Après le très beau texte d'Athos, qu'on me permette quelques lignes.
Depuis quelques
jours, je retiens mon clavier comme on bride un cheval, trop consciente de la
phrase de Cocteau : « Mon sang est devenu de l’encre. Il fallait
empêcher cette dégoûtation à tout prix. » Avec le sang d’un autre, la
métamorphose est encore plus écœurante. Pourtant l’actualité galope, les médias
ont déjà gommé et renvoyé au néant la mort volontaire de Dominique Venner et se
taire trop longtemps serait se faire complice de ce linceul d’oubli vorace qui
tend à ronger d’insignifiance ce qu’il voulait un acte fort et symbolique, une
diane sonnant le réveil de l’Europe en dormition. Nombre de ses amis ont évoqué
la droiture et la lumière à propos de son geste. Mais il ne s’agit pas d’éclat
solaire, c’est la radiance d’une épée nue.
Dans les mythes
celtiques ou germano-scandinaves, l’homme se grandit en allant au devant de son
destin ; il atteint à l’héroïsme s’il l’affronte pour qu’advienne plus
grand que lui. Les Stoïciens disaient : vouloir ce qui arrive, aimer ce
qui vient. Parfois, ce qui vient et qu’il s’agit d’épouser de tout son être
n’est autre que le sacrifice au combat. Je ne connaissais Dominique Venner que
par ses textes, qu’il s’agisse des éditoriaux de la NRH ou de son blog mais, au
travers de ses écrits, transparaissait à mes yeux un type d’homme dont le moins
qu’on puisse dire est que notre époque ne le cultive pas. Ma génération, comme
la sienne, le découvrait encore avec l’idéalisation des Hommes illustres de la république romaine proposés comme modèle de
comportement ; celles qui nous suivent n’auront pas eu cette empreinte. Le
christianisme tel qu’on l’enseignait à sa génération – ce n’était plus le cas à
la mienne – ne pouvait qu’apparaître infantile et niais face à tant de
grandeur. Pourquoi alors avoir choisi Notre-Dame de Paris pour un sacrifice
suprêmement païen ?
Ce qu’il en a
dit laisse une interrogation ouverte. Jean Yves le Gallou, dans Polémia, tente de le comprendre :
« Voilà sans doute pourquoi Dominique Venner a choisi "un lieu
hautement symbolique, la cathédrale Notre-Dame de Paris, que je respecte et
admire, elle qui fut édifiée par le génie de mes aïeux sur des lieux de culte
plus anciens, rappelant des origines immémoriales". Dès le premier siècle,
les Gallo-Romains y honoraient Jupiter, Mars, Vénus et Cernunnos comme on peut
le voir au Musée de Cluny. Depuis 850 ans, Notre-Dame de Paris, théologie de la
lumière et quête de verticalité, est devenue le vaisseau du roman national.
C’est le lieu de l’histoire et même de la très longue histoire de la France et
de l’Europe. » Certes la cathédrale fut édifiée sur l’ancien autel des
nautes de Lutèce mais il me semble qu’il faut creuser plus loin et plus proche
à la fois. L’hommage que lui ont rendu les jeunes de la mouvance identitaire eut
lieu au pied de la statue équestre de Charlemagne, plus en accord avec l’Europe
et la fonction de souveraineté.
Notre-Dame de
Paris ou, plus exactement, son parvis actuellement recouvert d’une structure
provisoire est aussi le point zéro, le centre officiel des distances
géographiques en France. Elle représente donc la sacralisation de l’Omphalos,
le Centre autour duquel chaque cité antique se bâtissait, le croisement du cardo polaire et du décumanus solaire ici matérialisé par la Seine. Tous les lecteurs
de Guénon et d’Evola reconnaîtront la symbolique du Centre, cœur vivant d’une
civilisation, dont Guénon écrivait qu’il est, « avant tout,
l’origine, le point de départ de toutes choses ; c’est le point
principiel, sans forme et sans dimensions, donc indivisible, et, par suite, la
seule image qui puisse être donnée de l’Unité primordiale. De lui, par son
irradiation, toutes choses sont produites[1] ».
Le sacrifice opéré au Centre même ne peut manquer d’agir invisiblement sur le
monde.
Or cet Omphalos
que représente Notre-Dame de Paris condense en lui toutes les composantes de
notre civilisation et tous les germes de sa dissolution : bâtie sur une
île, ce qui en renforce la centralité, la cathédrale l’est aussi dans une ville
qui s’est nommée Lutecia, la boueuse, la marécageuse, le lieu des formes
indifférenciées, du chaos primordial. L’ordre que génère le centre s’impose au
plus désordonné des milieux. Mais Strabon la désigne comme Λoυκoτοκία / Loukotokía et Ptolémée comme Λευκοτεκία / Leukotekía, ce qui signifie Celle qui enfante la
lumière, si ce n’est le loup selon le jeu de mots classique en grec. Le
caractère alchimique de cette lumière enfantée par la dissolution même
n’échappera à personne. Le Centre, ici, se présente comme le « bouton de
retour » qui permet à une forme plus parfaite de renaître de la
dissolution de l’ancienne. C’est exactement le sens du réveil qu’appelait
Dominique Venner et pour lequel il a donné volontairement sa vie.
Retenons aussi
que Notre-Dame a pris la place du pilier des nautes érigé pour l’empereur
Tibère, entassement de quatre autels qui verticalise et axialise ce qui devrait
qualifier les directions de l’espace et des saisons du temps, synthèse des
puissances civilisatrices tant de Rome que des Gaules puisque on y reconnaît
Jupiter, la souveraineté ; Mars, la fonction guerrière ; Vulcain,
l’artisan au service du guerrier ; Castor et Pollux ; et pour la
troisième fonction Mercure accompagné de Vénus et de Fortuna ; enfin Esus
le puissant, Smertrios le guerrier, Tarvos trigaranus et Cernunnos garants de
la fécondité sauvage[2]. C’est
en ce lieu de fécondité féminine par excellence l’affirmation de la force
virile, de la tension complémentaire des sexes seule capable d’engendrer une
cité.
La
christianisation n’a pas détruit la symbolique profonde de ce lieu, elle en a
fait une autre lecture mais il s’agit toujours de rassembler au cœur, de
laisser rayonner du Centre les directions ordonnatrices de la civilisation, de
favoriser l’alchimie humaine. Même Viollet-le-Duc en rajoutant sur la
balustrade des démons de pacotille s’est plié à la vocation essentielle de ce
lieu et ses figures faussement médiévales en ont acquis sens et fonction.
Il fallait le
rappeler dans cet hommage à Dominique Venner car nous ne sommes pas en face
d’un suicide psychologique mais dans le registre de l’impersonnalité active.
2 comments:
Madame, le fait que Dominique Venner ait decidé de se suicider dans une eglise catholique, est symbolique, dans le sens qu'il l'a fait pour pointer du doit le veritable coupable de tout ce qui se passe en France et en Europe: c'est la degradation des valeurs humains, nottament le Mariage entre un Home et une Femme, comme seul et naturel union; tout ce qui est different, est une aberration. Egalement, l'islamisation de la France et de l'europe en general. Oui, l'eglise catholique est coupable pour favoriser, voir promouvoir toute cette degeneration, corruption et aberration de notre societe.
L'autheur Philippe de Villiers a tout a fait raison en indiquant ce qui est contraire a la France. En plein dans le Mille. Seulement voila, Philippe de Villiers, étant Catholique, cela lui empêche d'assener le coup fatal a ce mouvement européen, pro-homosexuel-sodomite, et pro-islamiste. Mais Philippe de Villiers, fidèle au Catholicisme, ne peut pas, malheureusement, signaler du doit, de dénoncer, d'accuser, a son église catholique, comme la "force" qui impulse ce mouvement pro-islamiste, traître et anti-Chrétien.
Car vous devez savoir que le Catholicisme a laissé propager le GRAND MENSONGE: de faire croire au gens, A TORT, que le dieu des musulmans serait le même que YAHWEH, Dieu d'Abraham, D'Isaac et de Jacob. Mensonge! Voila, ce terrible et grand mensonge, qui a trompé le monde entier.
Sachez le bien: allah, le dieu des musulmans, N'EST PAS YAHWEH, le Vrai Dieu Tout Puissant, le Créateur de L'univers, Père de Notre Seigneur Jésus Christ, le Sauveur du Monde.
Alors, qui est ce allah, dieu des musulmans? C'est cet esprit vil et immonde, connu comme Satan, qui se déguise comme Ange de Lumière, qui usurpe le Nom de Dieu, et qui a trompé le Monde Entier. Peut-etre vous etes athee, et ne voyez pas de quoi je parle?
Pour me croire athée, il faut ne pas avoir lu mon blog en entier !
Passons. J'ai hésité à publier ce commentaire, qui n'est vraiment pas dans le ton de ce blog, hésité assez longuement. Finalement, je préfère répondre car pour une Evita qui a le courage de le poster, combien ont une pensée aussi simpliste ?
Rien n'est jamais tout blanc ou tout noir et voir Satan derrière tout ce qui dérange est un peu trop facile. Les Pères nous invitent, surtout en ces temps de carême, à voir son action insidieuse en nous-mêmes, dans nos propres faiblesses et renoncement au combat spirituel qui n'est jamais contre l'autre mais contre nos propres faiblesses. L'apôtre Paul a été très clair, je cite de mémoire : "Ce n'est pas contre la chair et le sang que nous combattons, mais contre les esprits sous-ciel, les puissances et les dominations."
Le catholicisme est ce qu'il est, l'islam est ce qu'il est, pluriel, divisé, fanatisé souvent. Je n'appartiens ni à l'un ni à l'autre mais avant d'y mêler Satan, je préfère regarder où sont les ténèbres dans mon propre cœur. Et, chère Evita, je vous suggère d'éviter désormais sur ce blog les attaques ad hominem comme celle que vous lancez contre Philippe de Villiers. Le prochain message de ce type serait impitoyablement censuré.
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