Saturday, April 22, 2006

Avalon 2

Cendres sel mes lèvres
Continents enfouis sous vos mémoires
Cendres sel
Mort irradiée lentement la pourriture remonte
Ce goût cendres sel
Chemin lové autour des reins vis sans fin
des nuits et des jours
A nom poussière cendres sel
Vomis à plein expir
Précipités vers chaque issue même apparente
Chemin déroule ses orbes s’agraphe à l’épaule
Se tisse manteau de nuit de sel d’amertume
S’incarne algue poussière au milieu de la bouche
Réinvente le circuit de Moebius
Cendres sel
Poussière
Le silence imprime son sceau dans ta paume
Au delà - au zénith - l’inexistence
1971

Devenir l’herbe du béton
Le cri des mouches d’orage
La nuit sur la pinède

Devenir ours ou bélier rugissant
Quelles qu’en soient les conséquences
Avenir de lait
Nombres cachés du zodiaque
La mort s’éparpille au plus profond de l’être
Le vent seul demeure
Jonchant le seuil de toute fontaine

Asklépios ! Nul ne connaît ton chant
Des lueurs empourprent le couchant
Mêlant les ors à la grisaille
Il me tarde ton breuvage d’oubli
Et voyager jusqu’aux étoiles

Nul filet cependant ne se déchire...
1971

Et tant pis s’il pleut sur nos arbres parchemins
Tant pis s’il pleut sur n’importe où sur autrefois
Tant pis
S’il pleut à bouches entrouvertes

Néanmoins je garderai le souvenir d’une eau violette
Acre et douceâtre
Comme un navigateur déraciné par les oublis
Comme une sépulture au milieu des marécages

Tant pis s’il pleut à baille-corneille
Je n’ai rien d’autre à faire
Que contempler le manche des parapluies injurieux
J’ai réfuté jusqu’à mon dernier devenir dépassé

Pourquoi garder ce troupeau de pleureuses ?
Le grand Pan vit encore
Le grand Pan vermeil comme une marche
Comme le respir de la terre

Le grand Pan va renaître !
Il brait dans le fracas des villes
Il m’attend au coin des rues
Et je découvrirai notre commun visage

Pieds nus poing nu
Pour hurler jusqu’au creux de vos gorges
La poignante unité des fleurs et du givre
La création des rossignols

Poig levé ! Certes révolutionnaire !
Crié sur les toits cet envol d’orichalque !
L’instant d’une vérité miraculeuse :
Moi même
En mon corps retrouvée

Négliger parcourir les entrailles
D’un univers qui fuit devant les mains ouvertes
Acclimatez vos ours
Vous que le vent du soir oublie dans ses prières

Il n’est que d’un regard
Il n’est que d’une route
Même au plus fort des soifs

Et j’ai nom transparence
1971

Les arbres nomment la terre à ta ressemblance
tu as l’opacité des puits
et le brouillard te cerne d’un triple anneau d’argent
tu as le visage de la neige, sans limite...

mes mains sont restées vaines
inaptes à déchiffrer les noms qui germent en ton regard
vers l’intérieur
le souffle des lampes attirées en spirale
vers les cryptes du silence

je me suis heurtée à ta transparence
comme on étreint les pierres
je me suis égarée à suivre tes sillages
et seul le vent m’a répondu
démultipliant mes chimères

toi
pourtant le signe au midi du chemin
1972

Ici
Nous voici
Stable le sable de la nuit
Sans issue le déambulatoire de nuit
Les doigts joints les visages étrangers
Vont et viennent les reflux cosmiques
Au coeur de coquillages pétrifiés
De basaltes anciens
Où la pluie ravive les larmes millénaires

Nous avons parcouru enroulé déroulé des chemins
Où aller maintenant empêtrés dans nos existences ?
Rejoignant le passé le futur la hache levée
Sur les possibles les incertains l’avant goût des regrets
L’ange a brandi l’épée de feu
Des cendres calcinées de ces vies invécues naîtra
L’essor des phénix de Lumière

A mains qui pétrissent la glaise
A mains qui creusent le bois dur
A mains qui tissent jour et laine
A mains qui broient le blé
Le seigle l’orge le chiendent
A mains qui ferronent élaguent meulent
Hissent cordent tressent crémaillent
Enfilent frappent fondent brument grainent
A mains qui tendent
A mains qui saignent
A mains jaillies
Nous vivons
Entre deux rencontres de l’ange
Et faut que flamme se reflamme
Et faut que grotte se regrotte
Et faut qu’espoir se réespère
Et ne faut point rêver d’hier
Demain sera l’archer nu
Criblé de ses propres flèches
Comme d’ailes enflammées
Comme d’ailes déchiquetées

Jusqu’à ce que nos corps deviennent harpes de cristal
Que nos âmes s’enracinent dans la lumière
Que tout soit apparent
Que torrent retenu entre les doigts crispés
Soit submergé par l’océan
Et toute réponse inutile

L’étoile guide des marcheurs aux pieds gonflés
L’étoile atteinte s’abolit
Dans le silence fondamental
Et des processions d’hommes sanglants convergent
Vers le seuil invisible inespérable
Le franchissant deviennent flammes
Cristaux de neige coeurs irradiants
Chacun tous en les convergences d’un Graal
D’un filet adimensionnel
Chacun étoile pour tous les autres
Et traversé d’incandescent amour
été 1975

Veilleur ! Quel est ton nom ?
Je suis l’attente
Incrusté au creux de la nuit
Au plus sombre
Je guette au delà des étoiles l’instant unique
Le point imprévu
Le jaillir de lumière

Je suis la pierre taillée par des mains patientes
De génération en génération
A la flèche des cathédrales

Je suis le noeud ultime de l’homme
Le vide préparé où descendra le germe
Le nid pour l’oiseau d’or
Le coeur que rien d’humain ne comble

Je suis la crèche vide
Avant que n’y parvienne la vierge en mal d’enfant
Avant que l’étoile ne me désigne

Je suis l’eau du Jourdain
Qui coule coule simple rivière
Dans le frémissement de l’appel
Et pressent d’être baptismale
1976. Publié in Poètes de France.

Flamboyance d’une touffe de genêt
Horizon pourpre sous la canicule
Lumière embrasée
Terre pulvérisée entre le feu solaire et le feu souterrain
Que la sève distille
La soif est la plus forte, mais est-ce d’une source ou de plus de lumière feu encore ?
Cela monte monte monte
Le zénith n’est plus loin
Fusion élémentaire pressentie - encore en deçà -
Eclater les limites !
Mais les limites sont dans la soif et la tension vers la liberté pressentie
Alors creuser en soi le réceptacle
Laisser irradier de soi miel et lumière
Tu crois donner et recevoir lorsqu’il n’y a qu’un courant d’amour
Un tressaillement de la lumière originelle
Ne pas céder à la soif, ne pas tenter de s’abreuver aux sources déjà taries
Qu’un peu de boue rend fraîches un instant
Le feu le plus pur sera à la fois le tranchant de la soif
Et l’elixir qui désaltère
1976, montée vers le solstice d’été

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