Au coeur du cristal la lumière est rose secrète
Offerte intangible
Douceur force ouvrant les portes du coeur
Pénétrant le cristal la lumière est semence solaire
Jaillie fontaine de vie
Or et transparence
Si vive et si lumière que les mots ne l’atteignent
Pressentie - pourtant plus lointaine que les étoiles
A portée de conscience - pourtant plus intouchable que l’horizon
Envol du matin et le plus haut zénith
Immobile sans stase
Vibrante sans onde
Indicible
Il faut l’atteindre et s’y baigner
La recevoir en ses veines comme un nouveau sang d’or
Vitalisant toute chose et toi même
1977
Torsader le soleil, paumes moites et le cri aux paupières
Chanter le vent d’ailleurs
Corps hérissé de flèches cristallines
Corps xylophone et la pluie ruisselle
Et la pluie goutte à goutte musique
Torsader le soleil noir du ventre ou son absence
Je ne suis que mains nues de l’hiver de l’oubli
Charade effilochée poussière qui s’incruste
Ce lent recommencement des fleuves, jusqu’à la mer
Jusqu’aux sables
Etale du laisser vivre...
A douleur vaine torsader le soleil
Branches branches dressées, tendues à craquer les limites
Vous restez mesurables...
Mais l’effort de la sève, impuissant à croître au delà de la forme
Jaillit efflorescence
Jaillit encore feuillage
Se déploie - libère l’odorante verdeur
Sommes nous sève assez pour éclater notre nuit en
Spirales ou zébrures de lumière
Sommes nous à craquer - ou lassitude insensée ?
Fleur orgasme de l’arbre
Flèche orgasme de l’arc
Rouge noir tourbillon du sexe impalpable arrachement
Juste le goût de l’inaccessible et courir la chimère
Torsader le soleil à la flamme hisser la flamme vers le soleil
Geyser l’embrasement les yeux fermés sur le blanc pur
Geyser l’immatériel sous l’épée rougie brûlure ouverte et torrentielle
Le sexe de la tête béant de joie lumière
Soleil d’Apis orgasme du corps retourné
Floraison du corps redressé
Mais ne suis que ventre et terre matricielle malaxée du soleil extérieur
Ne suis que femme forestière l’humus aux bottes
Et cet humide qui coule comme source sous la mousse
Cette ombre élastique au pied du marcheur
Ne suis que sentiers qui se perdent aux taillis
Doigts écorchés de ronces et de houx
Troncs semblables aux troncs, que rien n’oriente ni ne centre, et tout se vaut,
Tout croît, meurt et recroît...
Brûlis... Terre noire cendre noire
Lavée d’orage
Et déjà regerment les pousses vertes des futurs
Ah je voudrais l’extrême du feu
Que vitrifient les cendres lumière inaltérable
Au delà de l’émail même, cuit et recuit, la transparence
L’autre germination, le diamant-soleil qui palpite
Coeur vivant d’un sang parcouru d’étincelles
Coeur d’Osiris, équidistant de tous les mondes
Géométrie de l’impossible...
Il n’est lors que souvenance...
Tandis que harpent les sources, les feuilles, le vent
Le rire à fleur d’âme des jours
Les amours oiselés
L’ivresse légère doigts noués violettes en couronne arpèges de luth étoffes brillantes
Et marcher à pas lents, amoureux et fillettes
Tout gonflés de leurs premiers lascifs
Monte du puits le souffle opaque du mystère
Fraîcheur obscure
Au puits femelle la main s’égare
Il serait douceur il serait miel d’oublier, dans les dégels, la pourriture
Strates d’humus niées ne printemps en printemps
Se faire clavecin, à l’unisson
Vieillir de recommencements en recommencements
Aux profondeurs le cri se love
Soleil rouge, désir, je te veux soleil d’or
Braise attisée du vert noir des parois je te veux épée, laser
Cette blancheur qui surgit droite et monte, calcine, volatilise
Venin transmuté, vivifiante brûlure
Châteaux surréels, granit et cristal
Sous le miroir du lac, sous l’argent vif des midis
L’enchanteresse, la Dame blanche
La Dame verte
L’oubliée
Dressé vertical éruptif translucide sur le lac du ciel
Sur l’or natif du soleil matinal
Le gardien le Roi Pêcheur
Le roi méhaigné
Que visite, en la salle haute, la Dame blanche, la Dame verte
Vestale du saint Graal
La métamorphosée...
1979
Je suis la mémoire qui ruisselle
Comme une eau vive au flanc des grottes
Je suis la terre où les secrets s’enfouissent
L’instant qui les remet au jour
La touffe d’herbe cachant le signe
Au flanc de la montagne comme une déchirure
Où les racines retiennent la terre en plaie ouverte
Le soleil du soir glisse un rayon d’or
S’explose en gerbe écartelée
Etincelles presque invisibles
Abeilles immatérielles miellée souterraine
Revitalisant l’argile et la source
Chercher le coeur vide en attente sereine
Le regard fixé sur une lueur verte
Une pierre émerge à peine de la mousse
Simplement boire à la source
Repartir
Conforté d’une indéchiffrable certitude
1979
Bâtir une enceinte de pierres appareillées
Haute et solide que rien n’abatte
Elle aura la transparence de l’eau claire
La lumière la pénètre Eblouissante elle s’en irradie
C’est une gemme où les couleurs se mêlent
C’est une cendre lavée par la rivière
Où vont puiser, processionelles, les jeunes filles
Les flamants s’envolent à longs battements d’ailes
L’eau coule en aval déjà, dans son unité
Deltas ! La terre et l’eau mêlées, originelles, stagnantes
Evanescence des reflets
Couleurs
La terre et l’eau pénétrées de soleil, feu-lumière
Esprit-Verbe
Pétries arrachées au chaos par leurs limites indistinctes
Dissolvant la fierté compacte des pierres d’amont
Lagunaires
Au delà l’eau libre
Vaste vaste duelle avec le ciel
L’essor s’y déploie rebond écume et rire
Danse magique des dauphins
Tout autour de l’Ile
Opaque et transparente l’Ile
Jaillissement de cristal unique
Lave de lumière piégée par la forme
1979
Cordoue
L’Etoile, blanche fulgurance sur le vortex de nuit
Cordoue
L’oiseau de soleil éclabousse l’éther de toutes ses ailes translucides
L’oiseau de métal poli résonne comme un gong à la flamme des torches
Cordoue
L’homme ordinaire, le démiurge inconscient, la convergence des sérénités. L’Ange enfant rit avec les perles brillantes des dieux. L’autre enfant rit avec la soie grise et si douce.
Cordoue
Les fleuves de blancheur torrentielle s’engouffrent en spire dans la fontaine du démiurge. Il ne sent pas les aigrettes digitales qui touchent le coeur des êtres porches. Il ne sent pas s’ouvrir une à une les vannes des galaxies au delà des galaxies.
Les rubans d’énergie crépitante s’entrétoilent. Les bris de verre tranchent la chair compacte du Monde.
Se rejoignent les êtres des lointains. Plongent mains tendues devant leur chevelure, pieds tendus vers les étirements illimités. A vitesse striée convergent. La troisième arête est invisible, de la Pierre de Lumière, mais la tache laiteuse au centre s’agrandit.
Cordoue, je te salue, grand être blanc, cristal !
Cordoue, le sexe de la femme est béant. Le sexe rouge la pénètre.
Cordoue parole et langage
Cordoue épée
Cordoue déployée
Cordoue : la brisure soudée.
La barque sillonne les sphères lumineuses des tempêtes. Cordoue, l’Albatros bat des ailes. La lumière émane de l’Oiseau des neiges.
Cordoue porche béant
Cordoue porche disloqué sous l’impact
Als cap de 700 ans verdera lo laurel
1979. A l’occasion du Colloque de Cordoue.
Le silence se love et délove à mon front
Le silence galope au travers des résonances
Je te chemine
Des épis de lumière lèvent à mon passage
Lèvent jaillissent s’évanouissent
Happés par l’horizon
Je te prolonge
Cristal dressé translucide
Arcbouté contre les vagues subtiles des tempêtes
Je te balbutie
J’apprends tes noms à lèvres trébuchantes
A murmures inaudibles
J’apprends à te nommer comme rivière te sussure
Comme flamme te crépite
Comme nuage t’effiloche ou te navigue, voiles tendues,
Vers les îles de la Terre Verte
Marc’h ! Marc’h d’Avalon ! Licorne mâle
Blancheur parmi les halliers
Eclat de blancheur entraperçu sous les feuillages
Galop légendaire empreintes de sabots sur le sable mouillé
Signe entre les marées
Essentiel et furtif
J’écarterai la trame des jours et leurs mouvances
J’écarterai les chatoyances les moires les diapres
Je suis femme forêt je suis les branches sur tes flancs
Feuilles froissées par ta course
Je suis la verte cathédrale qu’un rai de lumière fait Graal
Je suis femme sorcière scintillement des coquillages
Ressac étalé sous tes errances matinales
L’eau qui pénètre et meut tes sables
Je suis l’enfant qui déchiffre tes langages
Je suis l’étoile - Cassiopée des métamorphoses
Je suis l’idiote sourde et muette portant la fleur d’éternité
Marc’h ! Marc’h d’Avalon ! Ma harpe d’argent se mêle à la bourrasque
Du vent des notes égrenées lequel l’emportera ?
La pluie sur ton jardin mon chant tambouriné
Et cet espace sans contour, ce plein ciel
A l’infini de notre libre
Fusionnés et par la fusion même l’un et l’autre recréés
Ensemble main dans main corps en corps âmes en gerbe
A la table du saint Graal.
1980 (pour Marc Beigbeder qui n'était, disait-il, qu'un chrétien de plume - de peur de devenir un chrétien de plomb)
Le bonheur, rond et lisse comme un oeuf,
Lisse et lourd comme la pierre...
Tisser les jours aux jours,
Le vent de mer au vent des blés,
Le ciel de l’aube au ciel du soir.
Bruissent les éteules, écrasées sous le pas.
Le bonheur, mince fil d’azur à la tombée des larmes.
13 août 1982
Lève toi, vent, maître des plaines,
Pénètre les forêts, harpes bruissantes,
Lève-toi, souffle, déferle sur nos sables,
Les feuilles mortes, écume des rafales,
Dansent dans l’éclat du soleil.
1982
Le soleil coule comme un fleuve
Au coeur des sables
Deltas de lumière
Deltas des déserts
Les buissons d’épine se tordent noirs
Sur un ciel plombé
Flammes de nuit vigoureuse
Aborder le pays où s’épuisent les larmes
Rivages calcinés, hérissés d’épaves,
Minéralisés
Marcher pieds nus sur les galets tranchants des marées basses
Sur la planète morte
Des doigts de géants étranglent les collines
En terre de nuit je suis entrée
Par la poterne basse
Par le rythme du sang qui cogne
Par les regards sans paupière
Par la brûlure
En terre de nuit pourrissent les cadavres
En terre de nuit s’assemblent
Les enfants mort-nés
L’entrelac d’épines bleues dissimule
La traîtrise des marécages
En terre de nuit le roc se vitrifie
Sous la poussée des laves
Les chemins s’allongent rectilignes
Pavés d’obsidienne brûlante
En terre de nuit l’absolue solitude
Et la soif.
1983
Lorsque les stridences de la folie exacerbent leurs vrilles et leurs spires
Lorsque s’entrechoquent les espars sur une nef désemparée, lorsque la peur se déverse sur les villes à vannes ouvertes, à sourds bouillonnements
Et qu’on ne peut plus croiser de regards qu’hébétés, méfiants, hostiles...
Un monde est en train de crever.
Le flux ininterrompu des phares, dragon du crépuscule, love et délove sur l’autoroute ses écailles d’or et d’écarlate.
L’autruche se croyait invisible d’avoir enfoui son propre regard. Mais ses plumes voltigeaient au vent d’est et la flèche vibra.
Lorsque les rivages de l’océan se stérilisent, lorsque la terre épuisée de nourriture inassimilable ne mûrit plus que des épis grêles,
Lorsque le vêtement de la planète se froisse, se troue, se déchire, que pénètrent les ondes de mort,
Lorsque les enfants ont pour ballon des bombes, pour fronde des lance rockets et des cités pour cibles,
... alors la Terre Mère risque de crever avec sa progéniture.
Il y avait pourtant des aubes d’or liquide, des forêts frémissantes, des pierres chaudes de tous les ocres,
La brune régularité des sillons sur la terre,
Des rebroussis de vent grisaillaient les fenaisons,
Tout ce charnel à force vous engendrait du coeur...
Le chemin d’ocre épouse les sinuosités des falaises. Il y a des épaisseurs de transparence, des limites qui jouent l’infinitude, des bleus étales : les nuances s’y enchevêtrent, pour faire oublier l’étroit des fenêtres.
On nous a dit : la vie. Volutes de poussière aux pieds du marcheur. Les herbes sèches crépitent. Il y a la chaleur et ses soifs. Cuire la terre la rend à la pierre mais la courbe sensualise. Tuile ou femme ? Caresse imaginaire, sous le regard les toits deviennent chair, matrices les demeures. Aux doigts, le seul rêche de la permanence.
La tragédie se vêt de noir. Visage de femme entre thym et murettes. Aridité des lignes. Ici naquirent les mythes. On n’y supporte guère que le vent ou les flûtes...
Sensuel du désert. Aphrodite, des caillasses, surgit béante et scellée, où rien ne distrait du sang qui bat au ventre. Tendresses rauques, impitoyables : survivre.
1983
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