Saturday, May 25, 2013

Hommage à Dominique Venner

Comme chacun le sait désormais, Dominique Venner s'est donné la mort le 21 mai 2013 devant l'autel principal de la cathédrale Notre Dame de Paris. Voici l'hommage que lui rend Athos :



Pour moi, Dominique Venner a donné sa vie en sacrifice sur l’autel de la patrie, de la grande patrie française et européenne que symbolise Notre-Dame de Paris. Ce suicide sacrificiel a aussitôt été suivi d’un « meurtre dans la cathédrale », d’un meurtre médiatique s’efforçant de réduire l’auteur de cet acte tragique en « essayiste d’extrême-droite ». L’orchestration des médias officiels va faire en sorte que, aux yeux du grand public, cet acte de résistance soit réduit à un fait divers comparable aux suicides en public qui se multiplient, hélas, dans des écoles et sur des lieux de travail.

Le sens véritable de l’acte de Dominique Venner ressort très nettement au fil de la lecture des écrits qu’il a laissé sur son site personnel, depuis le début de l’année 2013, que j’ai relu en guise d’hommage personnel le soir même de sa disparition. Il y est question du printemps français, de ses limites et de ses perspectives, de la façon dont naissent les révolutions, des « glorieuses défaites » qui traversent l’histoire européenne, de l’héritage multi-centenaire de de Machiavel  - qui « préfère sa patrie à son âme » - et du Chevalier  de Dürer qui affronte le Diable et la Mort, ce rebelle chevalier auquel s’identifiait Dominique Venner. On y trouive également une référence à l’engagement héroïque de Jean Bastien-Thiry, une autre à la renonciation de Benoît XVI, « qui est « parti en beauté », une autre à l’archiduc François-Ferdinand, qui incarne la transformation d’un malheur en manifestation héroïque de la beauté pure. 

L’acte héroïque de Dominique Venner a été préparé de longue main et avec le plus grand soin, et il a été parfaitement exécuté, avec une minutie et une lucidité traduisant une volonté inexorable : une seule balle dans le revolver, un déjeuner avec des amis non mis au courant de ce qui allait se passer. On a peine à imaginer l’extrême tension intérieure qui a porté cet homme dont l’acte suprême a, définitivement, changé la vie en destin, un destin hautement assumé.

L’espérance renfermée dans ce sacrifice est de contribuer à réveiller la conscience des Français et des Européens et à centrer leur réflexion sur le péril majeur qu’est le « grand remplacement » des populations opéré en Europe par le mondialisme sous la forme d’une politique d’immigration-invasion suicidaire. Péril majeur qui constitue la menace la plus grave que l’Europe ait connue, sur ce plan, depuis les invasions du Xe siècle, sous la triple pression des Avars, des Arabes et des Vikings.

On peut songer au suicide sacrificiel par le feu de Jan Palakh, dans les jours qui ont suivi l’invasion de la Tchécoslovaquie, le 21 août 1968, par les forces soviétiques du Pacte de Varsovie. Mais alors, le peuple tchèque tout entier était parfaitement conscient de subir une agression brutale et potentiellement mortelle, alors qu’aujourd’hui, en France et dans une grande partie de l’Europe occidentale, les populations sont rendues somnolentes et anesthésiées par le matraquage médiatique quotidien. 

La mort de Dominique Venner est celle d’un Kshatriya, d’un guerrier, qui reflète l’héroïsme tragique de cette caste, tel que l’exprime l’œuvre de Julius Evola. La référence « traditionniste » de Dominique Venner à la mémoire longue des Européens qui trouverait son fondement chez Homère s’allie à une sourde et tenace opposition au christianisme - un christianisme perçu essentiellement dans sa dimension politique, comme le « ver rongeur » des vertus viriles de la romanité antique. C’est un point sur lequel, depuis bien longtemps, je mène un débat intérieur avec la pensée de Dominique Venner, que je respecte et comprends, mais sans la partager. S’il est aujourd’hui un espoir de renaissance européenne, il pourrait peut-être s’inspirer du Légendaire de Tolkien, synthèse des traditions mythologiques de l’Europe du Nord, baignant dans la clarté du message évangélique.

Dominique Venner sentait la nécessité de poser un geste « nouveau et spectaculaire », et il a choisi pour ce faire un lieu hautement symbolique : la cathédrale Notre-Dame de Paris. Un lieu qui représentait sans doute, dans son esprit, le cœur non seulement de l’histoire de France, mais aussi de la civilisation européenne. Ce lieu a été choisi aussi, peut-être, du fait de l’écho qu’il donnerait à son acte à travers toute l’Europe, du fait de la présence de nombreux touristes dans le sanctuaire. S’il a pris le risque de profaner un lieu saint - en répandant son sang devant le maître-autel - ce n’est sans doute pas par provocation envers les chrétiens ; c’est néanmoins un défi lancé à une Église conciliaire qui prône et soutient une politique d’immigration mortellement dangereuse pour le peuple de France et pour la « fille aînée de l’Église ». 

Athos.

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