Tuesday, April 18, 2006

Avalon

Quelques poèmes, eux aussi assez anciens

Dans la simplicité d’un monde qui s’éveille
Les blés saignent un regard vertical
Toute fumée s’élève en bouffée de lumière
Chaque main s’enracine
Au seuil d’un rire coutumier
Chantres de l’aube nous vivions à travers nuit
Nous quêtions les clartés premières
Brusquement apparues d’un toit
Nous arrachons les portes les murs les habitudes
Soleil ! oh trop d’attente nous incrustait d’ennui
Tout le passé s’anéantit
Tombent les chaînes sédentaires !
Voici nos mains offertes
Notre marche debout Soleil !
Car tu peux seul atteindre l’horizon
1965




Les arbres nuit retentissent
de ces multiples rumeurs qu’enfonce l’eau vive dans le vent
Et qu’Ophélie s’ensevelisse
dans la blancheur d’un nénuphar
Les arbres murailles égratignées lisières sonores
ont effeuillé jusqu’aux fontaines
ont ébranché jusqu’aux regards ardents des loups
étanchée la soif des paumes
calcinée la pâleur des visages
J’irai vers les arbres vêtue de mes délires
Ecartelée d’oiseaux vagabonds
d’hermines fugitives
J’apprendrai de leur voix à nouer mes absences
Taire la transparence sortilège
Distiller mes chimères à les créer nuages
Au delà ces rives désertées où l’océan respire
Au delà ton apparence
1968
Pour Rico

Que l’ombre descende que l’ombre remonte
à la sérénité des algues
un chemin de feu s’ouvre aux cris modulés
d’une génération
ombre sur les pôles
ombre sur les voiles de l’ombre
murs éclaboussés de sang noir
murs défoncés de pluie de gémissements
murs de vos mains nues
A contre vent à contre mort
Vos mains aux doigts tendus de crin
Vos mains espaces déchirés
Votre voix sous le béton
Pilonnée de béton
Votre voix décapitée en plein vol
Ombre sur l’horizon
Ombre descend
Ombre remonte
Au lointain l’orage s’accumule
1969

Fenêtres feront leur plein d’horizon
Feuillus et touffus, sauvages au pied des murs déserts
Il
marche sur ces espaces, entre deux barques
pied tordu mousses rampantes
Fera le plein d’oiseaux
Il
fera jour nuit dans leurs orbes réciproques
fera pain miel
descendra de ses demeures
Il
aura des cheveux marées-motrices
des mains d’étrangleur fou, des mains visibles à chaque éclair
aura des mains de pauvre hère
Il
aura des fêtes pour destin
des cuivres aux narines
du romarin givrera ses cuisses boisées bosselées de nuages
Il
parviendra de partout de nulle part d’autre chimère
Il
venu nouer nos espoirs en racines
Il
clamé de mille voix ouvertes
défénestré de l’absolu

Trafalgar Square - Picadilly - crispations
Sursaut d’un trolley aux convergences électriques
chemins d’angoisses parallèles
graves - aigus - regard dément d’un drogué déambulant

Les pigeons voyageurs regardent sans mot dire
L’agonie de New York

Mécanique - tumeur des immeubles qu’un peu de bleu écartèle

Eclatement
Couleurs éclaboussent toute voussure
flash poignard au milieu du front
yeux béants front artésien
corps diaphane rongé de lumières intenses
phalanges irradiées
inexistant mort vibrations pures

La nuit veille sur le campements nomades endormis
vent sur le sable l’herbe
Lune montante
1969

Nudité de la pierre aux mains nues du sculpteur
Clé de mille voûtes et nés de trop d’espaces
Où brament les étoiles
Regarde ! N’est-ce pas l’essor magique d’outre part
Et ces rues de béton et ces cours
Toutes au garde à vous pour quel monstre ou quel peuple ?
Ecoute ! L’or a nimbé des inconnus pluvieux
L’or a dissous les fleuves
Enseveli jusqu’aux parfums errants
Cette terre de flamme - et jusqu’à quelle aurore ?
Vêtus de longs silence ils vont ils viennent
Ils se rassemblent...
1969

L’heure non à venir
Espoir irréel des domaines espaces
Voyage
Aux immensités de grès pourpre tentures pétrifiées en torsades
en aiguilles en dômes
Fulgurance de lumière sitôt disparue qu’envahissent nos ruines
Dérive des impalpables colorés mouvance entre le solide et l’inexistant
Ce gisant de granit que veillent les entités violettes
Ces formes escaladant l’inaction du monde
Engloutir Verbe déformé comme une incantation
Rejaillie des étoiles
Flamme de silence
Orbes de feu portiques mouvants au seuil d’un au-delà que seul
modifier sa vitesse rend accessible
Mais qu’est-ce que la conscience ? En ses miroirs d’huiles cellulaires
Kaléidoscope imperceptible
Entre la nuit et le devenir des formes libres
Présent
A jamais introuvable à nos mains altérées
A jamais nécessaire
A jamais insondable en son infinité d’espaces renouvelables
Et déjà écoulé comme une vision sans mémoire

Ecoutez l’illusoire
Des orbes écroulées sur les champs magnétiques
Des cercles en divergence
Des respirations d’atomes
Des sentiers de métaux dérivés des étoiles
Des arcanes absence de la lampe aux mains de l’hermite
Alors que plane le labyrinthe
Des présences sans nom ni regard simplement des lignes de scouleurs
un univers
Et pourtant l’être
Raviné chancelant dépouillé de ses noms
L’Etre au primitif chatoiement
Des cierges allumés sur un souffle d’hier
Un gant de femme oublié sur les roses d’hiver
Une voûte étoilée peinte par Angelico
Des harpèges de harpe au coeur des anges
un séraphin descend sur les eaux toutes ailes bruissantes illuminé
Orange sur le vert bleu profond
Un miroitement d’or : il est trois lunes au lever des joncs
L’éléphant s’habille d’arc en ciel
Shiva éclate d’émeraudes voilées
Pollen des temples
Est-ce assez d’intuitions pour créer un miracle ?
1970

AUX ALENTOURS DE DEUX CHEMINS D’EMAIL

J’ai recherché le nom de chaque étoile
et le vent se lève aux naissances des barques
A chaque fontaine j’ai demandé la route
Qui menait à mes existences
Les astres aspirent tout jaillissement
Mais de l’être-geyser ne connais que l’abîme
Avant lorsque jaillir sera prolongement d’étoile
M’asseois à chaque margelle
Où puiser la froidure au coeur de la pierre
L’étoile scintillait
En ses orbes d’eau noire
Mais quel seau puise le reflet ?
De chaque route je sais la poussière
La gorge sèche
Jusqu’à la halte qu’apprend le corps moulu
De chaque chemin j’ai foulé le devenir
L’horizon s’effaçait au rythme de mon pas
J’ai vécu les temples
Les prosternations du vent
Respiré chaque encens
Jamais le dieu n’a dévoilé son visage
Son ultime réalité

La joie s’est figée sur ses rails
La tristesse s’est dispersée
En dix mille parcelles qu’éparpille le vent
La terre se referme
Les ours hibernent
C’est le temps de l’indifférence calme
L’autre part sans être
Où l’on oublie soi-explosant dans un recul stratégique
Avec le regard vide et plat des grenouilles
Le temps sans absence ni présence
Où mille clameurs internes s’annulent
Et ressemblent au silence artificiel

Aimer croire aimer
Voir vivre sans voir ni vivre
Marcher errant croire au chemin
Peser et mesurer l’inexistant
Répéter le nom de Dieu en cadence
Décrire l’inaccessible
Puis crier je suis la vérité
Sans cesser de chercher la lumière

Pourtant l’oiseau crie que le chemin existe
Pourtant j’ai pleuré de l’extase des pierres
Exulté des matins argentés
Clamé mon nom jusqu’aux étoiles
Mes pieds se sont usés à la splendeur des routes
Pourtant j’avais suivi l’alouette en son essor
J’avais esquissé des espaces
Inventé des langages...............................................................
...........................................................................................................
.......................................”Oh reviens, mon Dieu inconnu,
ma douleur, mon dernier bonheur !”
1970

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