une place d’ailleurs encore contestée dans le cadre démocratique. Je n’aime pas la politique menée par Condoleeza Rice mais qu’une femme noire accède au poste de Secrétaire d’Etat (ministre des affaires étrangères) aux USA, même s’il s’agit de la seconde femme (la première étant Madeleine Albright) et de la seconde black (le premier étant Colin Powell), témoigne d’une évolution sociétale qui n’était pas gagnée d’avance. Cela dit, opposer la démocratie « féministe » et « la société patriarcale traditionnelle, autoritaire et machiste », c’est un peu court, jeune homme ! comme aurait dit Cyrano… On a connu dans le passé le plus traditionnel des sociétés non démocratiques où les femmes avaient toute leur place. Par exemple les royaumes celtiques d’Irlande et de Grande Bretagne où c’est tout de même une reine, Boudicca, qui tint tête le plus longtemps à l’invasion romaine. Par exemple la Phénicie dont un dernier sursaut fut le combat contre Rome (encore) de la reine Zénobie de Palmyre. Et n’oublions pas le moyen âge classique. Ni, entre antiquité tardive et moyen âge, l’épopée de la Kahina dans les Aurès contre l’invasion arabe. Le machisme, c’est surtout de la démocratique Rome qu’il nous est parvenu, sans parler de l’islam qui a détruit le statut de la femme en Arabie puis dans toutes les terres soumises par la conquête et qui s’acharne à le détruire en Afrique aujourd’hui.
Mais où je rejoins Jean Gabard, c’est sur la dérive du mouvement féministe et la tendance à « l’effacement des pères, à un refus de l’autorité, à une perte de repères » dans l’éducation des enfants. J’ai été frappée du côté bien gentil, bien propre, presque nunuche de nombre de jeunes gens même lorsqu’ils portent l’uniforme adolescent des banlieues. Quelque chose d’incertain, de flou, chez la plupart. D’autres compensent par la rigidité idéologique ou la violence surtout lorsque un choc culturel s’ajoute à l’effacement du père, de sa valorisation du moins, ce qui permet à tous les manipulateurs (qu’ils soient imams, politiques, mafieux ou le tout à la fois) de prendre la place d’autorité restée vacante. La dérive idéologique féministe que constate Gabard et sur laquelle j’ai moi-même ironisé déjà sur ce blog a pour corollaire la dérive machiste des cités que l’on peut aussi comprendre comme une réaction de défense.
Si l’on survole la diversité des cultures humaines dans le temps et dans l’espace, on s’aperçoit que la sexualisation des fonctions sociales diffère beaucoup de l’une à l’autre, ce qui signifie que rien n’est inscrit dans les gènes ou la biologie, que rien n’est « naturel » sinon le fait indépassable que l’enfant mûrit 9 mois dans le ventre de la femme. On peut sans doute réaliser la fécondation in vitro mais il faut toujours implanter l’embryon dans l’utérus de la mère pour qu’il vive[1]. Tout le reste et je dis bien tout ce qui ne dérive pas directement de la grossesse et de l’allaitement est question de culture, de tradition locale, de règles de vie sociales. Pour certains peuples, la femme ne doit pas labourer car la pénétration du soc de la charrue dans la terre est symboliquement assimilé à la pénétration sexuelle ; pour d’autres, ce sont les femmes qui s’occupent entièrement des champs, du labour à la récolte. Certaines cultures pratiquent la séparation des sexes et cela peut aller jusqu’à parler une langue différente ; d’autres ne voient pas d’obstacle au côtoiement. Il existe des cultures qu’on peut qualifier de matriarcales en particulier chez les Hopis et les Navajos. Il est d’ailleurs notable que le féminisme en Amérique du Nord tende à rejoindre l’organisation sociale matrilinéaire et matrilocale de ces Amérindiens sédentaires et agriculteurs, comme si vivre sur le même sol suscitait un transfert de mémoire profonde.
Dans notre vieille Europe, comme disait l’autre, et même partiellement dans celle qu’il traitait de nouvelle en oubliant l’histoire en deçà du dernier siècle, on a vu l’alternance de périodes d’égalité des sexes et de périodes machistes, comme si l’équilibre ne pouvait s’établir, ce qui révèle à mes yeux un choc culturel, un conflit de mémoires collectives non résolu comme je l’avais esquissé en parlant des robes et des pantalons. En effet, l’univers celtique et, au moins partiellement, l’univers germano-scandinave sont des cultures assez égalitaires quant aux sexes, bien que formées de classes ou de castes[2] hiérarchisées, tandis que la loi romaine si démocratique d’apparence hiérarchise la famille et place le père en position de monarque absolu ou, plus exactement de propriétaire auquel appartiennent femme, enfants, esclaves, bétail et chiens de chasse pratiquement sur le même plan. Et la révolution française, si sourcilleuse en matière de « droits de l’homme », a fini par engendrer le machisme très romain du code Napoléon – sans oublier que c’est alors que la Franc Maçonnerie a fermé les Loges dites d’adoption, c'est-à-dire les Loges féminines. Qu’on aime ou pas les frères trois points, le fait est tout de même significatif[3]. Auparavant, le machisme s’était répandu à la faveur de la grande peste et des guerres de succession française, c'est-à-dire au moment où Philippe V a inventé la loi salique[4] pour écarter du trône sa nièce Jeanne et se saisir lui-même de la couronne, ce que n’ont pas admis les descendants de sa sœur Isabelle.
(à suivre)
[1] Je pourrais dériver sur les mères porteuses mais ça m’entraînerait trop loin de mon propos du jour.
[2] Aucun de ces termes ne me satisfait. Classe renvoie à la théorie marxiste et, au minimum, au primat explicatif de l’économie, ce que je ne cesse de contester ; mais caste est trop rigide puisqu’il a toujours existé des ascenseurs sociaux (et leur corollaire pour la descente) ; peut-on parler de caste ouverte ?
[3] J’ai traité de la Maçonnerie dans « De mots, d’outils et d’obédiences » et « De pentes, de parole et de liberté », voir les archives de ce blog. Je n’y reviens pas.
[4] Le fait fut reconnu explicitement par Henri III devant les Etats généraux lors d’une autre guerre de succession adossée à la guerre de religions.
1 comment:
Josick Croyal m'a envoyé en commentaire l'annonce d'un passage de Marie Annick Delaunay sur la radio canadienne http://www.rockik.com/fr/ :
_*Marie-Annick Delaunay* _ */09:15:00/ *
L'immigration par escroquerie sentimentale La préface est rédigée par
André Bercoff, écrivain et journaliste.On peut le trouver dans les
bonnes librairies ou bien le commander sur le site Internet de l´éditeur
Jean Robin (www.tatamis.fr). C'est le premier livre qui décrit le
contexte politique, législatif, juridique, associatif dans lequel
s'inscrivent les manoeuvres dolosives et fraudes sentimentales que
subissent les conjoints français -hommes, femmes- de toutes origines (il
est important de le préciser). Un chapitre entier est consacré au fléau
actuel des paternités "pour les papiers" ainsi qu´aux drames inhumains
que vivent les mères abandonnées par certains pères étrangers en quête
exclusive de la carte de séjour et de la naturalisation française. Le
but du livre est d'informer nos concitoyens d´une réalité de
l'immigration dont les pouvoirs publics et les médias ne parlent
quasiment jamais et qui laissent les victimes dans l´isolement et le
désespoir.
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